Jouer des coudes

par C’est Nabum
mardi 24 octobre 2023

 

Et mettre son mouchoir par dessus.

 

Le coude, avec le prochain retour des saisons froides et de quelques épidémies qui nous ont dans le nez, ne tardera pas à reprendre du service au détriment d'un mouchoir qui doit de se tenir à carreau. L’hygiénisme ambiant a sonné le glas des productions de Cholet tandis que le mouchoir en papier, dans le souci de sauver la planète et de freiner la production de ouate de cellulose, a perdu du galon.

Ce sont les industriels du textile qui ont pris le pas, conseillant d'user du coude comme d'un réceptacle à morve et loups. La chose peut paraître curieuse tandis que les professionnels du Pressing se frottent les mains. Il ne fait pas un pli qu'un bon rhume bien coulant vous contraigne à un lavage de qualité du coude mais aussi de toute la garde robe.

Ne prenez pas par dessus la jambe ces remarques pourtant essentielles. Bientôt, faute de pouvoir assurer une rotation vestimentaire suffisante, on vous demandera de vous moucher du pied, ce qui remettra le pied à l'étrier aux fabricants de mules et savates. Rien n'est trop bon pour aider le petit commerce qui aime mettre le nez non à la fenêtre mais en vitrine.

J'aimerais savoir qui est de mèche dans cette vaste entreprise d'enrhumage médiatique. Il y a forcément un loup dans les ailes du nez qui sommeille en chacun de nous, de là à l’expectorer en public et dans son coude par dessus le marché, il y a un pas que je me suis refusé à franchir. Même par un temps de chien, je confie mes loups à l'un de mes doigts, de préférence le second qui voit d'un mauvais œil que l'on puisse ainsi le mettre à l'index pour cette fonction ancestrale.

Le monde marche sur la tête en se tenant les coudes pour éviter de tomber en masse. Vous êtes si nombreux à suivre les conseils sanitaires que vous voilà de plus contraints de vous les serrer, seule manière efficace de redécouvrir les vertus de la solidarité. Il se peut que certains du reste prennent leur pied dans cette posture scabreuse.

De mon côté, j'entends mettre les pouces et m'en tenir aux pratiques anciennes. La tête haute, je me contente simplement de marcher sur des œufs sans même m'informer si ce sont les crânes rasés de nos têtes pensantes. Il est vrai que pour celles-ci, loin de moi l'idée de couper les cheveux en quatre. C'est vraiment la barbe qui prédomine en la matière, sans doute pour remplacer le coude en cas de trop plein.

Lever le coude fut jadis une pratique plaisante. Les appels à la modération de nos grandes huiles de la santé publique ont conduit le coude à se morfondre jusqu'à ce qu'on l'invite à reprendre du service pour une toute autre fonction. Le voilà donc revenu au premier plan ce qui avouons le rend hommage à ce fidèle compagnon des humains qui n'avait jamais baissé les bras.

La saison de la grippe se profilant et pour ne pas perdre la face, j'en garde donc sous le coude car j'ai toujours eu le nez creux. C'est d'ailleurs la raison d'une intense production qui explique cette goutte qui ne cesse de me tourmenter. Un trop plein qui finit par m'en mettre plein les jambes. La faculté s'interroge du reste sur cette causalité qui échappe à la médecine traditionnelle.

Devant pareilles inepties, certains en ont plein le dos. C'est donc, en toute logique qu 'ils utilisent véritablement le coude pour se moucher du nez alors qu'il fallait considérer le pli caudal pour cet usage si particulier. Il est vrai que nos brillants dirigeants ont quelque peu délaissé les études de morphologie pour s’intéresser à la seule langue, pourvu qu'elle fut de bois.

C'est donc avec une langue chargée que je leur sers ce pied de nez d'autant plus que la pénurie de moutarde contrarie grandement mon malheureux appendice nasal. J'en garde encore sous le coude pour un prochain billet sans queue ni tête mais avec humour et nez en trompette !

À contre-sens.


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