Les As et le Brelan
par politzer
samedi 19 avril 2025
Rebattre les cartes
Le gras : un poison addictif qui divise
Le gras, c’est l’attrait d’une peau de cochon frite, le chicharon philippin, dont l’odeur envahit chaque arrêt de bus. Aux Philippines, des vendeurs s’engouffrent dans des cars bondés, traînant des sacs gigantesques – jusqu’à 200 litres – débordant de ces fritures grasses, qu’ils distribuent aux voyageurs épuisés. C’est aussi la viande de cochon, bon marché et omniprésente, débitée en tranches épaisses de 5 centimètres, saturées de graisse que les gens grillent chez eux, un aliment malsain gorgé de toxines. En France, l’obésité frappe 30 % de la population, et jusqu’à 40 % dans les banlieues, où kebabs et fast-foods dominent (Le Monde, 2024). Ce marché pèse 15 milliards d’euros par an, alimenté par des géants comme McDonald’s et des snacks locaux (Les Echos, 2023). À Madagascar, les fritures bon marché envahissent les marchés urbains, engraissant 10 % des citadins, tandis que 40 % des ruraux luttent contre la faim (FAO, 2023).
Ce gras n’a rien à voir avec les repas ouvriers d’antan, simples et fortifiants. Il est un endormisseur addictif, accessible et savoureux, qui remplit les estomacs sans nourrir la révolte. Les travailleurs, dont les salaires stagnent – le secteur du bâtiment a perdu 5 % de pouvoir d’achat depuis 2000 (Revue Économique) – se rabattent sur ces aliments toxiques pour survivre. Mais les effets collatéraux sont cruels : des corps alourdis, un diabète en hausse de 20 % depuis 2000 (INSERM, 2023), et une classe ouvrière fragmentée, éloignée des syndicats et des combats collectifs. Les grèves ont chuté de 30 % en France depuis 2000 (Dares, 2023). Les as – les élites du patronat – n’ont pas besoin de conspirer ; ce brelan, où le gras toxique abonde, travaille pour eux, divisant ceux qui pourraient s’unir et freinant l’élan des luttes.
Les sucreries : une douceur qui enchaîne
Les sucreries promettent un répit illusoire, une gorgée de soda sous les néons d’une épicerie, une barre chocolatée glissée dans une poche pour apaiser la fatigue. En France, chaque personne consomme en moyenne 5 litres de boissons sucrées par mois (Le Figaro, 2023), alimentant une obésité qui touche 20 % des jeunes dans les quartiers populaires (Le Parisien, 2023). À Madagascar, les sodas envahissent les villes – 2 litres par personne par mois – alors que 80 % des habitants survivent avec moins de 2 dollars par jour (Banque mondiale, 2023). Aux Philippines, les boissons sucrées, à raison de 3 litres par mois, accompagnent une obésité urbaine qui frappe 20 % des citadins (FAO, 2023). Les multinationales comme Coca-Cola et Nestlé engrangent des milliards – 10 milliards d’euros en France – tandis que le diabète et les maladies liées au sucre se répandent comme une épidémie.
Le sucre n’est pas un simple plaisir ; c’est un endormisseur qui enchaîne les consciences dans un monde où les salaires suffisent à peine. Les ouvriers, asphyxiés par des budgets serrés, cèdent à ces douceurs accessibles, cherchant un instant de répit face à la précarité. Mais les effets collatéraux sont dévastateurs : des corps fragilisés, des esprits embrouillés, et une unité ouvrière brisée, remplacée par une dépendance individuelle. Les luttes sociales s’essoufflent, tandis que les profits industriels s’envolent. Les as n’ont pas à fomenter un grand plan ; le marché impose ses règles, et les sucreries détournent les énergies qui pourraient bousculer l’ordre établi, aliénant ceux qui pourraient s’organiser pour le renverser.
Les religions : des opiums aux dynamiques opposées
La religion catholique, autrefois un outil puissant pour apaiser les foules, s’est affaiblie. En France, seuls 5 % des habitants fréquentent régulièrement les églises, qui se vident à 80 % (IFOP, 2023 ; La Croix, 2024). Aux Philippines, le catholicisme reste une force vive : 80 % de la population est pratiquante, et 50 % assiste à la messe chaque semaine (Pew, 2023). Pourtant, cette ferveur ne protège ni de la corruption, qui détourne 30 % du PIB (Transparency, 2023), ni des catastrophes comme les typhons, qui fauchent des vies chaque année. À Madagascar, 50 % des habitants sont chrétiens, dont 20 % catholiques, et les églises s’élèvent dans 30 % des villages (Pew, 2023). Mais la famine, qui touche un million de personnes, demeure une réalité implacable (ONU, 2023). Le catholicisme, jadis qualifié d’opium du peuple, n’a plus la vigueur d’endormir les masses ; il console, sans galvaniser.
L’islam, en revanche, est une force sociale et culturelle bien plus dynamique, qui dépasse largement l’islamisme, ce courant politique radical souvent surestimé. En France, 6 millions de musulmans vivent leur foi, dont 30 % pratiquent régulièrement (Pew, 2023). L’islam structure les identités, les relations, et les espaces publics, bien au-delà des 1 % de radicaux signalés (20 000 personnes, UCLAT, 2024) ou des 5 % de mosquées jugées suspectes (Intérieur, 2023). Par son caractère prosélyte, il perturbe parfois les dynamiques sociales : dans certaines usines, des tapis de prière interrompent le travail ; dans des bureaux ou des écoles, des pauses pour la prière bousculent les cadres laïques. Ces pratiques, visibles chez environ 10 % des habitants des banlieues (voile, alimentation halal), contrastent avec le catholicisme, aujourd’hui discret. Habib Bourguiba, président tunisien, avait imposé une discipline claire : le travail avant la prière, une approche qui canalisait la foi sans entraver la vie collective. En France, l’absence d’un tel équilibre laisse place à des tensions, alimentées par des revendications communautaires qui divisent plus qu’elles n’unissent.
L’islamisme, lui, reste marginal : il ne concerne qu’une infime minorité et n’a pas l’ampleur qu’on lui prête. Aux Philippines, l’islam touche 6,4 % de la population, avec 5 % de radicaux concentrés à Mindanao (Pew, 2023), mais il est éclipsé par le catholicisme. À Madagascar, les 7 % de musulmans vivent en retrait, sans influence notable (Pew, 2023). L’islam, par son dynamisme, pèse lourd comme force sociale, mais il n’est pas un opium au sens d’un sédatif universel. Ses effets collatéraux – division, repli communautaire – fragilisent l’unité ouvrière, sans pour autant endormir comme un opium classique.
Un schéma mondial : apaiser pour mieux dominer
Dans les contextes de crise – chômage à 8 % en France (INSEE, 2023), pauvreté extrême touchant 80 % à Madagascar (Banque mondiale, 2023), précarité affectant 20 % aux Philippines – les sédatifs prospèrent. En France, la malbouffe génère 15 milliards d’euros (Les Echos, 2023), tandis que le catholicisme s’efface (5 % pratiquants) et que l’islam, bien plus vaste que l’islamisme, structure 6 % de la population. À Madagascar, les sodas, fritures, et églises chrétiennes dominent, pendant que Total capte 10 % du PIB (2023). Aux Philippines, fast-food, messes catholiques, et une poignée de pratiques musulmanes cohabitent, avec Shell qui s’enrichit (5 % du PIB). Les luttes sociales s’étiolent : les grèves ont chuté de 30 % en France (Dares, 2023), et les syndicats ne représentent que 5 % des travailleurs à Madagascar et aux Philippines (ILO, 2023).
Les élites n’ont pas besoin d’un complot pour tirer profit de ce désordre. En France, 600 000 sans-papiers (INED, 2024) et 80 % des activités illicites non résolues (Le Monde, 2024) permettent à une frange marginale – 10 % des banlieues impliquée dans des trafics (EL PAÍS, 2024) – de semer la division. Les ouvriers, à 1 500 euros par mois, peinent, tandis que d’autres s’enrichissent dans l’ombre. Le gras et le sucre alourdissent les corps, les religions – par résignation ou affirmation – détournent les regards des ateliers. Ce schéma profite aux puissants : une classe ouvrière divisée, affaiblie par les sédatifs, ne menace pas leur pouvoir.
Reprendre la main !
Les sédatifs – gras toxique, sucreries, religions – ne sont pas une fatalité. Ils prospèrent parce qu’ils servent ceux qui dominent, par un opportunisme qui n’exige aucune cabale. La classe ouvrière, celle des usines, des champs, unie par le labeur, peut rejeter ces pièges. Dire non à ces leurres, c’est embrasser la solidarité, la clarté, et le combat collectif. L’unité et la lutte sont les clés pour fissurer cet ordre qui engraisse sur le dos des travailleurs. Les puissants savent que leur monde vacille quand la classe se redresse. À elle de reprendre la parole, de secouer les chaînes, et de bâtir un avenir où les sédatifs n’ont plus leur place.