Les frappes iraniennes contre Israël ont bouleversé les rapports de force au Moyen-Orient

par Le Cri des Peuples
mardi 16 avril 2024

S'il serait difficile de surestimer l'importance de l'opération lancée par le Hamas et les factions de la Résistance palestinienne le 7 octobre, qui a annihilé à jamais le prestige de l'armée israélienne, les frappes lancées par l'Iran dans la nuit du 13 au 14 avril sont, elles aussi, véritablement historiques. Pour la première fois, la colonne vertébrale de l'Axe de la Résistance a ciblé directement Israël depuis son territoire, lançant la plus grande attaque de missiles jamais enregistrée contre Israël, et la plus grande attaque de drones de l'histoire. Nous sommes entrés dans une toute nouvelle phase du conflit israélo-arabe et israélo-persan, et il s'agit de la dernière, toutes les digues ayant maintenant cédé et de nouvelles équations ayant été établies.

Voici les principaux succès réalisés par cette attaque sans précédent :

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« Ceux qui profèrent des menaces auraient dû se rendre compte que les menaces ou les attaques contre l'Iran — au sens d'attaques ponctuelles impunies — ne sont plus possibles. Ceux qui nous envahissent devront subir les conséquences dévastatrices de leurs actes », avait déclaré Sayed Ali Khamenei, le Guide Suprême de la République islamique d'Iran en 2007. Si ce propos a longtemps été raillé depuis, en particulier au regard des nombreuses attaques israéliennes en Syrie contre des bases iraniennes qui ont couté la vie à de nombreux membres du Corps des Gardiens de la Révolution (CGRI), plus personne ne doute aujourd'hui du sérieux de cette affirmation : lorsque son territoire est touché, comme cela a été le cas avec la frappe israélienne flagrante contre son consulat à Damas, l'agresseur est frappé directement. Et dorénavant, comme l'a affirmé Hossein Salami, le Commandant en chef du CGRI, toute attaque ouverte contre des intérêts iraniens sera rétribuée de la même manière : « Nous avons établi une nouvelle équation avec l'entité sioniste, répondant directement depuis le territoire iranien à toute agression de sa part contre les intérêts, les biens, les personnalités et les citoyens iraniens dans toutes les régions du monde. Nous avons ouvert un nouveau chapitre dans la confrontation avec l'ennemi. » Il s'agit d'un bouleversement considérable.

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Ceux qui minimisent l'importance de l'attaque iranienne en méconnaissent la portée politique et stratégique sur le long terme, conforme à la conception de l'Iran, partagée par tout l'Axe de la Résistance, de la forme, de l'amplitude et de la temporalité que doit prendre la lutte contre Israël. Comme le souligne Fadi Quran,

l’ampleur de l’attaque iranienne, la diversité des lieux ciblés et les armes utilisées ont forcé Israël à découvrir la majorité des technologies antimissiles dont les États-Unis et eux disposent dans la région. Les Iraniens n’ont utilisé aucune arme qu’Israël ne savait pas qu’ils possédaient, ils en ont simplement utilisé un grand nombre. Mais les Iraniens ont probablement maintenant une carte presque complète de ce à quoi ressemble le système de défense antimissile israélien, ainsi que des endroits en Jordanie et dans le Golfe où les États-Unis ont de telles installations. L'Iran sait aussi combien de temps il faut pour les préparer, comment la société israélienne réagit… etc. Cela représente un coût stratégique énorme pour Israël, alors que les régimes arabes sont aujourd’hui conspués par leurs peuples, en particulier la monarchie jordanienne, pour ne rien avoir fait pour protéger les habitants de Gaza, mais pour avoir ensuite tout mis en œuvre pour protéger Israël. Surtout, l’Iran peut désormais procéder à l’ingénierie inverse de toutes les informations recueillies lors de cette attaque pour en rendre crédible une autre beaucoup plus meurtrière. Tandis que les États-Unis et Israël devront repenser leur modèle actuel, qui a été compromis. Parvenir à stopper cette attaque chorégraphiée reste donc très coûteux.

Si Israël s'est révélé à peine capable de se défendre (à un prix exorbitant dépassant le milliard de dollars) face à une attaque somme toute limitée et qui ne bénéficiait pas de l'élément de surprise, il ne fait plus aucun doute pour quiconque qu'en cas de guerre régionale, ses capacités de défense seraient rapidement saturées, de sorte que son territoire serait dévasté et sa population décimée. La population israélienne en a aujourd'hui clairement conscience.

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Pour sa part, le peuple palestinien, lâchement abandonné par le monde entier, et le monde arabe en particulier, a pu bénéficier d'un court répit, Gaza ayant connu ses premières heures de calme depuis le 7 octobre, et a pu laisser éclater sa joie en voyant les images inoubliables des missiles iraniens survoler la Knesset et la mosquée d'Al-Aqsa avant de frapper le cœur de l'entité sioniste. Tout comme le choc psychologique du 7 octobre, celui de la nuit du 13 ou 14 avril est gravé à jamais dans les consciences, et galvanisera la Résistance tout en accélérant le processus de « remigration » des colons israéliens qui ont vécu une nuit de terreur et de cauchemar, et sont désormais convaincus que leur armée est incapable de les protéger.

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Par l'acte insensé qu'a constitué l'attaque contre le consulat iranien à Damas, Netanyahou a voulu fuir la réalité inéluctable de l'échec militaire cuisant de l'armée d'occupation, malgré 6 mois de génocide et de destruction, et redonner une illusion de puissance à Israël. Le résultat est tout le contraire de celui escompté, Israël paraissant plus faible et plus isolé que jamais. Comme l'avait annoncé Hassan Nasrallah, Israël n'a désormais qu'une alternative : mettre fin à la guerre à Gaza ou poursuivre une escalade suicidaire qui embrasera la région. Les Etats-Unis ont clairement annoncé leur volonté de calmer les tensions. La question est maintenant de savoir ce qui, chez Netanyahou, l'emportera entre son instinct de conservation personnel (sa survie politique) et son instinct de conservation collectif (l'existence d'Israël).

Le Cri des Peuples

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