Philosophie pratique en France / Pourquoi créer une association nationale ?
par Serge-André Guay
mercredi 21 mai 2025
L’absence d’une association nationale des philosophes consultants/praticiens en France cause de sérieux préjudices au développement, à la crédibilité et à la reconnaissance de la philosophie pratique auprès des institutions et de la population.
Le premier de ces préjudices concerne les échanges collectifs entre les philosophes consultants. La philosophie pratique ne saurait être une cause individuelle évoluant en vase clos. Le partage des expériences sur le terrain entre les philosophes consultants dans un cadre associatif formel permet non seulement de les solidariser mais aussi et surtout d’analyser les succès et les échecs avec la force du nombre dans une prise de recul essentielle.
Le deuxième préjudice se rapporte à la réponse à donner au besoin de recherche dans le domaine de la philosophie pratique. Au départ, tous les philosophes consultants effectuent des recherches d’intérêt personnel pour bâtir sa pratique. Non seulement ces recherches s’avèrent essentielles mais elles doivent inspirer des recherches d’orientation collective au profit de la philosophie pratique elle-même.
Le troisième préjudice met en cause la crédibilité des philosophes consultants qui nécessite une caution associative nationale reconnue à ce titre. La crédibilité d’un philosophe consultant ne peut pas se limiter à la caution de sa clientèle. Elle doit aussi provenir d’en haut, de son association nationale. Ensembles, les philosophes consultant fondateurs d’une association nationale dotent cette dernière de la connaissance minimale à maîtriser pour se voir attribuer le statut de philosophe consultant professionnel suivant une échelle gradation du membership. Une telle association fixe les valeurs et le code d’éthique à respecter dans la pratique philosophique sur la scène nationale. Elle peut offrir à ses membres des formations et des ateliers thématiques et même les réunir en congrès une fois l’an. De plus, une telle association nationale se retrouve en position de représentation de la pratique philosophique auprès de la population et des institutions. Enfin, la publication d’un journal d’association maintiendra les liens et les échanges entre les membres.
Le quatrième préjudice implique la reconnaissance de la philosophie pratique sur la scène nationale. Cette reconnaissance nationale n’émergera pas uniquement des efforts individuels des philosophes consultants dans leur patelin et sur le web. Il est besoin d’une association nationale à titre d’intermédiaire entre toutes les instances concernées par la philosophie pratique.
Le philosophe consultant devenu membre d’une telle association acquiert ainsi une crédibilité autrement inaccessible.
Un grand nombre de philosophes consultants en différents pays bénéficient des avantages d’une association nationale (Russie, Allemagne, Espagne, Portugal, Norvège, Suède, Finlande, Royaume-Unis, Suisse, Italie, Pays-Bas, Mexique, Inde, Corée du Sud, Canada, États-Unis d’Amérique…).
Pourquoi n’y en a-t-il aucune en France ? Un débat s’impose.