Limiter les temps d’écran qui viennent en réalité combler un vide éducatif
par Jean-Luc ROBERT
mardi 8 avril 2025
La chasse aux écrans : une fausse solution qui cache l’effondrement éducatif Depuis quelques années, le discours anxiogène sur les "temps d’écran à limiter" est devenu la nouvelle marotte des politiques, des pseudo-experts et des parents démissionnaires. On nous serine que smartphones, tablettes et consoles corrompent la jeunesse, comme si interdire ou restreindre suffisait à régler le problème. Mais derrière cette moralisation hypocrite se cache une réalité plus crue : les écrans ne sont qu’un symptôme, pas la maladie. Le vrai mal ? L’abandon progressif de l’éducation.
1. Les écrans, bouc émissaire d’une société qui a renoncé à éduquer
Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes – désintérêt des parents, école en crise, activités alternatives en voie de disparition –, on préfère culpabiliser les écrans. "Trop de TikTok, pas assez de livres !", clament les mêmes donneurs de leçons qui n’ont jamais su transmettre le goût de la lecture.
La vérité est simple : un enfant qui passe 6 heures par jour sur son portable, c’est d’abord un enfant à qui personne n’a rien proposé d’autre. Où sont les clubs sportifs accessibles ? Les bibliothèques vivantes ? Les cours de dessin, de musique, les sorties en nature ? À force de tout supprimer par économies budgétaires ou par confort parental, on a laissé les écrans devenir l’unique échappatoire.
2. L’hypocrisie des "bonnes pratiques numériques"
Les mêmes qui militent pour des "chartes d’usage responsable" sont souvent ceux qui balancent leur progéniture devant YouTube pour avoir la paix. Interdire sans accompagner, c’est comme couper l’eau sans éteindre l’incendie.
Pire : cette focalisation sur les écrans sert à masquer l’incompétence éducative généralisée. Plutôt que d’apprendre aux enfants à penser, à créer, à débattre, on les gave de règles arbitraires ("pas plus d’1h par jour !") sans leur donner les clés pour comprendre le monde numérique. Résultat ? Une génération qui consomme passivement au lieu de maîtriser les outils.
3. La solution ? Réinvestir l’éducation, au lieu de jouer aux gendarmes
Au lieu de diaboliser les écrans, et si on réapprenait à éduquer ?
Rendre l’école attractive (moins de PowerPoint, plus d’expériences)
Former les parents (pas à la restriction, mais à l’engagement)
Subventionner massivement les activités extrascolaires (théâtre, sport, arts)
Car le jour où un enfant préférera un match de foot, un atelier peinture ou une discussion en famille à son téléphone, personne n’aura plus besoin de lui imposer des quotas.
Conclusion : L’écran n’est qu’un miroir
La surconsommation numérique est le reflet d’une société qui a renoncé à transmettre. Plutôt que de faire la guerre aux écrans, faisons la guerre à la médiocrité éducative. Sinon, dans 10 ans, on aura toujours des enfants scotchés à leurs smartphones… mais avec encore moins de solutions pour les en détacher.