Les difficultés de Tony Blair
par Jean-Paul Busnel
mercredi 3 mai 2006
Tony Blair n’a rien à envier à Dominique de Villepin. D’autant qu’il est, lui aussi, aux prises avec son ministre de l’Intérieur. Il n’est pas « accusé » ou soupçonné d’avoir été un mauvais chef de gouvernement, d’avoir joué au renard ou au « corbeau » avec l’un de ses ministres, ou d’avoir commandité en sous-main des listings truqués. Mais il lui est reproché de n’avoir pas su maintenir une discipline « so british » au sein de son équipe. Charles Clark, son secrétaire au Home Office, a ainsi laissé libérer plus d’un millier de délinquants étrangers en fin de peine, sans vérifier s’il fallait ou non les extrader.
Ce qui, à défaut d’une double peine à la française, constitue une double faute à la Reine. D’autant qu’il a attendu trois semaines avant d’en informer la Couronne et l’Echiquier, laissant ainsi s’évanouir dans la nature trois meurtriers, neuf violeurs et cinq pédophiles, dont certains ont déjà récidivé.
Quant à John Prescott, son vice-Premier ministre, marié et père de deux enfants, il n’a pu résister à la tentation du péché de chair au ministère avec une de ses secrétaires. Ce qui n’est, certes, pas un crime, dans ce pays protestant, à condition toutefois de... le cacher totalement. Bref, ces deux affaires préfigurent, dès demain, des élections de conseillers municipaux et locaux très serrées, avec en prime, après-demain, un remaniement ministériel et, d’ores et déjà, un bel anniversaire gâché. Tony Blair, qui vient en effet de fêter ses neuf ans à Downing Street, s’attend à une lourde défaite des travaillistes. C’est presque une tradition de ce scrutin, pour le parti au pouvoir, mais ces élections difficiles à mi-mandat n’avaient pas besoin, en plus, du comportement de ces deux « polissons ».
Bref, les sondages ne sont pas bons, même s’ils ne sont pas aussi catastrophiques que ceux de son homologue français. Et le peu de crédit de Tony Blair, touché par d’autres scandales tel celui des nominations « monnayées » des candidats à la Chambre des Lords, alimente de nouveau les rumeurs sur sa démission. Ce qui ne serait pas un cadeau fait aujourd’hui à son poulain désigné, Gordon Brown.
Une chose est sûre : des deux côtés de la Manche, nos premiers ministres sont entrés en résistance. A cette différence près que Tony Blair a déjà décidé d’arrêter avant 2009, mais voudrait finir... en beauté, tandis que Dominique de Villepin aurait bien voulu s’imposer l’an prochain, ou tenir jusque là... malgré tout.