La nuit du mépris

par C’est Nabum
lundi 17 avril 2023

 

Le coup d'État constitutionnel à 3 h 28.

 

Il est un peu plus de trois heures du matin dans la nuit du 14 au 15 avril 2023. À dix-huit heures les félons du Conseil Constitutionnel, membres éminents de la caste au pouvoir, représentant d'une bourgeoisie qui n'a jamais autant tourmenté le peuple, valide a peu de chose près la réforme des retraites, retirant seulement les contraintes et les protections chèrement acquises lors d'un débat parlementaire tronqué. Déjà là, le coup est rude et la complicité des élites patente.

Puis sans plus attendre, tel un enfant gâté dans la nuit de Noël, le maitre du jeu, le grand monarque déballe son paquet cadeau pour lequel il s'est roulé dans l’ignominie et l'abolition de la souveraineté du peuple, pour s'empresser, peu après trois heures du matin, de promulguer d'une signature déclaration de guerre, la promulgation d'une réforme qui provoque l'indignation du peuple.

L'heure du crime. Rien ne pouvait attendre, le capricieux avait enfin son hochet, il allait mettre tout le pays à la raison dusse-t-il employer la force et le bras séculier. Ne nous y trompons pas, tout ceci prend des allures de coup d'état tant la forme démontre à l'évidence que celui qui commande agit au gré de ses désirs sans prendre en compte la réalité.

Mieux même, en signant en pleine nuit, l'assassin signe non seulement son forfait mais la fin de la Démocratie. Il l'a dit, il dénie la souveraineté du peuple, se drapant dans celle d'une élection en trompe l'œil pour laquelle les adhésions réelles à sa personne et son projet sont largement minoritaires ce qui n'est que justice tant ce personnage méprise le peuple.

La réponse de cette populace qu'il exècre ne saurait attendre. Tandis que dans sa tour d'ivoire, en pleine nuit, avant de se coucher du sommeil de celui qui mal agit avec jubilation, il est persuadé de mettre un point final à cette mascarade, il se réveillera avec l'indignation des citoyens outragés. La haine n'est pas loin, elle est même en marche, selon son expression favorite.

La nuit des longs couteaux doit céder la place à la nuit de la promulgation honteuse. Quelle abjection de la part d'un responsable irresponsable qui sème la tempête pour récolter l'émeute et ainsi frapper sans discernement sur cette piétaille qu'il arbore. Si la dictature est encore loin, elle se met tranquillement en chemin, se grimant sous la grimace fallacieuse de la constitutionnalité.

Dans quelle démocratie digne de ce nom c'est au cœur de la nuit que le représentant du peuple signe son arrêt de mort ? Car voyez-vous c'est bien de ça qu'il s'agit. Arrêt de mort pour ces travailleurs de première ligne, oubliés par une réforme issue des palais où personne ne sait véritablement ce qu'est la pénibilité au travail. Arrêt de mort de la participation et de la négociation quand une minorité impose ses désirs par des circonvolutions procédurales. Arrêt de mort quand toute expression contraire est frappée du sceau de l'extrémisme.

Nous pourrions continuer longtemps à décliner les félonies qui ont prévalu à cet épisode qui démontre à l'évidence qui nous sommes passés dans un autre monde, dans une forme élaborée de gouvernance par la force. Les apparences n'y sont même plus préservées. Le chef d'État fait ce qu'il veut quand il veut sans que nul contrôle ne puisse limiter son pouvoir de nuisance.

Plus détestable encore, il ne cesse de courir le monde pour se ridiculiser et nous humilier, multipliant les déclarations honteuses, donnant des leçons à tous sans jamais se soucier de se les appliquer à lui-même. Mais gare à qui oserait qualifier son comportement en termes orduriers, la loi viendrait une fois encore défendre celui qui ne cesse de la plier à sa seule volonté.

Il était 3 heures 28 du matin ce samedi 15 avril quand le pays bascula dans un autre univers. La suite malheureusement risque fort de n'être qu'un terrible affrontement qui permettra à l'apprenti sorcier de renforcer son autorité fictive par la force d'un bras séculier aux ordres.

Arrrêt de mort de la Démocratie

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