Progrès et Modernité selon GARP*

par Jacques-Robert SIMON
lundi 28 avril 2025

Garp recherche de nouvelles libertés, de nouveaux droits, de nouvelles façons d'exprimer ses ressentiments pour pouvoir s'affirmer, pour briller aux yeux de tous, sans faire de diférence entre Progrès et modernité, entre l'invention de la machine à vapeur et le lancement du Coca Cola ou l'institution du mariage pour tous. Mais ce qui manque cruellement est tout autre, Garp comme le reste de l'humanité souhaiterait donner un sens à sa vie, distinguer un but, entrevoir un avenir qui ne consisterait pas seulement à empiler les plaisirs. Il lui faudrait allier différences et identités, ce qui impose d'accepter un nouvel arbitraire accepté par tous.

Ce qui caractérise une civilisation, ce ne sont pas les Libertés qu'elle permet mais l'acceptation par tous (de plus ou moins bon gré) d'un arbitraire afin que le Monde ne se réduise pas à des tribus animées par la sorcellerie et les élans guerriers. Le Progrès ne peut se définir clairement que dans les domaines scientifiques et techniques et ses principes sont constants tout comme son avancement, mais l'utilisation des innovations qu'il a rendu possibles peut engendrer tout à la fois le pire et le meilleur. La modernité est faite de progrès mais aussi de modes ou de tendances faites pour installer une différence entre ceux qui l'imposent et d'autres qui les subissent inconsciemment. Les traits dominants de l'instant sont essentiellement animés par le mimétisme de groupe plus que la recherche du mieux-être.

Aux premiers temps, il existait des tribus généralement conduites par un chef (pas toujours héréditaire) et elles étaient principalement nomades pour suivre les ressources alimentaires. L'attachement à un territoire particulier n'était ainsi pas essentiel mais ii y a toujours un point où un homme voit en l'autre un étranger qui est perçu comme une source (potentielle) de dangers. Le troc et les échanges existent bien et il y a "une continuité entre la notion de guerre et celle de commerce". Dans beaucoup de sociétés primitives les biens étaient mis en commun puis redistribués L'arbitraire d'un chef reposait sur sa capacité de domination plus que de séduction, un sentiment de propriété diffus reposaitsur une zone de chasse.

L'activité marchande proprement dite s'est développée il y a quelques millénaires ans entre les cités mésopotamiennes (en particulier). Elle était administrée par les pouvoirs en place qui fournissaient les règles à suivre pour les échanges et les unités de compte nécessaires aux transactions. Un prélèvement sur tout négoce se faisait en assurant en contrepartie la sécurité indispensable. L'arbitraire permettant de trancher les conflits était donc aux mains de puissants (rois, reines, empereurs, chefs de tribus...). Avant la Révolution industrielle, la vie des paysans resta pratiquement changée depuis l'antiquité, les outils étaient rudimentaires, les forces externes étaient animales, les esclaves, les serfs, les vilains servaient d'engins pour la culture et les services. Ni le Progrès, ni la Modernité ne les avaient touché. La seule force n'assurait plus la toute puissance, une ou des divinités venaient conforter la domination de tous par quelques uns en promettant un repos éternel dans un au-delà.

Les marché établissent des prix d'échange grâce à un équilibre entre l'offre et la demande aussi bien sur une place de village qu'au sein d'instances financières mondialisées. Les marchés établissent un nouvel arbitraire, on ne peut plus ni régner, ni vivre sans eux et encore moins contre eux. Chacun s'efforce individuellement de maximiser ses profits et le marché collectivisé agit et réagit en conséquence. Actions et rétroactions s'entremêlent avec une telle célérité que, la plupart du temps, ce sont des ordinateurs qui prennent les décisions à la place des humains. Les Présidents élus plus ou moins démocratiquement, les despotes, les responsables de Banque centrale, les gestionnaires de fonds d'investissements, les Présidents de multinationales, les oligarques les plus divers... jouent tous un rôle dans la bonne marche d'une économie de marché mondialisée sans que les volontés des uns priment sur les autres : la Puissance est collectivisée dans le giron d'une élite.. Les chefs locaux de Nations s'agitent et légifèrent sans avoir de pouvoir réel sur le Réel. Ils servent encore à déclarer de temps à autre des guerres, guerres qui unifieront leur peuple et lui fera accepter les sacrifices nécessaires aux activités belliqueuses. L'arbitraire n'a pkus rien de divin, il ne repose pas davantage sur une coercition physique, il est aux mains d'une oligarchie ne possédant pas d'autre idéologie que celle qui lui permet de perdurer et de s'enrichir. Par contre la modernité rendue possible grâce à des prouesses techniques a envahi concomitamment le Monde juque dans le plus reculé des endroits de la Terre. Le Numérique, Internet, les algorithmes, les intelligences artificielles s'imposèrent et furent imposés partout. Elle ne servait pas d'arbitraire mais le servait. 

Il existe un domaine de la Science qui traite de la Logique floue. En plus du raisonnement binaire, oui-non, elle introduit un concept de degré de vérité et elle permet la représentation d’expressions vagues et imprécises où tout se mélange selon certaines proportions comme petit, grand, faible, fort, vieux, jeune, homme, femme, pauvre, riche, honnête, malfaisant... C'est un moyen efficace de se débarasser de la Vérité observée dans la Nature au profit d'un dogme manipulable qualifié d'idéal par ses partisans. Personne n'a trouvé d'alternative crédible à l'économie de Marché, la Gauche voulant conservé son pré carré progressiste se cantonna alors dans les aspects sociétaux qui opprimaient encore, selon ses tenants, les masses populaires. Le société patriarcale responsable de tous les maux fut accablée et la logique floue permit de théoriser toutes les nuances de gris qui existent entre mâles et femelles jusqu'à rendre ridicule une distinction. Pour ne prendre qu'un aspect, l'homosexualité doit être tolérée ou acceptée, ce qui se comprend facilement, mais elle devint affichée et promue même dans les discours politiques. Cette prétendue modernité n'a rien de nouveau, dans l'Egypte ancienne, Pépi 2 né en 2284 avant J.-C ; rejoignait la nuit son général d'armée bien aimé. Khnoumhotep et Niökhkhnoum se sont aimés d'un amour tendre, le livre de Samuel (Xe siècle avant J.-C.) relate les propos de David à Jonathan : "Tu m'étais très cher, ton amour était pour moi plus merveilleux que l'amour des femmes", dans l'empire perse Darius III (390-330 avant J.-C ;) les pratiques homosexuelles entre les grands rois et les eunuques étaient courantes, Bagoas fut d'ailleurs l'amant de Darius III puis celui d'Alexandre le Grand, l'Empereur Hadrien (76-138) aima tendrement un jeune grec Antinoüs, Henri III (1551-1589) eut d'innombrables maîtresses mais aissi des mignons. Louis XIII (1601- 1643) préférait manifestement les hommes ? Cette "libération" n'est qu'un prétexte pour imposer bien autre chose.

La logique flou tend à privilégier les ambiguïtés, les non-choix, elle promeut la déconstruction du réel pour le remplacer par un ersatz condiionné par d'invisibles habiles. Le réel n'est pas flou, il est complexe et l'Homme a toujours tâché de le comprendre à l'aide d'un merveilleux système binaire (non-flou donc), son cerveau. La logique floue ne sert pas à libérer mais à soumettre dans un monde qui n'existe pas ou plus. La seule alternaticve, incompatible avec le monstre froid proposé, serait celle de l'Ecologie.

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Le Monde selon Garp : (1978) : La mère du héros est infirmière dans un hôpital en temps de guerre Comme elle souhaite avoir un enfant sans s'encombrer d'un homme, elle profite de l'érection d'un aviateur réduit à l'état de légume par une blessure à la tête. Son fils ne portera d'autre nom que le peu qui est connu du blessé : T. S. Garp pour Technical Sergeant suivi d'un borborygme.


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