La bataille du livre, cherchez l’erreur.
par Jean-Paul Droz
lundi 20 juin 2005
La Bibliothèque Nationale de France et ses quelques 1,3 milliard d’euros d’investissement, ses 700 millions annuellement engloutis pour son fonctionnement et la possibilité de stocker 12 millions de volumes.
12 millions de volumes ! Où ai-je déja entendu ce nombre, vous dites-vous. Bien sûr, lors de la présentation le 14 décembre 2004 du projet Google Print et de l’accord de plusieurs universités nord américaines et anglaises. Google a développé l’idée de numériser en quelques années plusieurs millions d’ouvrages.
Jean-Noël Jeanneney, président de la BNF, enfoucha un patriotisme pan-européen et déclara dans un article du Monde du 24 janvier Quand Google défi l’europe, et de dénoncer que le miroir américain sera le prisme unique.
Mais rendre les collections accessibles à un large public, et ce gratuitement, n’est-ce pas le coeur de la mission des bibliothèques ? Ce rêve messianique déjà ancien que les savoirs du monde soient à la portée des pays riches et des pays pauvres est peut-être à la portée de main. Mais grâce à une société US créée en... 1998 par deux étudiants de Stanford !!
Alors pourquoi ne pas poser la question tabou, fallait-il investir 1,3 milliard d’euros dans un bâtiment et ses infrastructures ? Si nous partons sur l’hypothèse en général retenue, qu’il faut 10 euros en moyenne pour numériser un bouquin, cela représente... 130 millions d’ouvrages. Evidemment, c’est un calcul théorique, mais qui situe bien les choix que nous avions à notre disposition, le choix du prince de construire une oeuvre mégalomaniaque, ou le choix du sage de construire le système du savoir du 21ième siècle.
L’Atelier organise pour ses 25 ans une rencontre entre Jean-Noël Jeanneney et Mats Carduner, DG de Google France. J’ose espérer que le président de la BNF ne souhaitant inventer une ligne Maginot numérique proposera un accord de partenariat.
Sinon notre volonté d’exception culturelle ne sera rien d’autre que notre mort culturelle.