Après l’attaque de la région de Koursk, les conditions de paix de Poutine ne sont plus d’actualité
par Patrice Bravo
samedi 17 août 2024
La percée des forces ukrainiennes dans la région russe de Koursk a "mis en veille" les négociations.
Les conditions de paix proposées par le président russe Vladimir Poutine pour négocier un règlement du conflit en Ukraine ne sont plus d'actualité. C'est ce qu'a déclaré le 13 août Dmitri Polianski, premier adjoint au représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, lors d'une réunion informelle du Conseil de sécurité des Nations unies.
En juin déjà, Kiev avait refusé les conditions de Poutine, qui incluaient, entre autres, le retrait des forces ukrainiennes au-delà des frontières administratives des régions de Zaporijia et de Kherson, ainsi que du Donbass, et la reconnaissance de ces territoires comme russes au niveau international. Comme l'a noté Polianski, l'Ukraine "regrettera amèrement" l'attaque des forces armées ukrainiennes contre la région russe de Koursk. "Il y a une semaine, Kiev a choisi l'escalade et la guerre en attaquant la région de Koursk", a souligné le représentant russe.
Deux jours avant la déclaration de Polianski sur les conséquences des actions des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk et leur impact sur les perspectives de négociations, Poutine s'était également exprimé à ce sujet. Le 12 août, lors d'une réunion sur la situation dans la région, le président a déclaré que l'Ukraine tentait ainsi de renforcer sa position de négociation. En parallèle, les objectifs de l'opération ukrainienne consistent à stopper l'avancée russe. À ce moment-là déjà, le président se montrait très sceptique quant à la possibilité de négociations avec l'Ukraine.
"De quelles négociations peut-on parler avec des gens qui frappent aveuglément des civils, des infrastructures civiles ou tentent de créer des menaces pour des installations énergétiques nucléaires ? Que peut-on leur dire ?", a fait remarquer le président russe faisant référence à la centrale nucléaire de Koursk, située à 65 km de la frontière avec l'Ukraine.
La position du président russe a également été confirmée le 14 août par Rodion Mirochnik, ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères. Il a déclaré que par ses actions Kiev avait "mis en veille" les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine. Comme l'a souligné Mirochnik, dans la situation actuelle, les dirigeants ukrainiens agissent de manière inappropriée, rendant les négociations avec eux "contre-nature". L'ambassadeur de Russie au Royaume-Uni, Andreï Keline, partage cet avis. Selon lui, les déclarations antérieures de Kiev concernant un possible dialogue avec Moscou divergent avec les actions : "En réalité, Kiev n'a rien montré qui puisse corroborer le poids de ces mots."
Une semaine plus tard, les actions des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk ont finalement été commentées non seulement au niveau des ministères, mais aussi au plus haut niveau à Washington. Le 13 août, le président américain Joe Biden a déclaré que l'attaque contre la région de Koursk avait compliqué la vie des autorités russes. "Cela crée un véritable dilemme pour Poutine, et nous sommes en contact direct, en contact constant avec les Ukrainiens. C'est tout ce que je vais dire à ce sujet pour l'instant, tant que ces actions se poursuivent", a déclaré le président américain.
Auparavant, le Pentagone avait déclaré qu'il ne considérait pas l'incursion des forces armées ukrainiennes dans la région de Koursk comme une escalade. Les représentants de la Maison Blanche ont reconnu qu'ils ne comprenaient pas complètement les objectifs de Kiev dans cette opération et ont évité d'émettre une évaluation concrète de l'évènement, invoquant la nécessité de clarifier la situation dans les négociations avec la partie ukrainienne.
La Maison Blanche a indiqué le 7 août qu’elle était en contact avec Kiev afin d’en savoir plus sur les "objectifs" de l’incursion des troupes ukrainiennes en territoire russe, dans la région frontalière de Koursk. "Nous allons contacter l’armée ukrainienne pour en savoir plus sur ses objectifs", a déclaré aux journalistes la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.
Au cours de la semaine, l'Union européenne réaffirmait son soutien à l'Ukraine. Le 13 août, Josep Borrell, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a exprimé sur le réseau social X le "soutien total de l'UE à la lutte du peuple ukrainien".
Le 8 août, Peter Stano, porte-parole du Service européen pour l'action extérieure, avait déjà commenté la situation dans la région de Koursk. Il a déclaré que l'Ukraine menait une "guerre défensive légitime contre une agression illégale". Stano a ajouté que l'Union européenne soutenait pleinement le droit de l'Ukraine à se défendre contre l'agression russe et à restaurer sa souveraineté ainsi que son intégrité territoriale.
Les combats dans la région de Koursk se poursuivent depuis plus d'une semaine, depuis que les forces ukrainiennes se sont infiltrées dans la région le 6 août.
Elsa Boilly
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