Anvers et ses musées : Purs diamants flamands (2/2)...

par Harry Kampianne
vendredi 17 mars 2023

Tout comme ce joyau du design contemporain signé Zaha Hadid bâtiment futuriste flamboyant devenu nouvelle Maison du port ou le musée Plantin-Moretus, bijou historique de l’imprimerie anversoise. À votre guise aussi de câliner votre côté fashion victim au MoMu, musée de la Mode ou profiter des plus belles vues d’Anvers et de son port sur le rooftop du MAS, musée à la silhouette ocre imposante, synthèse à lui seul du dynamisme et de la créativité belge. Impossible toutefois d’éviter le musée royal des Beaux-arts d’Anvers (KMSKA), rouvert après 11 ans de travaux et abritant la plus grande collection au monde des œuvres de l’artiste ostendais James Ensor. Anvers, c’est la mixité des styles, de son histoire et de sa culture. Un podium sur lequel la capitale flamande a façonné son identité.

La nouvelle maison du port à Anvers. Architecte Zaha Hadid ©Picasa

Cette ville a de quoi briller, tant du point de vue culturel que du savoir-vivre. De quoi aussi peaufiner son image au gré de ses musées et de son architecture flamande tannée depuis plus de quatre siècles, celle-ci aux antipodes de la nouvelle maison du port, un écrin futuriste signé Zaha Hadid, star incontournable de l’architecture contemporaine. Vous êtes face à une surprenante bâtisse couverte de près de 2000 triangles de verre, passerelle entre le passé et le présent inaugurée en 2016 quelques mois après son décès. Bâtie sur les vestiges d’une caserne militaire du 19ème siècle, elle synthétise à elle seule l’aventure maritime à l'image de la figure de proue d’un vaisseau spatial sillonnant des mers inconnues. Le MAS, autre OVNI architectural conçu par Neutelings-Riedijk Architecten, un bureau d’architectures rotterdamois situé sur l’ancien port d’Anvers en bordure du bassin Bonaparte, s’impose avec une magistrale tour haute de 62 mètres en grès rouge indien, ouverte en mai 2011, et ponctuée de verrières ondulées. Un budget avoisinant les 50 millions d’euros. On ne compte pas quand on souhaite que sa ville soit synonyme d’ouverture et de bienveillance. Car oui, Anvers a longtemps véhiculé son côté mauvaise fille, un brin poule de luxe diamantée jusqu’aux ongles et fournisseuse de poudre de perlimpinpin. Ce changement de cap a eu lieu dans les années 1980/90 avec les « six d’Anvers », un groupe de six créateurs iconoclastes considérés comme l’avant-garde de la mode belge. Leur entrée remarquée dans le monde de la branchitude sur la scène internationale a occasionné de nouvelles audaces dans de nombreux autres domaines artistiques tels que le théâtre et la musique.

Les réserves du MAS, ©Harry Kampianne

Les pionniers de l’imprimerie

La ville portuaire ne manque pas de contrastes saisissants. La facilité de se déplacer en trams ou pour les plus courageux à pied ou en vélo permet de contenter aussi bien les bibliophiles éclairés que les fashion victim assumées. Pour les premiers, retour dans le centre historique au cœur du musée Plantin-Moretus, pionniers de l’imprimerie à l’échelle industrielle et mondiale. Christophe Plantin, tourangeau venu s’installer à Anvers vers 1550 pour faire fortune, en est le fondateur très vite soutenu par son gendre et bras droit Jan Moretus. Ce duo de choc, formé il y a plus de 400 ans, acquit une renommée internationale tant au niveau du savoir faire que des techniques employées. Pas moins de 16 presses sont encore visibles dans leurs jus. Soixante-dix employés produisait quotidiennement toutes sortes de livres : scientifiques, linguistiques, médicaux, géographiques ; des atlas, des dictionnaires, des Bibles, des almanachs...Philippe II, mécène fidèle et bienveillant, accorda à son protégé l’exclusivité de l’impression de tous les textes religieux d’Espagne et d’Amérique latine. Érudit, communiquant hors pair, c’est en homme d’affaires avisé que Christophe Plantin conçoit d’imprimer en latin, en grec, en hébreux, en araméen et en syriaque le best-seller de l’époque : la Bible. Au-delà de la collection de ce musée, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et abritant des trésors tels que l’un des rares exemplaires de la Bible imprimé par Gutenberg, nous sommes en présence d’un considérable témoignage de l’âge d’or flamand que l’on a trop souvent tendance à reléguer à la peinture.

Musée Plantin-Moretus - presses et caractères en plomb ©Harry Kampianne

La mode sous toutes les coutures

Retour au 21ème siècle. Pour les amateurs de haute couture, de style et d’élégance direction le MoMu, musée de la mode situé au cœur du bouillonnant quartier branché des théâtres et de la sape. De quoi même s’autoriser une flânerie « lèche-vitrine » sur les très hype Steenhouwersvest ou Nationalestraast, hauts lieux du shopping où il fait bon d’être vu. Tout juste rouvert et agrandi, le MoMu compte une collection permanente de 37 000 pièces. Une corne d’abondance en grande partie axée sur les créateurs anversois (Dries Van Noten, Ann Demeulemeester, Olivier Theyskens…) ainsi que de nombreux clins d’œil historiques sur l’évolution du prêt-à-porter et de la haute couture à travers les différents courants artistiques comme le surréalisme, le minimalisme, le cinétisme, le pop art...kyrielle de thématiques invitant à l’organisation d’expositions temporaires telles que Man Ray et la mode qui devrait débuter le 22 avril.

MoMu, musée de la Mode, Black is beauty, © Harry Kampianne

Le MAS, un musée sur l’eau

Que ceux ou celles qui profitent des embruns du vieux port et du quartier de Het Eilandje (L’îlot) où cafés branchés et restaurants alternatifs se sont multipliés comme des petits pains, poursuivent leur promenade jusqu’au MAS (Museum aan de Stroom : Musée sur le fleuve) abritant le patrimoine ethnographique, anthropologique et maritime de la ville. Le visiteur aura aussi bien accès aux réserves du musée qu’à des expositions ludiques telles que Y a-t-il quelqu’un à la maison (jusqu’au 27 août) dont la thématique est basée sur la notion du foyer familial ou la présentation d’une collection d’art précolombien englobant plus de 400 objets en or, jade, pierre, textiles et coquillages. Sachez toutefois que la majorité des musées à Anvers ferment à 17h, ce qui ne vous empêche de profiter de la vue à 360° sur Anvers et son port une fois arrivé sur le toit-terrasse du musée, situé au 10e étage de la tour (ouvert quant à lui jusqu'à 22h).

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Le KMSKA, musée royal et requinqué

Autre fleuron du patrimoine anversois ? Le musée royal des Beaux-Arts (KMSKA). Onze ans : c’est le temps nécessaire qu’il lui a fallu pour se refaire une beauté avant d’ouvrir ses portes au public le 24 septembre 2022. Fondé en 1810, le bâtiment héberge une prestigieuse collection d’œuvres du XIVe au XXIe siècle, aujourd’hui agencée dans de nouveaux espaces pensée par le KAAN, une agence d’architectes basée à Rotterdam. À l’étage, le résultat est magistrale de fluidité quant à la scénographie des chefs d’œuvres signés Bruegel, Memling, Titien, Rodin, Cabanel…Sans oublier la Joconde d’Anvers de Jean Fouquet et l’incontournable Rubens dont les œuvres, à l’image de L’Adoration des mages, sont présentées dans une salle qui lui est entièrement dédiée. Le rez-de-chaussée, quant à lui, est entièrement centré sur l’art moderne. Un parcours tout de blanc vêtu, gigantesque white cube où trônent Pierre Alechinsky, René Magritte, Amedeo Modigliani…et le fantasque et élégant James Ensor dont il faut rappeler que le KMSKA détient la plus grosse collection de ses œuvres au monde.

Musée Royal des Beaux-Arts (KMSKA) Salle Rubens, © Harry Kampianne

 

Conclusion : l’art et la beauté, ça donne soif. Rien de mieux qu’une bonne « mousse » (qu’elle soit blonde ou ambrée) pour se désaltérer avant de s’aventurer vers d’autres horizons que peut secréter Anvers by night. 

 

Harry Kampianne

 

POUR INFOS 

Boire une bière. Les tavernes et bars dits « branchés » ne manquent à l'appel au pays de la Gueuze et du savoir-faire.

Elfde Gebod (le Onzième Commandement)
Pas besoin de s'appeler Moise pour apprécier ce onzième commandement. Rien que pour le décor. Surprenant ! Le client ne saura plus à quel saint (ou sainte) se vouer pour déguster un grand choix de bières artisanales.
https://elfdegebod.com/

Antwerpse Brouw Compagnie (quartier Eilandje)
Comment transformer un grand hangar en une brasserie artisanale indépendante ? Réponse : Crowdfunding, système de solidarité financière ayant fait ses preuves. Vous aurez tout loisir de savourer de bonnes pintes auprès des cuves.
https://seef.be/ons-verhaal/

L'Antwerp City Pass
Sésame vous donnant droit à des réductions et l’ entrée gratuite dans 16 musées, 3 églises historiques et 3 attractions.
https://visit.antwerpen.be/fr/antwerpen-city-pass-fr

L'Office du tourisme de Flandre
https://www.visitflanders.com/fr 
L'Office du tourisme d'Anvers
https://visit.antwerpen.be/

 

À L’assaut du MAS (Museum aan de Stroom) © Harry Kampianne
Le Musée Royal des Beaux-Arts d’Anvers © Harry Kampianne
le Elfde Gebod (le Onzième commandement) © Harry Kampianne
Salle de l’Antwerpse Brouw Compagnie © Harry Kampianne
Salle de l’Antwerpse Brouw Compagnie © Harry Kampianne
Par tous les saints...à Boire ! le Elfde Gebod (Le Onzième commandement) © Harry Kampianne
Saintes « Modérations » au Elfde Gebod © Harry Kampianne
Temps orageux derrière les verrières ondulées du MAS © Harry Kampianne
Les réserves du MAS ©Harry Kampianne
Je vole au-dessus du futur « port vert » d’Anvers/Bruges ©Harry Kampianne
Boutique du créateur et styliste anversois Dries van Noten ©Harry Kampianne
James Ensor au Musée royal des Beaux-Arts (KMSKA) ©Harry Kampianne

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