Attaché à la Bagnole

par Jeffroid
samedi 17 mai 2025

 

« On est attaché à la bagnole, on aime la bagnole, et moi je l’adore » déclarait Emmanuel Macron en Septembre 2023 sur BFMTV. On peut douter de la sincérité de ces propos mais pas d’une volonté certaine de se montrer proche du peuple.

Peuple qui l’adore en effet, lui voue un culte, trop peu questionné.

Ses effets sur l’environnement sont délétères qu’elle soit bagnole, hybride ou électrique, quoi qu’on en pense, du simple fait de la masse de matériaux utilisés et surtout mobilisés, pour déplacer une paire de fesses en général.

Dans le budget des ménages, sa part est énorme, par son achat ou sa location, son entretien et l’énergie qu’elle consomme.

Sur la qualité de vie des autres, l’impact est désastreux : pollution visuelle, sonore, occupation démesurée de l’espace.

Comment en est-on arrivé là, pourquoi y reste-t-on ?

À force de mensonges, proférés par les constructeurs d’un coté et par les automobilistes eux-même, à eux même, d’un autre.

Les publicités, toutes plus scandaleuses les unes que les autres pour un « anti », sont omniprésentes aux heures de grande écoute. Elles vantent toutes le bonheur au volant. Grands espaces, liberté, confort, joie en famille, plaisir de la conduite, puissance, progrès. Alors que la réalité est tout autre.. bouchons, solitude, champ de vision rétréci, mobilité réduite.

Constaté, le décalage entre le rêve vendu et le quotidien laborieux provoque la frustration du malheureux prisonnier de sa boite en métal : il en veut à la terre entière de ne pas atteindre la félicité promise. Il vitupère, tente des pointes de vitesse aux feux, dans une petite courbe temporairement dégagée, en se penchant façon pilote.

Il n’a pas le choix, se lamente-t-il, pour ce qui tient de l’auto-mensonge. Que nenni… dans la pléthore de modèles mis à sa disposition déjà : des grosses, des petites, anguleuses, arrondies, hautes, basses, « sportives », familiales… À quand l’autorisation des seules voitures génériques, grises et justes utilitaires qui mettraient fin à l’obsolescence programmée par l’esthétique et le design, et à l’illusion du bonheur au volant ?

Il ne peut faire autrement, avec les transports en commun pas adaptés, les moyens de transports alternatifs dangereux, le co-voiturage trop compliqué, les courses à faire en sortant du boulot.

Le fait est qu’un cycliste (par exemple) passe parfois un quart d’heure à s’habiller avant de partir au travail : protection contre le froid, la pluie, l’obscurité, les accidents. Il doit procéder à un inventaire rigoureux des affaires qu’il emportera dans son sac, chaque kilogramme comptera. L’automobiliste n’a a contrario pas l’impression de sortir de chez lui, son auto est le prolongement de son habitation, un sas vers le lieu où il se rend, chauffé, sonorisé, cosy, avec tout ce dont il pourra avoir besoin durant la journée sur le siège arrière.

C’est ainsi.. et on ne peut que s’interroger sur l’incantation « pour les trajets courts, préférez la marche ou le vélo » martelée à la fin des publicité pour ces objets maudits, façon « à consommer avec modération » ou « cinq fruits et légumes par jour ».


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