Rentrée scolaire au Gabon sur fond de réforme à « l’anglaise »

par David TCHUENTE
mercredi 28 septembre 2005

La rentrée scolaire qui a débuté au Gabon le lundi 19 septembre 2005, voit une réforme de taille dans l’enseignement primaire avec notamment la diminution de la durée de six à cinq ans et la disparition des classes de CP,CE,CM créant un véritable chamboulement dans un cursus qui ressemble à s’y méprendre au système anglo-saxon.

ETAT DES LIEUX :

Depuis 1990, année de l’avènement de la démocratie multipartite au Gabon, l’enseignement a souffert des grèves à répétition des divers syndicats, corporations de l’éducation nationale, des élèves, étudiants et enseignants. Il s’en est suivi une baisse sensible des résultats aux différents diplômes (CEPE, BEPC, BAC). Pour mémoire, il a fallu en 2004, une deuxième session du baccalauréat, en raison du faible taux de réussite, pour avoisiner le cap de 35% d’admis. Cette année, la situation s’est nettement améliorée avec une légère augmentation du taux de réussite aux examens officiels :

- 80% pour le BEPC

- 38% pour le BAC

Face à cet état de faits, plusieurs voies ont été explorées afin de justifier ce faible taux de réussite ; le Ministre de l’éducation nationale, Monsieur François Engongah Ovono, a dans son discours de circonstance fait un tableau sombre mais empreint d’optimisme... Selon lui, le point noir se situe surtout dans le primaire, où la demande à l’entrée en sixième cette année était de 36.000 candidats pour 20.000 places disponibles ; qu’allons-nous faire des recalés ? s’est-il interrogé.

La réponse ne s’est pas fait attendre, puisque le Président de la république gabonaise, de retour du sommet de l’ONU, a annoncé la construction de quatre collèges d’enseignement secondaire (CES) à Libreville, à Makokou dans l’Ogooué Ivindo, dans la Ngounié, et de bien d’autres qui suivront. Il s’agit là bien évidemment d’une mesure salvatrice en cette période de crise de structure d’accueil dans l’enseignement.

Dans le secondaire, selon le Ministre, la situation est moins reluisante avec un besoin de deux cent cinquante professeurs pour cette rentrée dans les disciplines fondamentales (français, mathématiques, sciences physiques...) Pour résoudre ce problème, le Ministre a annoncé, pour l’enseignement primaire, la construction dans les prochains mois de cinq nouvelles écoles normales d’instituteurs à l’intérieur du pays et, pour le secondaire, le doublement des classes préparatoires de l’école normale supérieure. Gageons qu’avec ces mesures, le système éducatif gabonais regagnera ses lettres de noblesse.

Pour coller à cette actualité, nous avons essayé de nous rapprocher de certains cadres de l’éducation nationale, pour avoir une idée de ce qui pouvait justifier la crise actuelle du système éducatif : d’après une frange non négligeable, le système scolaire obsolète, ne cadrant pas avec les réalités actuelles, serait à l’origine de cette situation ; pour d’autres, le programme d’enseignement, la qualité des enseignants et la démission des parents, premiers partenaires dans le suivi scolaire des enfants, sont des facteurs qui favorisent la chute de niveau des élèves...

S’agissant de l’enseignement privé, le Ministre François Engongah Ovono, tout en encourageant les acteurs de ce secteur, a tenu à leur demander de mettre un accent particulier sur la qualité des enseignants et de l’enseignement dispensé... A cet effet, il a annoncé des contrôles réguliers. Tout en louant les efforts consentis par ces derniers pour permettre une meilleure formation de l’élite de demain, il a demandé d’améliorer les structures d’accueil et la sécurité des occupants. Pour prouver que cet appel a eu un écho favorable, pour la première fois, certains établissements privés ont organisé des tests de présélection des enseignants.

Les nouvelles mesures prises en ce début de rentrée, et surtout la nouvelle durée de cinq ans dans le primaire, peuvent être la solution idoine face aux maux qui minent le système éducatif gabonais depuis quelques années...

NATURE DE CE NOUVEAU SYSTÈME :

Inédit en zone francophone, le nouveau système, en vigueur dans le primaire pour une période expérimentale de trois ans, avant de s’imposer, s’opère actuellement par une symbiose avec l’ancien :

· la 1re année sera composée des nouveaux inscrits à la maternelle, des redoublants et de ceux admis à l’ancien cours préparatoire première année (CP1).

· la 2e année , les admis du CP1 et les redoublants de l’ancien cours élémentaire première année (CE1).

· la 3e année , les admis du CE1 et des redoublants de l’ancien cours élémentaire deuxième année (CE2).

· la 4e année , les admis du CE2 et des redoublants de l’ancien cours moyen première année (CM1).

· la 5e année , les admis du CM1 et des redoublants de l’ancien cours moyen deuxième année (CM2).

C’est là, schématiquement, la configuration de la nouvelle organisation en cinq ans ; le problème de fond que l’on se pose est la nature des différents programmes ; les jours à venir nous édifieront davantage sur les contenus réels.

Signe des temps et face aux différents problèmes que rencontrent les parents d’élèves à pareille époque, dans la foulée de sa déclaration à sa rentrée du sommet de l’ONU, le Président de la République gabonaise a annoncé un don personnel de fournitures scolaires, notamment les livres aux élèves de toutes les écoles, tous les lycées et collèges reconnus d’utilité publique de l’ensemble du territoire, ainsi que la prise en charge des frais de coopérative par ses soins.

Le transport scolaire, gratuit depuis toujours, mais qui ces dernières années a souffert du phénomène tragique des cascadeurs, est supprimé ; les élèves doivent s’adapter à cette nouvelle donne qui rappelons-le, était une spécificité gabonaise. L’actualité étant alors les échéances présidentielles de décembre 2005, le Ministre de l’éducation nationale a émis un vœu.

VOEU :

Face à la presse, à la veille de la rentrée scolaire, le Ministre de l’éducation nationale, à la question d’un journaliste qui lui demandait si cette rentrée scolaire pouvait être menée à terme à cause de l’élection présidentielle, a appelé tout le monde à la responsabilité parentale ; selon lui, les acteurs politiques, les électeurs sont des parents d’élèves et le rôle de chaque parent responsable est de s’assurer d’une bonne scolarité de son enfant.


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