La pâle figure de Jésus dans le Coran – Partie 2
par Pierre Mellifont
lundi 31 mars 2025
Plan de la 2ème partie :
2. Les 5 paroles de Jésus rapportées par le Coran
2.1 Parodie de l’apostolat
2.2 Parodie de la Cène
2.3 Incompréhension du rôle marial
2.4 Une parole d’une inutile solennité
2.5 Parodie de la Bonne Nouvelle
2. Les 5 paroles de Jésus rapportées par le Coran
Ce qui frappe, à la recherche de Jésus dans le Coran, c’est la pauvreté du message messianique qu’il en rapporte. Quel étrange prophète que celui qui n’a aucun message décisif à communiquer aux croyants. Car en effet, les paroles de Jésus dans le Coran sont particulièrement vides, elles ne posent aucun point de doctrine, elles n’enseignent rien.
Les paroles de Jésus trouvées dans le Coran sont les suivantes :
2.1 – Parodie de l’apostolat
Jésus dit, après avoir constaté leur incrédulité : « Qui sont mes auxiliaires dans la voie d'Allah ? » Les apôtres dirent : « Nous sommes les auxiliaires d'Allah ; nous croyons en Allah ; sois témoin de notre soumission ». (Coran, 3.52)
Ce verset est repris sous une forme légèrement différente dans la suite du Coran :
Ô vous les croyants ! Soyez les auxiliaires d'Allah, comme au temps où Jésus, fils de Marie, dit aux apôtres : « Qui seront mes auxiliaires dans la voie d'Allah ? » Les Apôtres dirent : « Nous sommes les auxiliaires d'Allah ! » (Coran, 61.14)
Dans ces 2 versets (3.52 et 61.14), Jésus se contente de demander des « auxiliaires ». Nous n’y apprenons rien de sa doctrine ni de son rapport à Dieu.
2.2 – Parodie de la Cène
Mahomet fait ici dire à Jésus :
« Ô Allah, notre Seigneur ! Du ciel, fais descendre sur nous une Table servie ! Ce sera pour nous une fête, - pour le premier et pour le dernier d'entre nous - et un Signe venu de toi. Pourvois-nous des choses nécessaires à la vie ; tu es le meilleur des dispensateurs de tous les biens » (Coran, 5.114)
Cette parole, outre qu’elle n’a aucun rapport avec les Evangiles, ne nous apprend rien sur Jésus. On peut craindre, au contraire, que cette « table servie » ne soit qu’une tentative parodique de former un écran poétique visant à masquer la Cène, ce dernier repas pris par Jésus avec ses Apôtres au soir du Jeudi Saint, et qui constitue le fondement du sacrement de l’Eucharistie et la pierre angulaire du christianisme.
L’imaginaire musulman parvient à ignorer la Cène en remplaçant ce repas décisif et fondateur par un autre repas, imaginaire, qui serait descendu miraculeusement du ciel. En effet, puisque l’islam veut ignorer la Passion du Christ en prétendant qu’elle n’a pas eu lieu, il est alors important d’éluder les circonstances de cette Passion, dont la Cène est très solennellement le point de départ : la « Table servie » joue ce rôle de double ambigu servant à travestir la Cène.
2.3 - Incompréhension du rôle marial
Allah dit : « Ô Jésus, fils de Marie ! Est-ce toi qui as dit aux hommes : ' Prenez, moi et ma mère, pour deux divinités, en-dessous d'Allah ? ' » Jésus dit : « Gloire à toi ! Il ne m'appartient pas de déclarer ce que je n'ai pas le droit de dire. Tu l'aurais su, si je l'avais dit. Tu sais ce qui est en moi, et je ne sais ce qui est en toi. Toi, en vérité, tu connais parfaitement les mystères incommunicables. (Coran, 5.116)
D’une part, aucun dogme chrétien n’a jamais considéré la Vierge Marie comme une divinité. D’autre part, cette parole de Jésus ne nous apprend rien, puisqu’il ne fait qu’affirmer qu’il n’a rien d’autre à dire que ce qui lui est permis. Ajoutons enfin que, comme les autres prétendues paroles de Jésus rapportées par le Coran, ce propos ne figure dans aucun évangile.
2.4 – Une parole d’une inutile solennité
Lorsque Jésus est venu avec des preuves manifestes, il dit : « Je suis venu à vous avec la Sagesse pour vous exposer une partie des questions sur lesquelles vous n'êtes pas d'accord. Craignez Allah et obéissez-moi. (Coran, 43.63)
Dire « j’ai la sagesse pour vous exposer [des choses] » ne nous apprend rien, sinon qu’il est capable de nous apprendre quelque chose. Encore une citation vide et qui, encore une fois, ne figure dans aucun évangile.
2.5 – Parodie de la Bonne Nouvelle
Jésus, fils de Marie, dit : « Ô fils d'Israël ! Je suis, en vérité, le Prophète d'Allah envoyé vers vous pour confirmer ce qui, de la Tora, existait avant moi ; pour vous annoncer la bonne nouvelle d'un Prophète qui viendra après moi et dont le nom sera : Ahmad » (Coran, 61.6)
Les 4 évangiles sont d’accord pour dire que la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus est la venue du Royaume de Dieu. De fait, Jésus s’efforce, à de nombreuses reprises, de faire pressentir à ses disciples ce que sera ce royaume et comment il viendra : Toute la portée des Evangiles est précisément de mettre en marche l’humanité pour préparer la venue de ce royaume.
Et voilà que, dans le Coran, la Bonne Nouvelle ne consiste plus qu’à prédire la venue d’un prophète à la suite du Messie : une raison de plus pour Mahomet de déclarer falsifiées les Ecritures, car il va de soi que cette thèse est blasphématoire. Donc, pour se sortir de l’état blasphématoire où il s’est mis, il lui suffit d’ajouter un autre blasphème en disant que ce sont les Ecritures qui mentent : Ainsi, il n’y a, dans les évangiles vus par Mahomet, pas de Passion, pas d’annonce du Royaume de Dieu, juste un grand silence prophétique, finalement, qui va devoir durer six siècles avant la venue d’un soi-disant prophète, qu’au demeurant aucun des prophètes précédents n’avait annoncé.
Ainsi, dans cette vision toute particulière de la « Bonne Nouvelle », Jésus n’apparaît que comme un courant d’air : il « confirme ce qui le précède » et annonce qu’un Prophète va lui succéder. Jésus se trouve ici réduit à un rôle de coursier, en quelque sorte, servant à faire patienter les hommes pendant six cents ans de plus, alors que Daniel avait annoncé très précisément le Messie au temps de Jésus. Ajoutons qu’aucun Evangile, même apocryphe, ne mentionne la venue d’ « un Prophète (…) dont le nom sera Ahmad » .
Et c’est tout ce qui concerne les propos directement attribués à Jésus dans le Coran !
Pour conclure sur ce point des paroles attribuées au Christ dans le Coran, nous remarquons tout d’abord qu’aucune de ces 5 « paroles de Jésus » ne figure dans aucun Evangile, pas même parmi les apocryphes. Nous ne voyons ici qu’un Jésus évanescent, sans la moindre trace de la doctrine du Christ, et nous ne retrouvons dans le Coran aucun des éléments de la foi évangélique : Toutes les citations attribuées à Jésus sont creuses, vides de toute information utile sur la doctrine du Messie. Dire « J’ai la Sagesse » ne transmet aucun élément de sagesse à celui qui l’entend. Oser affirmer que la « bonne nouvelle » consiste à annoncer la venue de Mahomet est véritablement une farce sans rapport avec ce qu’est réellement l’Evangile.
(Fin de la 2e partie)