Multiplication des plans sociaux : Accélération de la décroissance du capitalisme-€-salariat
par Zaouder Touré
mercredi 4 décembre 2024
Les annonces de suppressions de postes se multiplient partout en France, mais elles ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Volkswagen envisage la suppression de dizaines de milliers d'emplois, 2400 postes supprimés chez Auchan, 1200 chez Michelin, plus de 600 chez Exxon Mobil, 450 chez Vencorex. La CGT parle de saignée industrielle. Près de 250 plans sociaux sont en préparation en France selon la CGT, jusqu'à 200.000 emplois menacés. Ces plans sociaux arrivent dans un contexte général de décroissance économique, de hausse du taux de chômage(toutes catégories) sans précédent et de baisse du niveau de vie depuis les années 1980 jamais vu en Occident. La victoire de l'extrême droite aux USA est due à cette décroissance économique, que la population supporte de plus en plus mal et que les statistiques officielles cachent. C'est pour cela que la victoire de Donald Trump semble une surprise alors que tous les chiffres officiels sont au vert sur le front économique.
Croissance et décroissance dans l'Histoire, comprendre la dialectique des superclasses
La lutte des superclasses est la loi fondamentale de toute société humaine depuis la disparition de la commune primitive et l’émergence de la propriété privée jusqu’à nos jours. Chaque superclasse au sein de la population à pour ossature un mode de production et, à l’intérieur de chaque mode de production, se déroule une lutte de classes. Par exemple dans l’Antiquité et dans le haut moyen âge en Europe, le mode de production dominant était l’esclavagisme. A l’intérieur de ce mode de production régnait une féroce lutte de classes entre maîtres et esclaves. Avec le développement de la productivité du travail, le mode de production esclavagiste entre en décroissance tandis que monte un nouveau mode de production de type féodale mais qui reste sous domination esclavagiste : les esclaves chasés qui ne sont plus tout à fait des esclaves et qui préfigurent les serfs du moyen âge.
Au Xe-XIe siècle, le mode de production esclavagiste, du fait de la lente évolution économique sur plusieurs siècles, était devenu minoritaire et le nouveau mode de production de la superclasse féodale était devenu majoritaire dans la population. Alors se produisit la Révolution féodale du XIe siècle abolissant définitivement l’esclavagisme en Europe occidentale. C’est ainsi que débuta une longue période de croissance du mode du production féodale du XIIe jusqu’au XIVe siècle. La hausse de la productivité du travail entraîne l’émergence du mode de production bourgeois mais qui reste sous domination féodale : la paysannerie libre et la bourgeoisie des villes. Du XIVe siècle au XVIIIe siècle, tandis que s’accroit la superclasse bourgeoise au sein de la population, le mode de production féodale entrait en décroissance et avec lui la décadence de la superclasse féodale composée d’une minorité de seigneurs et d’une majorité de serfs. A la veille de la Révolution de 1789, l’immense majorité de la population dans les campagnes n’était plus des serfs. C’est grâce à cette paysannerie libre et sous la direction de la grande bourgeoisie que le mode de production féodale fut aboli après une longue période de décroissance.
L’invention de la grande industrie à la deuxième moitié du XVIIIe siècle, en Angleterre, du machinisme entrainât un développement rapide du salariat. La superclasse bourgeoise composée majoritairement de paysans libres à la fin du XVIIIe siècle en France, est composée majoritairement de salariés à la fin du XIXe siècle. La superclasse bourgeoise du moyen âge devient ainsi la superclasse du capitalisme-salariat. Dès le début du machinisme, surtout au Royaume-Uni, la superclasse du capitalisme-salariat était grevée de son contraire, la superclasse des chômeu.rs.ses. Le long monopole de l’Occident sur le marché mondial des biens industriels entrainât une longue période de croissance du capitalisme-salariat jusqu’en 1980. Le chômage de masse existait mais avec un taux stable, et périodiquement, la superclasse des chômeu.rs.ses s’organise politiquement pour s’opposer au capitalisme-salariat. Par exemple, l’armée de Jacob Coxey en 1894 aux Etats-Unis, les mouvements de chômeu.rs.ses dans les années 1930 aux USA, Royaume-Uni… jusqu’aux mouvements de chômeu.rs.ses en France 1997-1998. Dans le cas de la France, il y a un net changement qualitatif, pour la première fois, les chômeu.rs.ses s’organisent sur le plan national et de façon permanente.
A partir de 1980, le capitalisme-salariat en Occident entre en décroissance parallèlement à une hausse rapide du taux de chômage (catégorie A, emploi précaire, sous-emploi, etc.) accompagnée d’une chute du niveau de vie. Le mouvement commence aux USA puis en 1990 la décroissance s’étend au Japon et à l’Europe de l’Ouest. A partir de 2008, le capitalisme-salariat russe et la dernière grande puissance à entrer en décroissance depuis 2018 : la Chine.
La décroissance du capitalisme-salariat continuera jusqu'à la généralisation du chômage, mission historique du mode de production capitaliste-salarial actuel
Comme on le voit la décroissance d’un mode de production n’est pas un fait nouveau dans l’Histoire. Elle s’est produite à la fin de l’Antiquité, à la fin du moyen âge et se produit de nos jours depuis 1980 dans les pays les plus industrialisés. La décroissance du capitalisme-salariat continuera, à cause de la lutte des superclasses, jusqu’à la généralisation du chômage à la majorité de la population active. Condition nécessaire à l’inéluctable grande Révolution des chômeu.rs.ses au XXIe siècle.
Du fait de la lutte des superclasses, les dirigeants soviétiques en URSS ne pouvaient pas toucher à la propriété privée des biens de consommation. Par conséquent, pour ne pas subir une crise de surproduction permanente de biens de consommation dans une économie fermée, ils sont entrés en conflit avec le communisme de Marx et Engels, ont falsifié sa théorie de la reproduction élargie (Voir livre 2 du Capital, celui/celle qui n’a pas compris cette théorie ne peut pas comprendre le communisme) dans lequel, la production des biens de consommation est nécessairement plus rapide que la production des biens de production. Mettant ainsi en place un capitalisme-salariat de pénurie où une minorité appelée la Nomenklatura exploite la majorité de la population au moyen de la plus-value de pénurie.
Le communisme des chômeu.rs.ses est une amélioration du communisme de Marx et Engels car ceux-ci n’étaient pas conscients de la lutte des superclasses, de ce fait, ils se trompés sur la nature du prolétariat révolutionnaire. Le salariat est en réalité une classe réactionnaire à l’intérieur de la superclasse du capitalisme-salariat. Face à la recente vague de plans sociaux, la gauche extrême du capitalisme-salariat en France (NPA, Révolution permanente, la France insoumise, etc.), demande l’interdiction des licenciements. Le problème c’est que l’extrême gauche ne remet pas en cause le salariat, et donc, la propriété privée des biens de consommation. Donc, au fond, elle veut un régime à la chinoise ! Nationalisation des biens de production et, sous peine de chômage généralisé, est obligé d’exporter en masse les biens sur le marché mondial et on retombe au point de départ. Le capitalisme-salariat chinois est englué dans une crise de décroissance majeure avec un chômage des jeunes sans précédent.
On ne peut pas supprimer le capitalisme sans abolir le salariat. Abolir le salariat, c’est supprimer la propriété privée des biens de production et de consommation : étatisation des biens de production et revenu démocratique commun pour un temps de travail démocratique et obligatoire pour tous. Mais la gauche et l’extrême gauche ne veulent pas parler de cette manière pour ne pas heurter l’intérêt de la classe salariée diamétralement opposé à toute perspective communiste. C’est pourquoi, la Révolution communiste ne peut être que l’œuvre de la superclasse des chômeu.rs.ses organisée en Parti communiste des chômeurs et chômeuses.