UNESCO : une convention à célébrer

par Europeus
mardi 25 octobre 2005

Faut-il parler d’un « succès français » ? Pourquoi pas ? L’Unesco a suivi la ligne de « l‘exception culturelle » défendue depuis des années par Paris. En clair, la culture n’est pas une marchandise comme les autres, ce qui est exactement le contraire de ce que prônent et réclament les États-Unis. Certes, la convention adoptée cette semaine à l’Unesco a une portée concrète limitée. Que pèse l’Unesco face à l‘OMC ? Que représente cette heureuse victoire « des valeurs, des principes et du sens », face aux déséquilibres des moyens de productions en tous genres d’Outre-Atlantique, en termes d‘images, surtout ? Que vaut juridiquement cette convention, face aux « clauses culturelles » que ne manquent jamais d‘inclure les Américains dans leurs accords commerciaux et financiers bilatéraux ? Que recouvrent quelques notions vagues, telles que « diversité culturelle » ou « activités, biens et services culturels » ? Mais les Américains n’ont pas apprécié du tout ce trafalgar diplomatique. Ils menacent de revoir leur présence dans l‘Unesco, et mettent en garde « contre un nouvel échec du cycle de Doha de libéralisation des échanges », lors de la prochaine conférence ministérielle, du 13 au 18 décembre, à Hongkong. Depuis deux ans, et jusqu’au dernier moment, les Américains avaient pourtant multiplié les pressions. Mais ils se sont retrouvés bien seuls. Même les Anglais, qui ont joué la « carte européenne », les ont lâchés. Et de fidèles alliés, comme les Canadiens, les Japonais, les Australiens, n’ont pas été les derniers à dénoncer « l’impérialisme culturel » des États-Unis. Ce vote de l’Unesco est bien sûr à mettre en liaison avec les débats mondiaux sur le contrôle d’Internet et sur la quête d’une organisation plus équilibrée d’un monde « multipolaire ». La « culture » est aussi une arme : qui l’ignore ? Elle doit surtout en être une contre la marchandisation générale de la personne humaine. En cela, le vote de l’Unesco constitue un événement positif et encourageant, à mettre en avant. Et l’unité européenne, sur ce point précis, est plus que rassurante : Schuman avait bien vu qu’au-delà du charbon et de l’acier, la « construction européenne » était d’abord une révolution culturelle.


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