Le chancelier 007 : Permis de BlackRock
par Jules Seyes
mardi 13 mai 2025
Non, ce n’est pas un James Bond, mais une illustration de la situation actuelle de nos gouvernements. Nous nous voulons des démocraties, mais si le système place des hommes avec une réputation aussi calamiteuse que l’actuel chancelier, on peut tout de même s’interroger sur la pertinence de notre fameuse démocratie.
L’élection du chancelier Friedrich Merz était attendue après les élections et constituerait donc une validation de notre système démocratique. On peut s’interroger sur la pertinence de cette affirmation.
Celui que les Allemands nomment 007 dans leurs plaisanteries :
0% d’attention
0% d’approbation
7% de cheveux sur la tête.
Et donc le 10è chancelier de la République fédérale fut élu, seulement au second essai. Avec 70% d’opinions défavorablesi, on comprend l’hésitation de certains parlementaires, pas forcément heureux de lier leur sort à celui de l’ancien patron de BlackRock Allemagne. Mais bon, le monde est ainsi fait : les milieux d’affaires donnent le là et le monde politique suit. Après tout, le patronat détient l’argent, donc le ministère des Finances le favorise, car l’activité économique favorise les rentrées fiscales.
En théorie, car en pratique le patronat pousse pour moins d’impôts, mais cette maigre justification, couvre la solidarité de classe. En réalité, les ministères des Finances préfèrent ignorer que l’assiette est nourrie par la valeur ajoutée et non par les seuls profits (Les salaires représentent entre 50 et 70% de la valeur ajoutée dans l’histoire).
Merz est l’incarnation de cette politique avec un programme de limitation des impôts, réduction des charges sur les entreprises et de stabilisation des coûts du Bürgergeldii.
Bref, on soulage les entreprises de leurs contributions et on diminue les transferts vers la population. Sans surprise, quarante années de ces politiques nous ont habitué à cette recette magique, qui favorise les profits, mais pas l’expansion économique.
Mais Merz s’est surtout fait connaître pour ses positions sur la guerre en Ukraine, plus que ses propos relevant de l’éjaculation de l’impuissant : Nous allons livrer des Taurus à l’Ukraine ! (Avec quelle autorisation US ? Le Taurus est truffé de composants ITAR ! Avant de s’exprimer, certains devraient apprendre à réfléchir, mais ne critiquons pas Merz, la Macronie nous a habitué à ces individus dont les propos ne passeraient pas les tests de logique enseignés en primaire, mais qui se permettent de nous faire la leçon en raison de leur ″grande″ intelligence.)
Glissons mortels, n’appuyons pas, Merz parle toujours de détruire le pont de Criméeiii. Outre, l’évidence de la violation du régime d’exportation des missiles initié par l’Allemagneiv (Mais qui se soucie encore d’un de nos dirigeants reniant la parole de son pays), se pose le problème de la compréhension des faits stratégiques par l’individu.
On rappelle qu’après la chute de Marioupol, un lien terrestre existe entre la fédération de Russie et la Crimée. Les précédentes attaques contre le pont de Crimée ont eu un impact limitév. (La propagande occidentale prétend le contraire, mais avez-vous vu un recul des troupes russes suite à une interruption de ce type ? Des pénuries dans les magasins de Sébastopol ? Bref, de la propagande occidentale, indifférente à la contestation des faits par les faits simples et vérifiables.).
Une telle approche relève donc de d’autres facteurs, peut-être d’une volonté, fruit d’un sadisme d’impuissants, de faire souffrir les Russes. Ce serait psychologiquement explicable chez un homme dont le père fut prisonnier des Soviétiques durant la Seconde Guerre Mondialevi. Seul problème, le dirigeant d’un pays comme l’Allemagne devrait être capable de dépasser sa psychologie.
Vous noterez parmi les problèmes de nos nations, l’absence de tout contrôle psychologique chez nos dirigeants. Un soldat des forces spéciales est davantage contrôlé qu’un candidat à la présidence de la République (lui passe devant un psy). Il en va de même de l’absence de tout contrôle des liens d’affaires des candidats ou même l’absence de contrôle d’un simple casier judiciaire. Sur ce plan, il est plus facile de se présenter à la chancellerie en Allemagne, à la présidence de la République, que de devenir vigile.
Et la difficulté réside probablement là : les Allemands ont voté pour la CDU avec probablement l’espoir de voir le parti modérer son candidat et de le voir se hisser à la hauteur de la fonction qu’il brigue. Hélas, durant les 72 jours de négociations pour la coalition, cet espoir ne s’est pas réalisé. Merz continue à agir comme le factotum de son ancien employeur BlackRock et cette obstination aggrave les difficultés économiques du pays. (En France aussi, mais qui pense encore aujourd’hui E.Macron sincèrement désireux d’améliorer le sort des Français ?).
Dès lors, faut-il s’étonner que les intentions de vote en faveur de l’AfD continuent d’augmenter alors que Die Linke et BSW demeurent stables ? Les autres partis continuent à reculervii.
Là est le problème : Merz partage désormais avec E.Macron et sûrement d’autres dirigeants occidentaux le douteux privilège d’avoir une opinion défavorable dans plus des deux tiers de la population. On s’interroge sur cette démocratie où les dirigeants du camp du bien sont haïsviii et ceux de la ″dictature″ russe au-delà de 80% d’approbation par la population. Les mots ont-ils encore un sens où sommes-nous entrés dans l’ère où la vérité devient le mensonge du parti ? Permettez-moi dans ce cas, de rappeler que l’Oceania, plus honnête sur ce point, n’a jamais prétendu être une démocratie et défendre nos valeurs.
Mais admettons un instant, pour les besoins de la cause, la vérité de notre démocratie. Mauvais avocat de la défense, j’ai sollicité ChatGPT pour présenter la cause de la démocratie allemande, voici sa réponse.
La Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne (Grundgesetz, ou GG) contient plusieurs articles qui garantissent que le vote des citoyens a une influence directe sur les décisions politiques. Voici les principaux articles concernés :
Article 20 GG – Principes fondamentaux de l'État
Article 20 (1) :
"La République fédérale d'Allemagne est un État fédéral démocratique et social."
Article 20 (2) :
"Tout pouvoir d’État émane du peuple. Il est exercé par le peuple lors d’élections et de votations, ainsi que par les organes particuliers investis du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire."
C'est l'article le plus fondamental : il affirme clairement que le pouvoir vient du peuple et que le vote (élections, votations) est un moyen d'exercer ce pouvoir.
Article 38 GG – Élections au Bundestag
Article 38 (1) :
"Les députés du Bundestag fédéral sont élus au suffrage universel, direct, libre, égal et secret. Ils sont les représentants de tout le peuple, ne sont liés par aucun mandat et ne sont soumis qu’à leur conscience."
Cet article garantit que les élections sont démocratiques, et que les députés représentent la volonté du peuple.
Pauvre IA, son argumentaire vaut celui de nombre de nos "Journalistes" ! Mais passons et réfutons.
Glissons sur l’article 20 (1), une tautologie ne saurait être une preuve et si j’écris :
Je suis un bel homme dont le charme impressionne les femmes.
Vais-je être traqué par ces dames au moment où je sortirai ? La réponse est sûrement non, donc, désolé, cher Chat, mais ton ″intelligence″ se réduit là à un simple dictionnaire des idées reçues.
La suite est de la même eau : tout pouvoir émane du peuple. Certes, le pouvoir royal émanait de Dieu, mais le 14 juillet celui-ci est resté passif et l’incapacité royale à faire intervenir ses troupes lui a coûté la Bastille avec les suites que nous connaissons. L’émanation reste un fumet impalpable.
En réalité, comme le précise notre cher Chat, l’intervention populaire se limite à désigner des candidats qui, eux, prendront les décisions, et l’article 38 nous l’explique :
ne sont liés par aucun mandat et ne sont soumis qu’à leur conscience.
Autrement dit, les élus délivrés de tout mandat impératif son libéré de leurs électeurs à l’instant où le vote se termine. Ils agissent alors comme ils l’entendent sans dépendre de leurs citoyens et comme le disait Gabin dans Le Président :
Pour certaines sociétés, un élu est un investissement amortissable en quatre ans.
Dès lors, ces articles, censés garantir l’influence du peuple garantissent en réalité la soumission des candidats aux financiers de leurs campagnes.
Faut-il dès lors s’étonner que dans des ″démocraties″ qui ont multiplié les barrières à l’entrée au détriment de nouvelles forces politiques, le peuple se sente dépossédé et que les décisions des organes décisionnaires favorisent les intérêts mercantiles ?
Là est la limite, et on ne parle jamais tant de la chose que lorsque la substance a disparu et de fait les Allemands constatent leur dépossession. Surtout lorsque tant d’intérêts financiers sont liés au maintien du statu quo et de la lessiveuse ukrainienne. Combien d’argent est revenu de ce pays sur de confortables comptes offshore ?
Dès lors, rien d’anormal à constater les progrès de l’AfD. Le problème n’est pas que ce parti soit le retour des chemises brunes (en Allemagne, ce serait plutôt les déambulateurs bruns), mais que comme le canari dans la mine, il informe d’une situation au bord de l’explosion. Dès lors, inutile de s’étonner que l’Office fédéral pour la protection de la Constitution, émanation du ministère de l’Intérieurix, réclame la permission de persécuter l’AfD.
Interprété sous cet angle, l’élection de Friedrich Merz semble marquer un raidissement des forces engagées dans la défense du statu quo. Ceux qui ont intérêt au maintien de cette ″démocratie″ représentative telle que Thiers l’avait conçue, comme un moyen de couvrir le pouvoir de l’argent d’une fausse légitimité du peuple. Sauf qu’une partie des peuples commence à voir clair, et certains députés hésitent tout de même à le soutenir. Les difficultés de Merz nous rapprochent de la situation décrite par Léninex :
La loi fondamentale de la révolution, (…) la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.
La pénible intronisation de Merz en témoigne, il devient de plus en plus difficile de gouverner comme avant et c’est une bonne chose.
NB : Je vous rappelle que l’ordre occidental est en plein effondrement :
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/le-debut-de-la-fin-ou-la-fin-de-l-256848
Pour ceux désireux de solutions, je vous rappelle celle du précédent article sur la version française :
Votre vote n'a servi à rien ? C'est normal ! - AgoraVox le média citoyen
v Principales interruptions de service
-
8 octobre 2022 : Une explosion, attribuée à un camion piégé, provoque un incendie sur la section ferroviaire du pont et l'effondrement partiel de la chaussée routière. Cet incident entraîne une interruption totale du trafic, qui reprend progressivement dans la journée pour les véhicules légers et les trains, tandis que les poids lourds doivent attendre jusqu'en décembre 2022 pour traverser .Le Figaro+2Wikipedia+2Wikipedia+2
-
17 juillet 2023 : Une attaque menée par la marine ukrainienne et le Service de sécurité ukrainien (SBU) à l'aide de drones navals "Sea Baby" endommage gravement le pont. Deux personnes sont tuées et une autre blessée. Deux travées de la section routière sont détruites ou endommagées, tandis que la voie ferrée subit des dommages mineurs .Wikipedia+2Wikipedia+2Wikipedia+2Le Monde.fr+3Wikipedia+3Wikipedia+3
-
27 juin 2024 : Une cyberattaque ukrainienne bloque temporairement la circulation sur le pont, démontrant une nouvelle méthode de perturbation des infrastructures russes .
x Cocktail révolutionnaire (Le Monde diplomatique, octobre 2017)
« La Maladie infantile du communisme », Lénine 1920