Inflation, énergie, voiture électrique : les 3 nouveaux fiascos de Bruno Le Maire

par Laurent Herblay
samedi 18 mars 2023

Pour certains, le ministre de l’économie dégagerait une forme de compétence naturelle, avec son expression policée et sage. Mais en réalité, celui qui est à Bercy depuis près de 6 ans est en échec sur la plupart des sujets. Il ne cesse de se tromper, sur l’impact des sanctions sur la Russie ou l’inflation, et se contente de chercher à rattraper son manque de prise sur le réel par des déclarations creuses ou irresponsables, comme l’a bien montré cette dernière semaine.

 

Agitations verbales et intérêts nationaux oubliés

Ce ne sont pas trois petits dossiers sur lesquels Bruno Le Maire est à nouveau en difficulté ces derniers jours, mais trois des sujets les plus importants du moment. Le premier, c’est l’inflation, dont ce ministre inconscient et imprudent avait annoncé le pic pour l’été 2022. En réalité, elle rebondit aujourd’hui, portée par la hausse des prix des produits de consommation courante, qui étaient déjà en progression de 14,5% sur une année en février selon l’INSEE. Pire, les hausses de tarif au titre de 2023 sont annoncées à environ 10%, et devraient donc faire encore monter le niveau de l’inflation, pour ce qui promet d’être un mars et un avril rouge pour le panier des consommateurs en grandes surfaces. Comme toujours, le gouvernement réagit mal, et trop tard. Et pour donner le change alors que les Français constatent son inefficacité, le ministre et ses ministres délégués ont lancé une pompeuse initiative de communication.

Bruno Le Maire a donc annoncé un « trimestre anti-inflation », assurant que la grande distribution va rogner sur ses marges. C’est une mascarade complète. Le trimestre à venir sera au contraire celui où l’inflation des produits de grande consommation sera la plus forte, et pourrait dépasser les 15%. Les Français ne sont pas dupes et réduisent déjà leur consommation. Incriminer les distributeurs n’est pas juste : Leclerc a eu raison de boycotter cette mascarade. Le problème vient des grands industriels, comme l’a pointé François Lenglet dans un éditorial édifiant rappelant qu’ils ont fortement augmenté leurs prix et leurs profits en 2022, dans une boucle prix-profits, qui fait que Procter & Gamble a distribué à ses actionnaires 20% de ses revenus… Le dispositif annoncé, un simple panier que chaque distributeur pourra composer à sa guise, n’est pas « massif, efficace, protecteur » comme le dit Le Maire, il est dérisoire, inefficace et abandonne les Français au racket de grands groupes qui profitent du contexte pour monter leurs prix.

Deuxième fiasco sur les prix de l’électricité. Il y a 18 mois, le ministre de l’économie jugeait « obsolète » le marché unique. Il y a dix mois, l’Espagne et le Portugal en sont partis, permettant une baisse des prix qui a fait passer leur inflation sous la nôtre. Le contraste est sévère avec la passivité de Le Maire, qui disait pourtant qu’il fallait « revoir de fond en comble le fonctionnement du marché unique de l’électricité » et « qu’on n’allait pas continuer comme ça ». La réforme n’est toujours pas bouclée, et l’Allemagne fait tout pour éviter de rendre à la France notre avantage d’une électricité bon marché. Face à cela, nos dirigeants semblent totalement paralysés à l’idée de rompre avec le marché unique de l’UE, malgré l’exemple espagnol, au point de mentir sur les risques que cela engendrerait. Résultats : les prix de l’électricité restent encore trop élevés malgré l’effondrement du prix du gaz, et les faillites se multiplient dans les PME

Troisième fiasco : le volte-face de l’Allemagne sur l’interdiction par l’UE des véhicules thermiques en 2035. Cette mesure, votée par le parlement européen, devait être validée par le conseil européen, mais Berlin a rejoint la fronde de Rome, Varsovie et d’autres pays, au grand dam de Paris, qui implore l’Allemagne de renoncer à cette fronde. Ici, ce sont sans doute les deux grands pays de tradition automobile que sont nos voisins qui ont raison, tant le passage à l’électrique pose problème  : une production plus polluante, une utilisation guère moins polluante dans des pays dont l’électricité vient principalement d’hydrocarbures, l’approvisionnement difficile en métaux ou l’opportunité que cela donne aux constructeurs chinois alors que notre marché est ouvert, et pas le leur… Il est effarant que la France continue à soutenir cette mesure malgré les avertissements de Carlos Tavares et de beaucoup d’autres.

Bref, sur ces trois dossiers économiques majeurs, le bilan de Bruno Le Maire est calamiteux. Il s’agite sur le terrain de l’inflation, mais derrière les annonces, il n’y a rien de vraiment concret. Sur le prix de l’électricité, la France est inerte et soumise aux volontés allemandes. Et sur les véhicules électriques, nous défendons une mesure dangereuse économiquement pour ce qui nous reste d’industrie, sans même que son bilan environnemental soit si bon. Et au global, il est tout aussi perdant que mal avisé.


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