Une part : Diable – Deux parts : Dieu
par C’est Nabum
mercredi 6 novembre 2024
Le droit canonique.
S'il est possible d'attirer le diable par l'aqueux, il en va tout au contraire pour son homologue qui n'aime rien tant que les grands crus et les grosses cuites. Fort de ses difficultés orthographiques, il pousse même le bouchon en se faisant le prince des débordements de toute nature. Les mots se font gros, les propos graveleux et comme le très grand est un adepte du langage corporel, ses mains viennent souligner le discours.
Le diable quant à lui s'amuse de ce renversement de rôle. Lui qui soudainement est le bon tandis que l'autre fait son cinéma de manière pitoyable et se laisse mener par le bout du nez qu'il a considérable et par la queue qui lui vaut bien des déboires. C'est là la confusion des rôles dans ce pays laïc qui voue aux gémonies qui porte le nom du très grand.
Pour corser un plus la situation, quitte à ce qu'elle devienne une affaire d'État, le Monarque en personne est venu défendre le second en faisant les cornes au premier. Ce comportement diront les éternels mécontents dont je me fais un devoir d'être : « Satan à encourager les comportements déviants et à Lucifer les personnages célèbres ! ».
On ne s'étonne plus de rien dans cette monarchie qui se paie la bobine des victimes, qui fait bien peu de cas de la parole des femmes contre les dénégations du Seigneur des plateaux. La justice dans pareil cas, se souvenant qu'elle fut jadis ecclésiastique, penchera naturellement pour exonérer l'accusé en le soumettant à son propre jugement, communément appelé jugement de Dieu.
Pourtant, Dieu en personne a évoqué des pistes pour punir de tels forfaits y compris s'il en fut lui-même l'auteur. Dans sa grande tradition de la loi du talion, n'a-t-il pas déclaré sous les projecteurs : « Moi, si j'avais un tel nez, il faudrait sur le champ qu'on me l’amputât ! » Extrapolant son message, il est aisé de trouver ce qu'il conviendrait de mettre en péril lors du traditionnel : » Coupez ! » cher au septième art.
Ce sont hélas les pauvres diablesses qui boivent le calice jusqu'à la lie, commettant crise de lèse-majesté divine en portant accusation contre le tout puissant maître des plateaux. Pire même, leur parole est remise en cause, elles sont soupçonnées de parjure, de dénonciation calomnieuse et bientôt de blasphème car jamais il ne faut salir le nom du très grand.
Dans cette crise liturgique, les juges suprêmes donnent une fois encore raison à l'accusé, repoussant en mars le procès canonique (Dieu guerrier à qui l'on consacrait lances et boucliers). Pour la lance, il est aisé de se faire une petite opinion. Quant aux boucliers, ils sont formés de tout cet arsenal défensif qui permet de protéger ce justiciable au-dessus de tout soupçon.
L'ironie de l'histoire est bien d'entreprendre ici un procès canonique pour celui qui à force d'abuser du vin de messe est tombé dans une assuétude coupable. Le diable rit sous cape et se délecte d'un tel spectacle. S'il ne tenait qu'à lui, il écrirait bien un scénario pour un jour tourner un film. Il craint cependant que les spectateurs, ces mécréants, ne croiraient pas en cette histoire absurde. Il en mettrait sa main au feu.