Confinement : l’intangible principe de précaution d’une mère

par C’est Nabum
lundi 20 avril 2020

 Aidez-la pour que ses enfants ne courent aucun risque.

C’est une femme louve qui garde précieusement ce qu’elle a de plus cher, ses deux enfants. Depuis l’annonce du Confinement, ils ne sont pas sortis de chez elle. Il est vrai qu’elle a la chance de disposer d’un petit bois et d’un jardin, sa demeure étant jadis la maison du gardien de cette petite propriété. Il y a des animaux, de l’espace et aucun voisin, un petit paradis campagnard en somme.

Elle ne sort qu’une fois toutes les deux semaines pour veiller au ravitaillement qu’elle effectue dans un supermarché qui prend les commandes au préalable et sert le client à son arrivée. Elle évite ainsi tout contact. Comme elle dispose d’un emploi qui lui autorise le télé-travail, elle se pensait jusque là à l’abri de tout risque de contamination. Il est vrai que son embonpoint tout autant que l’approche de la cinquantaine lui font penser qu’elle est sujet à risque.

Soudain, cette muraille qu’elle a dressée contre l’abominable virus se fissure. Le père de ses enfants qui jusqu’alors n’avait donné aucun signe de vie, réalise qu’avec les enfants il pourrait user de son droit de garde alternée. Le père de ses enfants qui, le mois dernier avait refusé de prendre les enfants son week-end de garde à cause du confinement, change d'avis aujourd'hui, alors que la pandémie est à son plus haut niveau. Trois jours avant la seconde semaine des vacances, un message sibyllin s’affiche sur le téléphone : « Je viens les chercher à 18 h samedi ! »

Pour elle, c’est la panique. Comment ose-t-il ? Ne réalise-t-il pas que sa décision présente un risque majeur pour ses enfants ? Envisage-t-il par avance la réaction de leur mère ? N’est-ce alors qu’une simple provocation ? Leur divorce traîne en longueur, il se prolonge indéfiniment de procédure en procédure. Ils sont à l'extrême opposé d’un consentement mutuel.

Elle l’interroge : « Où comptes-tu les garder ? Chez ta mère ? » Le père de répondre que sa mère est trop âgée, qu’il ne peut aller la voir. Il lui affirme qu’il va accueillir sa progéniture dans la maison de sa nouvelle compagne, mère de quatre enfants. Pour elle, ce n’est tout simplement pas possible, elle énumère les risques que vont encourir ses enfants : trois heures de route, des arrêts durant le voyage pour d’éventuels contrôles ou des besoins naturels, la promiscuité dans l’autre demeure avec d’autres enfants dont elle ignore s'ils ont respecté le confinement total. Elle constate que les risques se multiplient, elle ignore l’ampleur tout autant qu’elle les redoute.

Elle en appelle à la sagesse, précise que cette semaine qui ne peut en toute prudence se faire, sera rattrapée quand la crise sera passée, qu’il n’est pas sérieux de les exposer ainsi à une menace inconsidérée. Elle évoque les paroles du Président, les conseils avisés des professionnels de la santé, la possibilité offerte de ne pas user du droit de l’autre parent quand la distance est trop grande. Elle lui évoque les recommandations officieuses d’un pouvoir qui n’ose véritablement se prononcer sur une situation toujours sujette à polémique...

Rien n’y fait, le père demeure inflexible. Il menace, réclame son droit quelles qu’en soient les conséquences. Il se pose en victime et affirme qu’il portera plainte. Les avocats respectifs qui, sur ce dossier n’ont jamais chômé, sont une nouvelle fois contactés. La conciliation est impossible, les nombreux échanges se heurtent à un mur d'incompréhension et de mauvaise foi. Elle s'arc-boute sur ce principe de précaution qui lui tient tant à cœur. Il évoque la loi et rien que la loi en dépit des circonstances, des conseils de prudence et autres recommandations qu’il repousse sans appel. Elle ne cédera pas en dépit de l’avertissement de sa conseillère juridique qui lui dit que monsieur a le droit pour lui. Sa conseillère la met en garde contre le risque de perdre en justice. Curieux droit qui bafoue le réel du moment !

Monsieur menace de porter plainte. Voilà enfin un élément favorable dans son dossier de divorce. Les enfants, quant à eux, ne sont pas enthousiastes à l’idée de le rejoindre et comprennent tout à fait le principe de précaution de leur mère -eux aussi ont peur du coronavirus- qu'ils entendent partout dans les médias jusque sur le site de leur école. Mais qui donc se soucie de leur opinion quand les gens de robe sont de la partie. Elle est au désespoir, il y aura un passage en justice, un risque d’inscription sur son casier lui prophétise sa propre avocate, une forte amende dans un pays où la seule punition qui vaille est celle de l’argent en dépit des ressources réelles. Elle devine la suite. Un juge statuera sur leur différent longtemps après la crise.

Pour peu que ce soit un homme, il examinera l’affaire au regard des informations qui actuellement ne sont pas connues de la population, dans un contexte totalement dénué de l’angoisse actuelle. Il aura nécessairement un regard purement juridique une fois la pandémie écartée. Elle crie au secours et à la folie devant cette perspective.

Elle m’a sollicité pour que mon écrit obtienne auprès des gens qui se battent actuellement en première ligne contre la tragédie : médecins, soignants, politiques ou bien policiers, des témoignages lui donnant raison. Elle sait à juste titre que dans un an, le contexte sera différent et qu’elle sera prise pour une hystérique, une mère poule abusive,une méchante.

Elle ne veut que le bien de ses enfants. A-t-elle la raison de son côté quand en l’état de nos connaissances sur la transmission de cette saleté, elle prétend que le père de ses enfants joue avec le feu ? Elle a besoin de constituer un dossier solide pour se défendre et vos remarques étayeront sa thèse. Venez lui apporter votre aide en témoignant des mesures de précaution qu’il convient de continuer à prendre pour éviter tout risque de contamination. Elle vous en supplie.

Merci par avance. J’espère que vous ne lui refuserez pas vos conseils et encouragements.

Truchement sien

 


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