La PPE : anomalies et fraudes, une évidence politiquement incorrecte

par Alain Lambert
lundi 18 septembre 2006

La prime pour l’emploi, plus connue sous son acronyme PPE, porte une bonne intention. C’est, en revanche, un outil d’une efficacité médiocre. Je m’épuise à le dire depuis son instauration. Je n’ai suscité que des silences courroucés dans mon camp et des indignations dans le cas adverse. La Cour des comptes vient cependant de pointer quelques-uns de ses nombreux défauts : taux d’anomalies « anormalement élevé », fraudes multiples dans les déclarations des bénéficiaires, et un préjudice pour l’Etat (c’est-à-dire pour les Français, y compris les plus modestes) de plusieurs centaines de millions d’euros. On parle de 234. Il semblerait que dans certains cas, les déclarations de ¾ des bénéficiaires comportent des anomalies. Cette PPE, créée en 2001, devrait coûter autour de 3,2 milliards d’euros en 2006.

Au départ, l’idée partait d’une bonne intention puisqu’elle consistait à inciter les personnes privées d’emploi à reprendre un travail, en faisant en sorte que l’effort paie et que les personnes concernées voient leurs ressources nettes augmenter par rapport aux revenus du chômage ou de l’assistance. Malheureusement, depuis l’origine, l’outil configuré s’est révélé médiocre. Disons-le franchement, la gauche avait proposé un système moins mauvais que l’actuel, et la droite l’avait, avec succès, combattu devant le Conseil constitutionnel. Finalement, la solution retenue s’est révélée horriblement coûteuse et faiblement incitative pour les ménages. Ensuite, c’est devenu très vite un tabou, comme on a le génie d’en inventer en France. Et plus personne n’a osé combattre ce système coûteux et inefficace.
Deux souvenirs, issus de mon passage au gouvernement, m’ont frappé concernant cette PPE.
Le premier est celui du seul « couac » que j’aie connu en deux ans au Parlement. Le sujet était tellement difficile à expliquer que mes propres collaborateurs, pourtant tous ultra galonnés par l’ENA, s’étaient, cette seule et unique fois, plantés dans les notes mises à ma disposition pour répondre aux députés.
Le second est une visite dans un centre des impôts, où l’agent interrogé par mes soins m’a répondu, accablé, sous les gros yeux du directeur, que son service passait 60 à 70 % de son temps à s’occuper de cette maudite prime.
J’ai été édifié dans les deux cas sur le caractère irrécupérable de cet outil dont on entend pourtant, ici et là, que non seulement il faut continuer à l’utiliser, mais encore qu’il faut l’augmenter !
En vérité, comme je l’ai souvent dit sur ce blog, il faut impérativement et vite changer de système et faire en sorte que cette PPE figure sur la feuille de paie. A défaut, il faut la supprimer. C’est politiquement incorrect, je sais. Mais pendant combien de temps gaspillera-t-on le fruit du travail des Français ? Sans aider pour autant les plus défavorisés ? Au seul motif que c’est le pain quotidien des politiciens démagogues...


Lire l'article complet, et les commentaires