Le bouc et la souris

par C’est Nabum
samedi 6 avril 2024

Dans une ferme du Berry

Dans une ferme du Berry, à l'heure où il convient de traire les chèvres, tandis que les fermiers étaient fort affairés, le bouc se sentant soudainement sans intérêt pour ses braves gens, eut du vague à l'âme. Il voyait bien qu'on ne lui accordait plus la moindre importance, ayant depuis quelque temps déjà rempli son ouvrage sans qu'on se montre reconnaissant à son égard.

Profitant d'une ouverture dans la bergerie, il se faufila par l’entrebâillement pour aller se divertir un peu plus loin, espérant trouver compagnon pour quelques mauvaises farces à jouer à ces ingrats. Le bouc est taquin et aime à faire devenir chèvres ceux qui n'ont pas l'heur de lui complaire. À ce titre, je vous recommande de ne jamais lui montrer les cornes pas plus que de lui tirer la barbichette…

Hélas pour lui, dans cette exploitation agricole fortement spécialisée dans le crottin de Chavignol, nul autre animal n'y trouvait sa place. Les règles sanitaires émanant de l'Europe se montraient draconiennes. Il n'y avait pas un chat pas plus que âme qui vive dans la place. Notre bouc tournait en rond et se décida à chercher sa bonne fortune dans la demeure de ce couple d'éleveurs.

Il explora la cuisine sans trouver de quoi satisfaire son besoin de distraction. Il entra alors dans le salon, centre névralgique de cette exploitation puisque les crottins étaient proposés à la vente en ligne de par le vaste monde. C'est ainsi qu'il reconnut sur l'écran une de ces préférées, une belle chèvre anglo-nubienne égarée en Berry qui avait sa faveur.

Mendes, le bouc voulut bicher sa belle blanquette et se trouva devant une simple image. Il en éprouva autant de surprise que de désappointement. Il avait ressenti une attirance qui lui avait quelque peu échauffé les esprits et se retrouvait le bec dans l'eau, ce qui pour un caprin n'est pas chose agréable. Il tapait du sabot sur le plancher, baissait la tête pour se venger quand une petite souris blanche s'interposa, attirant son attention.

L'animal avait une queue anormalement longue, ce qui ne mit nullement la puce à l'oreille à Mendes. Il avait un si grand besoin de compagnie qu'il n'était pas regardant. Tout naturellement, il engagea la conversation avec elle pour remplir son besoin de compagnie. « Bonjour petite souris, je m'appelle Mendes et j'aimerais être ton ami ! »

Loin de s’effaroucher comme on eut pu l'attendre de ce petit animal, le rongeur répondit aimablement à cette invite : « Bonjour Mendes, moi je me nomme Ratoncito Pérez, un curieux nom je te l'accorde qui ne vient pas du Berry. Je te ferai du reste remarquer qu'il en va de même pour toi à mon humble avis ! »

La conversation s'était engagée sur une curieuse pente. Le bouc voulut la replacer sur un ton plus cordial en jouant franc jeu : « Qu'importe d'où nous venons ma belle Ratincito, l'amitié n'a pas de frontière. Veux-tu être ma compagne de conversation durant la traite ? Je m'ennuie à dépérir deux fois par jour ! »

La souris comprit qu'elle ne serait qu'un pis-aller pour compenser le temps de la traite. La chose lui déplut même si elle n'entendit pas manifester son désappointement. Elle usa d'esprit d'initiative et conseilla à Mendes d'user de cette étrange lucarne pour aller quérir un compagnon de son acabit de par le vaste monde.

C'est ainsi qu'en deux clics trois mouvements, elle inscrivit le bouc sur une interface numérique, ayant pris soin de lui dresser son portrait. La souris ayant rempli sa mission, rentra dans son trou, préférant laisser ce solliciteur se débrouiller avec le Trackpad de l'ordinateur. Le bouc venait de sauver la face tandis que la souris se déconnecta par prudence. Ce qui se passa par la suite échappa à ma curiosité. Le clavardage du bouc se fit dans un langage qui m'était totalement inaccessible...


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