Les Dieux suivant le pas de l’homme, ils se sont succédé en Sicile/ Italie : à SEGESTA, à SELINUNTE, à MONREALE, à ERICE,... etc

par JPCiron
jeudi 6 juillet 2023

Dans cet Article, j'aimerais vous faire partager quelques vues de la pointe Ouest de la Sicile.

C'est un reportage essentiellement photographique qui vous est proposé, les informations historiques se trouvant à deux clics sur internet... ce qui ne m'empêche nullement de donner mon analyse ou mon sentiment, à l'occasion....

 

Nous avions choisi un point de chute proche de Segesta, qui permettait de rayonner dans cette partie « Ouest » de la Sicile, en faisant des excursions à la journée. Nous voulions aussi la tranquillité. Aussi avons-nous choisi l' Agriturismo Antichi Granai (qui se prononce antiki granaï) un peu à l'écart dans les collines. La route d'accès (goudronnée) est typique des chemins tortueux des collines. Cela me rappelle un peu les chemins bretons de ma grand mère...

 

 

>> SEGESTA (Ségeste)

 

L' Antique Segesta n'était pas Grecque, et a longtemps été une concurrente régionale de Selinunte.

Segesta et Erice étaient des cités du peuple des ''Elymes'', souvent considéré comme le seul peuple indigène de Sicile. La cité connut nombre de guerres, sur de longues périodes.

Le Temple de Segesta a été élevé fin V ième siècle av. JC. Et il n'est pas certain que le Temple ait pu être terminé complètement, du fait probablement des conflits incessants.

Vers le III ième siècle av JC, le théâtre grec est élevé à Segesta.

La cité de Segesta fut détruite vers l'an mille par les Sarrasins.

 

Voici le Temple de Segesta  :

 

Compagnie sympathique, les choucas nichent dans les anfractuosités du Temple :

 

En montant par le sentier, du Temple vers le Théâtre, la vue sur le Temple est splendide :

 

Un peu plus loin, sur la droite du sentier en montant, se trouvent les ruines d'une Mosquée. Il n'en reste en fait que les fondations rectangulaires et une petite niche caractéristique. Le tout étant remarquable, car il s'agit de la plus ancienne Mosquée de Sicile.

 

Le théâtre Romain se trouve au bout du chemin, avec vue sur la vallée.

 

Au retour, jolie vue sur le Temple :

 

 

 

 

>> SELINUNTE (Sélinonte)

 

Selinunte se trouve sur la côte Ouest, juste en face de Tunis.

C'était une Cité Grecque, fondée vers le VII siècle avant JC. Une autre Cité Grecque l'avait précédée en Sicile, côté Est , au VIII siècle avant JC.

 

Selinunte était une riche métropole régionale, qui a prospéré durant plusieurs siècles. Elle a connu son lot de guerres et de destructions. Elle finit sous domination de Carthage.

Vers le III siècle avant JC, les habitants s'enfuient, craignant la domination des Romains.

 

Quelques siècles plus tard, un terrible tremblement de terre détruit ce qui restait encore debout. Et Selinunte n'a pas été reconstruite depuis.

 

Selinunte se découvre donc bien à pied, en prenant le temps. Le périmètre archéologique est vaste : près de 400 hectares ! Il faut donc un peu d'eau dans le sac.

 

Sur le Plan ci-dessous, on voit qu'il y a deux zones principales : la Colline Orientale et l' Acropole. Je présente ici ce qui tient davantage debout.

Le Parking donne accès à la Colline Orientale. Il y a aussi une route en terre pour voitures, pour aller du Parking à l' Acropole (avec certaines restrictions, je suppose).

Il y avait une buvette (bienvenue) avec glaces, sur l'Acropole.

 

 

> LA COLLINE ORIENTALE

 

Pour s'y retrouver, il y a sur place des plans, avec aussi des tableaux donnant des informations en Anglais et en Italien :

 

Le Temple le plus proche du Parking est le ''Temple E'' :

 

Détail de construction :

 

''Temple E'' (vue arrière) :

 

Chaos du ''Temple G'' voisin :

 

On note, au centre des segments de colonne, la présence d'un creusement central de forme approximativement carrée. Il s'agirait d'une technique de transport des pièces fort ingénieuse : ces creusements de chaque côté du segment permettraient de centrer les pièces de bois fixées à l'extérieur des segments de colonnes ; pièces qui servaient de ''roues'' pour le transport. Transport par roulement sur ''roues'' de bois.

Ce système fonctionne aussi fort bien pour les pièces parallélépipédiques.

 

Carrière de Selinunte – Jean Houel / auteur Davide Mauro / CCASA 4.0 intl https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/e/e9/Carri%C3%A8re_de_Selinunte_-_Jean_Houel.jpg

 

Ces images des restes du Temple G donnent une idée de l'immensité de ce Temple :

 

 

On rencontre le ''Temple Y'' sur le chemin piétonnier allant vers l'Acropole.

Il s'agit d'une reconstitution partielle : ce Temple était totalement entouré d'une rangée de colonnes isolées du mur extérieur (=périptère). C'est le premier de son genre à Selinunte.

 

C'est près de là qu'était exposée une superbe charrette sicilienne traditionnelle : splendide !

 

 

 

 

>> L' ACROPOLE

 

On aperçoit le ''Temple C'' de loin :

 

Voici une vue d'artiste de l'Acropole d'il y a 2500 ans :

 

Le 'reste' du Temple C est mon préféré : élégant et dominant la mer :

 

Le tremblement de terre a été vraiment dévastateur :

 

 

Un sympathique habitant des lieux pose pour vous :

 

Ailleurs, les lichens clairs et sombres décorent la roche nue :

 

 

 

>> CATHEDRALE DE MONREALE

 

Cathédrale catholique du XIII siècle.

Monreale est situé juste au sud de Palerme.

 

Christ Pantocrator :

 

La cathédrale regorge d'évocations bibliques. J'en mentionne quelques-unes, sur lesquelles je propose quelques commentaires explicatifs :

 

La représentation de la Création d' Ève est intéressante. Elle montre Ève issue de la côte d' Adam. Cette évocation est décrite en Genèse 2 : 21-22.

 

Ce récit mythique est en fait construit sur la base d'un antique poème Sumérien. C'est vers 1913 que l'éminent père dominicain (et assyriologue) Jean-Vincent Scheil a établi ce lien, confirmé plus tard par d'autres chercheurs.

A la fin du VI ième siècle avant JC, les élites Judéennes ont été exilées à Babylone par les conquérants Babyloniens. C'est là qu'ils ont eu accès à la riche littérature des Antiques Sumériens, dont une partie était arrivée, depuis longtemps déjà, chez les érudits en Ougarit/ Canaan. Parmi cette littérature sumérienne se trouve un poème qui a alors été mal traduit et donc mal compris. Mais certains exilés se le sont néanmoins approprié tel quel. Ils en ont attribué le contenu à Dieu, et l'ont inséré dans les textes qu'ils écrivaient alors, qui feront partie de la Septante grecque, qui devint l'Ancien Testament des Chrétiens.

 

Un petit développement avec explications, fait le lien entre l'histoire que relate le poème et l'improbable récit qui s'est retrouvé inséré dans la Bible :

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-mythe-biblique-de-la-creation-d-222680

 

Notons que cette transposition d'un texte issu d'une autre Culture, associée à une erreur de traduction, peut avoir des implications sur l'apparition de certaines idées erronées relatives à la femme. En particulier quand ces idées dérivent d' actions attribuées à Dieu dans des textes sacrés, qu'il est dès lors malaisé de questionner.

 

En outre, rappelons que nombre d'emprunt à des sociétés non-sémites (principalement Sumérienne, Égyptienne et Perse) se sont ainsi retrouvés, plus ou moins 'retouchés', dans la Bible, et en constituent tant l'architecture que le decorum. Techniquement, la Bible s'est construite sur des fondations Cananéennes polythéistes, sur lesquelles se sont entremêlés des apports structurants non-sémites et Arabiques. Voir (3), (4), (5), (6).

Comprendre les modalités de formation d'une structure complexe permet de s'extraire de sa matière, et d'accéder à l'essentiel : le spirituel.

 

 

Le sacrifice d' Isaac : Dieu met Abraham à l'épreuve et lui ordonne de sacrifier son fils unique. Alors qu'il s'apprête à égorger son fils pour l'offrir en holocauste (= le ''passer par le feu''), Dieu arrête son bras par la voix d'un ange. Un bélier sera sacrifié à sa place. (Genèse 22 : 1-19) :

 

Cet épisode est fort intéressant, car il se situe à une époque charnière (durant l'Exil à Babylone) où le syncrétisme est fortement à l'oeuvre, et où nombre d' anciennes traditions Israélites sont même remplacées par des traditions venues de Cultures non sémites.

On sait ainsi que « Salomon bâtit sur la montagne qui est en face de Jérusalem un haut lieu pour Kemosch, l'abomination de Moab, et pour Moloc, l'abomination des fils d'Ammon » (1Rois 11:7) Kemosh et Moloc sont deux dieux auxquels les anciens Israélites 'passaient' leurs fils (et leurs filles) ''par le feu'' (Jérémie 32:35).

En fait, la Bible nous dit que c'était Dieu qui était à la manœuvre quand ils faisaient cela. Ezéchiel cite Dieu qui affirmait : « Je leur donnai aussi des préceptes qui n'étaient pas bons, et des ordonnances par lesquelles ils ne pouvaient vivre. Je les souillai par leurs offrandes, quand ils faisaient passer par le feu tous leurs premiers-nés ; je voulus ainsi les punir, et leur faire connaître que je suis l'Éternel. » (Ezéchiel 20 : 25-26)

 

C'est à cette époque qu'apparaît le texte où Dieu, par la voix d'un ange, signifie symboliquement la fin des sacrifices d'enfants, via le récit biblique du ''sacrifice d'Isaac'' (la rédaction du texte, quelque part entre le VI et le III siècle av JC, ferait donc remonter la pratique et l'interdiction divine au temps mythique d'Abraham...)

 

Bientôt, la sanction est formalisée : livrer un de ses enfants à Moloc est puni de mort. (Lévitique 20:2)

 

Parallèlement, alors que de tous temps jusque là, les sacrifices d'animaux étaient une pratique fondamentale des anciens Israélites, exécutées selon les instructions de Dieu, avec des procédures fort détaillées (Lévitique 9 : 1-24), on assiste subitement à un retournement de situation. Ainsi, Esaïe rapporte la parole de Dieu qui affirme : « Qu'ai-je affaire de la multitude de vos sacrifices ? dit l'Éternel. Je suis rassasié des holocaustes de béliers et de la graisse des veaux ; Je ne prends point plaisir au sang des taureaux, des brebis et des boucs. / Quand vous venez vous présenter devant moi, Qui vous demande de souiller mes parvis ? / Cessez d'apporter de vaines offrandes : J'ai en horreur l'encens, Les nouvelles lunes, les sabbats et les assemblées ; Je ne puis voir le crime s'associer aux solennités. » (Isaïe 1 : 11-13)

 

Dès lors, plus de sacrifices, même de béliers... Les Judéens de l'Exil sont devenus Zoroastriens sur cet aspect-là... Voir plus en (1) et en (2)

 

 

Continuons notre visite :

La richesse et le raffinement de certaines statues de la cathédrale est exceptionnelle.

 

 

Voici une représentation classique de la Création par le Verbe :

 

En fait, l'adoption de ce concept par les sémites Judéens , lors de leur Exil à Babylone, est le quatrième par ordre chronologique. Les trois premiers étant non sémites :

Cette adoption-invention eut tout d'abord lieu, au début du III millénaire avant JC, en Égypte, par le Dieu Ptah. Il créa toute chose (y compris les dieux). Durant le III millénaire avant JC, en Pays de Sumer, la création par le verbe du monde, des animaux et des humains fut faite par les premiers dieux et déesses. Les Judéens ont adopté cette idée lors de l'Exil à Babylone, vers le V siècle av. JC

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-mythe-de-la-creation-par-le-224227

Notons que les Zoroastriens ont adopté le concept de création par la pensée vers le début du II ième millénaire avant JC.

Notons aussi que la ''Création'' de la Septante (Ancien Testament), plutôt qu'une Création 'ab initio', est fondamentalement une mise en ordre d'un chaos préexistant.

 

 

Le cloître de la cathédrale est splendide. On y accède par un escalier passant le long de la toiture : une superbe vue plongeante.

 

Aussi, le travail des colonnes le long du déambulatoire du cloître sont souvent de véritables œuvres d'art, chacune étant unique.

 

 

 

''Voir la nudité de...'' est la manière des Israélites des temps bibliques pour dire ''coucher avec'' ou plus explicitement ''avoir une union sexuelle avec''

La liste des unions sexuelles interdites se trouve en Lévitique 18 : 1-30

 

Cette image illustre le verset Genèse 9:22 « Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père [Noé] » tandis que ce dernier était ivre... Le fait qu'à son réveil Noé maudisse Canaan, fils de Cham (et non Cham lui-même), pose problème aux rabbins et aux chercheurs... outre à nous-mêmes.

Je traite ce sujet dans un des paragraphes de cet Article : https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/extraits-d-ouvrages/article/une-bible-peut-en-cacher-une-autre-241795

 

En conclusion de ce chapitre « MONREALE » je propose quelques réflexions sur le fait que la Bible (Septante) n'est pas le Livre de Théologie que l'on croit, mais est essentiellement un recueil de textes religieux à support d'un Projet Politique. J'évoque les questionnements liés à cette idée en (3), en (4), et en (5). Et j'y reviendrai sans doute plus en détail dans quelque Article, dans le futur.

 

 

>> ERICE

Erice se trouve à la pointe Ouest de la Sicile. La vieille ville est blottie tout en haut de la colline. On y monte en téléphérique :

 

 

Castello di Venere (XII s) & Torretta Pepoli (XIX s) :

 

Venere, c'est Vénus. C'est-à-dire l'antique déesse-mère Sumérienne Inanna, qui a pris plus tard d'autres noms selon les lieux : Ishtar, Astarté, Vénus, Aphrodite, ...

Une tête datée de vers le IV s av JC représente probablement Vénus.

 

On trouve sur place plusieurs œuvres remarquables. Par exemple : L'Annonciation (Chiesa di Maria SS. Annunziata dei Carmelitani)

 

La Chiesa Madre (XIV – XIX s.) est aussi un édifice intéressant.

 

 

 

Bien plus au nord de Erice, en direction de San Vito, nous avons fait une halte sur cette baie volcanique. Non loin de là, à l'Est, se trouve la Réserve Naturelle de Zingaro... mais nous avons dû renoncer, question de temps. Ce sera pour une autre fois !

(côté ouest, à l'horizon côté mer, se détache le Monte Cofano, qui est aussi une réserve naturelle)

 

 

 

>> AGRIGENTE (pour mémoire)

Au Sud Est de Selinunte (trop loin pour une virée dans la journée depuis Segesta) se trouve Agrigente (et ses environs), dont j'ai parlé ici :

 

« Évadons nous donc un instant à Agrigente (Sicile) »

https://www.agoravox.fr/culture-loisirs/voyages/article/evadons-nous-donc-un-instant-a-224452

 

Agrigente est très touristique...

 

 

 

JPCiron

 

°°°°°°°°°°°°°°° NOTES °°°°°°°°°°°°

 

.. (1) – Article « La BIBLE, le Syncrétisme, le Polythéisme et l’Éthique : Ou comment la proximité de Cultures non cloisonnées est enrichissant pour toutes »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-bible-le-syncretisme-le-213598

 

.. (2) – Article « Portraits de deux Dieux : celui que nous montre la BIBLE (Pentateuque), et celui présenté par l’ AVESTA (Originel) »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/portraits-de-deux-dieux-celui-que-213692

 

.. (3) – Article « La BIBLE (Pentateuque) abrite un nid de Mythes concoctés pour un PROJET POLITIQUE de ’’Retour d’Exil’’, au Pays de Canaan »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-bible-pentateuque-abrite-un-nid-242059

 

.. (4) – Article « LE NAZARÉEN : Ses lointaines Racines Spirituelles »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-nazareen-ses-lointaines-racines-238062

 

.. (5) – Article « Un regard d’extraterrestre sur nos religions chrétiennes »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/un-regard-d-extraterrestre-sur-nos-243333

 

..... (6) - Article « La BIBLE, l'Histoire, l'Archéologie, et l'incontournable Royaume d'Ougarit »

https://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/la-bible-l-histoire-l-archeologie-212657&nbsp ;  

 

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