Gaza : l’extermination reprend avec la bénédiction de la communauté internationale
par Alain Marshal
jeudi 20 mars 2025
L’inaction internationale, la complicité des élites politiques et la servilité des médias, qui rivalisent de déni au point d'en devenir apologétiques, ont permis à Israël de reprendre le génocide à Gaza. En quelques heures, des frappes massives ont tué plus de 400 civils, dont 150 enfants. Le blocus privait déjà la population de soins et de nourriture, aggravant la catastrophe humanitaire.
Le silence de la communauté internationale donne carte blanche à Israël pour intensifier le génocide à Gaza
Communiqué d'Euro-Med Human Rights Monitor, 18 mars 2025
Euro-Med Human Rights Monitor est une organisation indépendante basée à Genève avec des bureaux régionaux dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) et en Europe.
Source : euromedmonitor.org
Traduction Alain Marshal
Territoire palestinien occupé — L'inaction de la communauté internationale face aux crimes odieux commis par Israël dans la bande de Gaza au cours des 18 derniers mois n'est pas seulement un échec honteux, mais aussi une approbation de facto de nouveaux massacres et d’un génocide—facilitant la poursuite des meurtres de masse de Palestiniens et la destruction systématique de leurs moyens de subsistance dans une tentative flagrante de les éradiquer entièrement.
Quelles que soient les justifications avancées par Israël, les schémas systématiques de massacres, la famine forcée permanente, la privation délibérée des ressources essentielles à la survie et la destruction complète des infrastructures de Gaza sont inacceptables. En vertu de la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide, ces actes constituent un génocide et relèvent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Toute tentative de déguiser ces crimes en préoccupations sécuritaires ou en nécessités militaires n'est qu'une tromperie flagrante visant à masquer un génocide. Toutefois, puisque ces actions visent clairement à éradiquer la population palestinienne de la bande de Gaza, ces justifications ne changent rien à la réalité juridique. La communauté internationale doit les rejeter sans équivoque et exiger une action urgente pour traduire les responsables en justice et empêcher la répétition de ce crime contre le peuple de Gaza.
Tôt mardi, l'armée d'occupation israélienne a mené des centaines de frappes aériennes sur les cinq gouvernorats de la bande de Gaza. Plus de 420 personnes ont été tuées, dont environ 150 enfants et de nombreuses femmes, tandis que des centaines d'autres ont été blessées. Ces attaques ont principalement visé des tentes, des habitations civiles et des abris pour personnes déplacées.
Pendant environ cinq heures (de 2 h à 7 h du matin), les frappes aériennes ont été ininterrompues et simultanées, à un rythme effréné entraînant la mort d'une personne par minute dans la bande de Gaza durant cette période.
L'intention d'exécuter un grand nombre de personnes était manifeste dans les attaques israéliennes. L'équipe Euro-Med sur le terrain rapporte que la maison de la famille Qaraiq, dans le quartier de Shuja'iyya, à l'est de la ville de Gaza, a été ciblée, causant la mort d'une trentaine de personnes. De même, l'école Al-Tabi’in, qui accueillait des personnes déplacées dans le quartier d'Al-Daraj, au centre de Gaza, a été frappée, faisant 25 morts. Dans le sud de la bande de Gaza, sept autres massacres ont eu lieu dans les gouvernorats de Rafah et de Khan Younès, causant la mort d’environ 60 membres des familles Abu Tayr, Al-Humaida, Aslih, Abu Sultan, Jarghoun et Ghaboun.
Dans de nombreux cas, les frappes israéliennes ont anéanti des familles entières—pères, mères et enfants—voire des familles élargies—grands-parents, enfants et petits-enfants, selon l'analyse des données sur les victimes. Ces crimes ont été commis plus de deux semaines après la fermeture par l'armée d'occupation israélienne des points de passage avec Gaza, empêchant l’entrée de carburant, de fournitures médicales essentielles et de toute autre aide alimentaire et humanitaire vitale. Cette situation a provoqué l'effondrement de tous les secteurs de services essentiels, rendant les efforts de secours encore plus difficiles, notamment en matière de soins médicaux.
Le ciblage systématique des hôpitaux et des infrastructures de santé par Israël, le bombardement direct d'ambulances et d’équipes médicales, ainsi que le blocus asphyxiant empêchant l'entrée des fournitures médicales et du carburant nécessaires au fonctionnement des hôpitaux, ont conduit à l'effondrement total du système de santé de Gaza, désormais quasi inopérant. Avec des blessés se vidant de leur sang sans accès aux soins, cette destruction délibérée du secteur médical entraînera une augmentation catastrophique du nombre de morts, faisant de chaque blessé une victime potentielle.
L'armée israélienne a immédiatement ordonné l'évacuation de plusieurs villes situées le long de la frontière orientale de la bande de Gaza à la suite d'une série de frappes aériennes intensives, forçant des dizaines de milliers d'habitants à fuir vers l'inconnu et aggravant la crise humanitaire à un niveau sans précédent.
Israël tente de justifier ces massacres en affirmant qu'il cible des individus recherchés ou des combattants palestiniens. Or, ces affirmations sont rarement vérifiées. L'armée israélienne possède un arsenal et des capacités de surveillance ultramodernes lui permettant de frapper les personnes recherchées avec une extrême précision—ou à tout le moins avec une force proportionnée. Cela ne saurait justifier l’exécution massive de civils. En réalité, Israël provoque intentionnellement un maximum de morts et de blessés en ciblant délibérément les civils dans le but de commettre un génocide.
En matière d'humanité, de distinction, de nécessité militaire, de proportionnalité et de précautions appropriées, Israël demeure tenu de respecter les principes du droit international, y compris le droit international humanitaire. Il a l'obligation claire de faire appliquer ces exigences et d'en garantir le respect lors de la planification et de l’exécution de toutes ses opérations militaires. Cela inclut la définition de la stratégie militaire et le choix des armements de manière à minimiser les pertes civiles.
Depuis le 7 octobre 2023, Israël n’a cessé de commettre le crime de génocide, y compris durant le cessez-le-feu qu’il a violé ce matin. Il a délibérément imposé aux Palestiniens des conditions de vie catastrophiques, les privant des ressources essentielles à leur survie. Or, son retour à l’usage de la force meurtrière contre les civils menace d’étendre l’ampleur du génocide et pourrait marquer la mise en œuvre de plans et de crimes encore plus graves que ceux commis ces derniers mois, d’autant plus qu’il bénéficie d’un soutien politique et militaire total des États-Unis et de l’inaction injustifiée de la communauté internationale.
Pendant le cessez-le-feu, Israël a bloqué l’entrée de fournitures vitales, notamment des stations d’oxygène, des générateurs, du carburant, du matériel médical, des médicaments et des équipements de soins, tout en interrompant la reconstruction des hôpitaux qu’il avait détruits. Cela illustre bien sa volonté persistante de dévaster le secteur de la santé et de priver les civils d’un accès aux soins au moment où ils en ont le plus besoin.
En plus de reprendre les massacres, l’occupation israélienne continue d’imposer des conditions de vie létales visant à exterminer les Palestiniens de la bande de Gaza, en particulier dans un contexte de pauvreté, de destruction, de faim, de malnutrition et de catastrophes sanitaires et environnementales causées par les attaques militaires israéliennes depuis octobre 2023.
L’escalade militaire israélienne et l’imposition persistante d’un blocus total sur la bande de Gaza reflètent une stratégie israélienne manifeste visant à ancrer le crime de génocide, en violation de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide, qui interdit d’imposer à un groupe des conditions de vie destinées à le détruire, en tout ou en partie.
L’Observatoire Euro-Med appelle tous les pays et entités concernés à exercer toutes les pressions possibles sur Israël afin qu’il mette un terme à ses opérations militaires dans la bande de Gaza, qu’il respecte à nouveau l’accord de cessez-le-feu et qu’il s’abstienne de toute action susceptible d’aggraver la catastrophe humanitaire dans la région.
L’Observatoire Euro-Med exhorte également tous les États à honorer leurs obligations internationales, notamment en imposant des sanctions économiques, diplomatiques et militaires à Israël, telles que l’interdiction des exportations et importations d’armes, l’arrêt de la coopération militaire, le gel des actifs financiers des responsables impliqués dans des crimes contre les Palestiniens, la suspension des privilèges commerciaux et des accords bilatéraux, ainsi que le soutien aux enquêtes de la Cour pénale internationale sur la situation en Palestine, sans entraver ses efforts d’aucune manière.
L’Observatoire Euro-Med presse la communauté internationale d’assumer ses responsabilités juridiques et humanitaires en veillant à la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de justice du 28 mars 2024, qui exige des mesures provisoires contraignant Israël à prendre les actions nécessaires et effectives, en coopération avec les Nations unies, afin d’assurer un acheminement rapide et sans entrave de l’aide humanitaire à la bande de Gaza, conformément à ses obligations au titre de la Convention sur le génocide.
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