Maman ! Quand j’serai grand j’serai milliardaire

par George L. ZETER
mercredi 30 avril 2025

Ben oui, c’est devenu une fonction dont les enfants rêvent. Sur TikTok et autres Instagram, des villas à tomber par terre, des bagnoles, jets, yachts et bimbos, et tout ça en restant derrière son ordi sans absolument rien produire, sans se salir les mains, à moins qu’elles ne deviennent sanglantes si l’investisseur se compromet dans le marigot des ventes d’armes ou de l’argent sale, qui pourtant n’a pas d’odeur. Dans ce monde épique, l’éthique… Ça veut dire quoi maman les tics ?

Auparavant, le milliardaire venait du productivisme, de la création de richesses, sur le dos des employés. Voir les Rockefeller et autres Carnegie/Ford. Ils étaient dans les bagnoles, l’acier, la recherche pétrolière, on les nommait « capitaines d’industrie », alors qu’aujourd’hui, ils sont nommés les 0,01 %. Dans un monde où, l’argent tourne autour de la terre pour fabriquer de l’argent, au lieu de produire des biens, le « marché » s’est structuré en une hydre à deux têtes : il y en finance, le marché primaire qui suite à une introduction en bourse est le lieu où les actions d’une entreprise sont proposées pour la première fois, puis il y a le marché secondaire qui permet d'échanger des actions, des obligations selon la loi de l'offre et de la demande. Les particuliers peuvent y vendre et y acheter des titres, souvent via des traders, qui empochent des commissions. À souligner que la lessiveuse du second marché tend à vampiriser l’effort, la créativité et le long terme, car l’argent créé d’un seul clic, n’a jamais produit des savonnettes, des avions ou de la pâte à tarte. Le ratio comparatif des deux marchés est de 12 pour 88 %... Et la tendance est toujours plus à la baisse pour le marché qui crée et produit. D’où des risques d’un effondrement de l’économie mondiale, avec en guise d’avertissement, on s’en souvient, les subprimes en 2008.[i]

Quelle est la différence entre le marché primaire et le marché secondaire ? Si ces deux marchés sont complémentaires, notez que si le marché primaire ou marché des titres neufs permet d’acheter des titres en passant par des structures agréées, le marché secondaire ou marché des titres d’occasions permet aux investisseurs d’échanger des titres déjà acquis sur le marché primaire, directement, sans intermédiaire et au quotidien. En clair, le second marché est une jungle où les carnassiers de la finance, savent entrer par la petite porte de derrière de l’entreprise déjà à la peine, investir mine de rien en achetant des actions, puis, à la Bolloré, sortir du bois lorsque le % détenu par l’investisseur lui permet de faire la loi dans la boite. S’en suit des « restructurations » : soit, des licenciements, le siphonnement de la trésorerie et de l’argent des subventions (merci les Français !), les ventes à la découpe des bijoux, puis une revente avec des bénefs maous costaux. L’entreprise, elle est devenue une coquille vide devra fermer et ces travailleurs devenus chômeur seront directement ou indirectement à la charge de la collectivité, car, une fermeture, c’est brutal et entraîne des conflits sociaux, des dépressions, des maladies, parfois des suicides et des vies ruinées. Il y aura bien des plans de restructuration et des promesses de recasage peu tenus. Et c’est ainsi que la France est devenue dépendante en tout, car incapable de produire son autosuffisance.

Dans la vidéo jointe la journaliste[ii] nous parle des milliardaires oisifs qui ont façonnés le système de façon à ce que par exemple, un directeur marketing d’une multinationale de la cigarette gagne par mois 20.645 euros (20 patates !) et qu’une infirmière gagne 1.200 balles… Donc, vous, Chers Parents qui vont vous sacrifier et donner de votre temps à vos gosses en tentant de leur inculquer les notions de base du bien, du mal, de la générosité, de la franchise, du courage et de l’empathie, eux, ces chérubinos vont se balader (scroller) sur leurs « apps » et vont capter un autre discours. Selon la doxa répétée à plus soif, le richissime fait ruisseler sa fortune qui par un effet d’attraction va faire rejaillir sur toutes les couches de la population sa bonne fortune (ahaha). Tout ce fatras perlimpinpin est de la croyance pure, de la pensée magique, et les enfants aiment ça le magique. En suivant ce cheminement de la pensée simpliste, nous sommes bien dans un conte, qui tisse sa toile depuis quelques décennies afin de phagocyter l’esprit des générations les plus récentes, qui d’ailleurs pour la plupart adhèrent à ce modèle, qui, comme aurait dit ce grand libéral de Jacques Delors « une société progresse grâce à ses inégalités ». Mettez par-dessus ça, « la vie, c’est la loi de la jungle », et ainsi, ces ultras riches qui font tant rêver nos jeunes ont réussi leurs paris funestes. Chacun contre chacun, et Dieu pour personne.

C’est sans surprise que macron[iii] en 2015 lançait d’une tribune cette incantation « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires  ».

Georges ZETER/avril 2025

Vidéo : LES CHIFFRES QU'ON NE VOUS MONTRE JAMAIS : le scandale des inégalités.


[i] https://www.ig.com/fr/strategies-de-trading/qu_est-ce-que-le-marche-primaire-et-comment-fonctionne-t-il---210708

[ii] https://www.youtube.com/watch?v=ERHiUHJnvik

[iii] https://www.nouvelobs.com/economie/20150107.OBS9413/macron-il-faut-des-jeunes-francais-qui-aient-envie-de-devenir-milliardaires.html


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