Les femmes de Mahomet, simples épouses ou troupes militaires ? Question à la Sorbonne

par Emile Mourey
vendredi 26 mars 2021

Reprise d'un ancien article :

Ô vous, femmes du Prophète, vous n'êtes pas comme les autres femmes. (sourate XXXIII, verset 32).

Vous êtes comme Sarah, femme d'Abraham, qui mourut en défendant la forteresse d'Hébron, les armes à la main (1). Vous êtes comme Hagar qui émigra en Arabie et qui y est honorée comme la mère des Arabes (2). Vous êtes comme Judith, une héroïne juive (3).

"Vous êtes ceux qui ont choisi de combattre pour Allah et son Prophète"... autrement dit, vous êtes une "troupe militaire".

 

Résumé explicatif de la sourate XXXIII, les conjurés : (après la bataille du fossé)

Ceux qui ont été fidèles au pacte de Médine, lors de la bataille du fossé, Allah les récompensera (Verset 24). C'est Lui qui a jeté l'épouvante chez les Juifs Beni Qoraïzha qui avaient soutenu les idolâtres. Vous les avez ensuite tués ou réduits en esclavage (Vs 26). Mais c'est Allah qui leur a enlevé leurs terres, leurs maisons et leurs richesses (Vs 27). (C'est Dieu qui donne et qui retire).

Ô Prophète, dis à tes épouses que celles qui veulent se sédentariser pour exploiter leurs biens terrestres seront autorisées à le faire. Tu n'auras qu'à les répudier sans leur causer de préjudice (Vs 28 - en les déliant de leur serment d'engagement). Mais celles qui veulent rester près de toi pour l'amour d'Allah et de son prophète, c'est une énorme récompense qui leur sera donnée au paradis (Vs 29).

Ô épouses du Prophète (qui voulez rester avec lui), ne vous laissez pas corrompre par les badinages de l'amour, de crainte de sombrer dans la mollesse ! Résistez à la tentation (Vs 32) ! Restez modestement à l'intérieur de vos casernements ! (en célibataires ?). Ne faites pas l'étalage de vos armes ! Faites les prières et l'aumône ! Purifiez-vous ! Vous êtes la famille du Prophète (Vs 33).

Mais attention ! les coupables de fornication seront châtiées au double (Vs 30). Les soumises à Allah et à son messager seront deux fois récompensées (Vs 31)... (suppression de la solde pour les fautifs, doublement pour les purs ?).

Question  : Que sont devenus les Juifs Beni Qoraïzha qui n'ont pas été tués ? Réponse : ils ont continué à exploiter leurs terres mais en tant qu'esclaves des musulmans. Parmi ces esclaves, il y avait une jeune fille très belle. Mahomet se la réserva (pour en faire une troupe de supplétifs). Cette jeune fille très belle (comme l'était Sarah en tant qu'unité militaire) s'appelait Raï'hâna, fille de Zaïd.

(d'après le livre de Tabari, Mohammed, sceau des prophètes, éditions Sindbad, pages 232 et 331).

Après l'expulsion des Juifs Beni Nahdir de Médine, leurs compatriotes des forteresses voisines, se sentant menacés à court terme, rompant le pacte, formèrent une coalition avec les tribus arabes et les Koréishites de la Mecque, d'où le nom de "conjurés" donnée à la sourate. Assiégés derrière les fossés de Médine, menacés d'une défection des Médinois, les musulmans doutaient et, la nuit, quittaient la ligne de défense pour assurer la sécurité de leurs maisons (Vs 10 à 19). La tornade nocturne déclenchée par Allah (Vs 9, un commando musulman de nuit sur les tentes d'Abou Sofyan), tout cela se retrouve également dans le livre de Tabari, pages 223 à 229, ce qui prouve mon interprétation.

Je suis très étonné que les exégètes musulmans n'aient pas compris qu'il y avait femme et femme. Il y a, d'une part les femmes/individus, épouses ou mères. Il y a, d'autre part, la femme/troupe militaire, qui, évidemment, ne peut être que l'épouse d'un conseil de chefs. Je suis très étonné que ces exégètes ne se rendent pas compte que, tout au long de ses versets, la sourate IV ne traite que de l'organisation de la société en établissant des règles, du genre code civil, en particulier pour tout ce qui concerne le mariage et l'héritage des femmes/individus, éternelles sources de chicayas, et cela, sans faire mention des épouses du Prophète... alors que la sourate XXXIII parle principalement de celles-là, mais dans une allégorie poétique qui remonte à Abraham.

C'est cette allégorie héritée des origines abrahamiques - Abraham/conseil et son épouse/troupe militaire - qui a donné une relative stabilité aux "peuples du Livre" dans la longue histoire de leur évolution ; Abraham étant le guide rassembleur, un modèle de conduite et la référence. Or, si les Juifs ont écarté cette image de couple modèle en reportant leur attente sur un messie à venir, si les évangélistes chrétiens ont agi de même pour suivre un Jésus venu mais sans femme, le problème s'est posé pour le couple Mahomet.

C'est ainsi que les Juifs ne manquent pas de souligner les contradictions entre la règle de bonne conduite matrimoniale codifiée par la sourate IV et la conduite de Mahomet qui ne pouvait être qu'autre. C'est ainsi que Mahomet s'est trouvé contraint de faire appel à Allah pour se faire autoriser des pratiques exceptionnelles, telles le nombre de ses épouses (Sur XXXIII, Vs 49 à 52). Il est bien évident que plus Mahomet avait de femmes, plus sa force militaire augmentait alors que plus les croyants en avaient, plus la société s'en trouvait déstabilisée... insoluble contradiction.

Après sa victoire sur les Juifs Beni-Nadir, Mahomet s'était réservé la belle Raï'hâna. Après sa victoire de Khaïbar, c'est une autre femme qu'il préleva sur le butin et qu'il épousa. Maintenant que nous savons qu'il s'agit, en réalité, de ralliement de partisans, on devine qu'après ses victoires, Mahomet mettait en place dans la population vaincue des cellules, dormantes ou actives, qui le renseignaient. C'est probablement cette culture de réseaux qui a fait sa force et celle de ses successeurs.

Lorsqu'il s'est trouvé dans une situation particulièrement critique lors de la bataille du fossé, il ne fait pas de doute qu'il a lancé un véritable appel à ce réseau, ce qui pourrait expliquer la défection de la coalition adverse alors que, pourtant, la situation sur le front du fossé lui était favorable.

Bref, la force militaire de Mahomet était ses épouses, unités de combat d'élite sur lesquelles il pouvait compter à tous moments et ses réseaux. Lorsqu'après sa grande victoire de Beder, il revint à Médine et se rendit dans la maison de son épouse Sauda, laquelle était apparentée à des Mecquois tués par les musulmans, ce fut un drame et il dut très rapidement la quitter pour aller passer la nuit dans la maison plus sûre d'Aïscha.

L'énigme Aïscha

Aîscha fut l'épouse préférée de Mahomet. Cette jeune troupe militaire avait été mise sur pieds par Abou Becker, personnage important de La Mecque. Il l'avait donnée en mariage à Mahomet alors qu'elle n'avait que 9 ans. Elle était vierge, n'ayant connu aucun possédant avant le Prophète. Mahomet en avait fait sa garde du corps d'une fidélité à toute épreuve. Dans ces temps troublés, il était, en effet, important d'avoir autour ou près de soi une unité d'élite sur laquelle on pouvait compter.

Après sa défaite d'Ohod et la bataille indécise du fossé, le Prophète monta une expédition contre ses anciens partisans Khazradj qui s'étaient révoltés. Il était accompagné d'Aïscha, sa garde du corps. 

Aïscha se déplaçait dans une litière qu'on plaçait sur un chameau (4). Lorsqu'elle en sortait pour faire ses ablutions avant de faire sa prière, elle levait le rideau. Lorsqu'elle remontait dans sa litière, elle le baissait et le chamelier se mettait en route. Or, un jour, en revenant de ses ablutions, elle s'aperçut qu'elle avait perdu son collier de coquilles du Yemen. Elle retourna le chercher mais oublia de lever le rideau. Voyant qu'il était baissé, le chamelier partit. Lorsque Aïscha revint, l'armée avait levé le camp. 

Pauvre Aïscha ! Elle ignorait probablement la direction qu'avait prise l'armée (cela m'est arrivé une fois, au Maroc, alors que je marchais en fin de colonne avec ma section). Ne sachant que faire, elle décida d'attendre sur place, espérant que le Prophète enverrait quelqu'un la chercher lorsqu'il s'apercevrait de son absence. Et voilà qu'arriva Cafwân. C'était l'élément postcurseur, chargé par Mahomet de vérifier si rien n'avait été oublié sur le terrain. Il aperçut un voile blanc, c'était Aïscha. Il la ramena sur son chameau. 

Lorsque l'armée vit arriver l'épouse du Prophète accompagnée de Cafwân, on jasa. Abdallah, fils d''Obayy, s'écria : « Aïscha a raison d'agir comme elle le fait, car Cafwân est bien plus jeune et bien plus beau que Mahomet. » (Cafwân était-il un rival soutenu par les Khazradj ?). 

À Médine, cela se transforma en rumeur. Certains disaient que Cafwân avait eu des rapports avec Aïscha lorsque celle-ci était encore dans la maison de son père, d'autres, qu'ils les avaient vus se rencontrer en cachette. Ne sachant qui croire, Mahomet était devenu très triste. Le visage altéré, il s'asseyait en face d'Aïscha sans rien dire. S'étant rendu compte des soupçons qui pesaient sur elle, l'épouse préférée de Mahomet tomba malade et dut se rendre chez sa mère pour se faire soigner. Abdallah continuait à répandre sa calomnie. 

Vingt-cinq jours s'étaient écoulés. Le Prophète estima que le moment était venu d'agir. Il monta en chaire. S'adressant à la foule, il lança l'anathème contre celui qui osait porter le soupçon sur la chasteté et l'honnêteté de sa famille. Aussitôt, un Aus se leva, jurant qu'il tuerait le fautif même s'il s'agissait d'un Khazradj. Aussitôt, un Khazradj se leva, jurant par ses grands dieux que c'était un scandale d'entendre un Aus se proposer pour tuer un Khazradj. L'Aus répliqua : « Toi et les autres (tous les Khazradj), vous êtes tous des hypocrites. » Il y eut un grand tumulte. Le Prophète s'en alla.

Ensuite, il se livra à une enquête très approfondie sur la conduite de sa femme. Puis, il l'interrogea longuement (?). Non seulement il ne trouva aucune preuve contre elle, mais elle arriva à le convaincre de sa sincérité et de son innocence. Alors, Dieu révéla dix-sept versets pour l'innocenter. Aïscha s'écria : « Ses yeux se sont penchés sur la bassesse de son esclave. Et voici que mon nom sera proclamé jusqu'au jour de la résurrection. Du haut de leur chaire, les lecteurs du Livre sacré rappelleront aux croyants l'histoire de mon malheur et de ma félicité. Grâce à Dieu qui a proclamé mon innocence !…et non pas grâce à toi, Mahomet ! » 

En entendant ces derniers mots, Abou Becker mit la main sur la bouche de sa fille pour que le Prophète ne les entende pas. « Laisse-la parler, dit le Prophète, car elle a souffert d'être injustement accusée. » Puis, il ordonna qu'on donne quatre-vingts coups de verges aux auteurs de la calomnie. (d'après Tabari, page 237 à 241 et mon manuscrit refusé par les maisons d'édition, chapitre 21).

L'énigme Khadidja

Mahomet était âgé de vingt-cinq ans lorsqu'il épousa Khadîdja, sa première femme. Elle avait quarante ans ; c'était une riche veuve. À La Mecque, personne ne possédait de dépôts de marchandises aussi importants. La réputation de Mahomet étant parvenue à ses oreilles (on lui avait donné le surnom de Mohamed al' Amin, l'homme sûr), elle lui dit : « Fais cette année le voyage en Syrie avec mon esclave. » Mahomet accepta. Ayant reçu l'autorisation d'entrer sur le territoire de Syrie, les gens de la caravane vendirent leurs marchandises. Ce qu'ils avaient acheté un dirhem, ils le revendirent en faisant un bénéfice de dix dirhems. A son retour à La Mecque, la caravane se dirigea vers la maison de Khadîdja. Celle-ci était à son balcon (aux remparts de la ville ?). (d'après Tabari, page 57 à 60)...

Question : une importante personnalité féminine, riche de surcroît, qui parlerait en maître dans cette société essentiellement patriarcale que la sourate VII du Coran n'a pas encore humanisée, c'est impensable ! Khadîdja n'est pas, non plus, une troupe militaire comme les "femmes" que le Mahomet de Médine a épousées. Khadidja ne peut être que la population commerçante de la Mecque que protège encore un Abou Thâlib respecté, face à une opposition (Hind, Abou-Djahl, Abou Sofyan ?) qui va finalement le renverser.

Comme je l'ai expliqué dans un précédent article, ce premier Mahomet qui rêvait d'un islamisme pacifique, dans le prolongement d'un christianisme d'avant Nicée, ces prédicateurs qui continuaient à prier, même quand on leur jetait des pierres, même quand on "lui" recouvrait la tête de terre, même quand on l'enterrait vivant, qui s'en souvient ? (d'après Tabari, page 96).

Emile Mourey, ancien officier de Zouaves et de Tirailleurs marocains, 25 mars 2021, reprise de mon article du 20 octobre 2017

 

Renvois :

1. Au cours de sa nomadisation en pays de Canaan, Abraham avait élevé une forteresse à Hébron, position forte au centre du pays, un "autel" dit la Bible par euphémisme. Il y avait laissé Sarah en garnison pour la garder. Lui-même s'était établi en retrait et en soutien, plus au sud, à Bersabée, en avant et en protection avancée de la frontière orientale de l'Égypte... dispositif on ne peut plus logique pour une troupe militaire mercenaire au service du dieu-pharaon. Hébron étant tombée aux mains des Hittites, Sarah y mourut, de toute évidence en combattant. Elle avait 127 ans (2028 avant JC ?). Cela correspond au début de l'expanssion hittite (cf. mon "Dieu caché", page 214 ; publication "Bibracte" éditée en 1995, unanimement condamnée par la communauté scientifique et le ministère de la Culture).

2. Sarah étant alors stérile - elle avait alors 76 ans - mit sa servante Agar dans le lit d'Abraham pour qu'elle lui donne un héritier/conseil. Ismaël naquit en 2079 avant JC (?) - un peu plus tôt notent les chroniqueurs arabes. Habiles tireurs à l'arc, ses descendants fructifièrent en Arabie. (cf. mon "Prophète au visage voilé", écrit en 1987, unanimement refusé par les maisons d'édition).

3. Deuteronome Jdt 1 - 16. Nous sommes à un sommet de la littérature juive allégorique.

4. Il s'agit d'une image sublimée. Il fallait bien plus qu'un chameau pour transporter une troupe.

 


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