Des chapiteaux druidiques dans la cathédrale de Chalon-sur-Saône !!! ???

par Emile Mourey
mercredi 8 mai 2024

Située au bord de la Saône, au centre de la ville éduenne, la cathédrale de Chalon est actuellement en cours de restauration ; des échafaudages remplissent tout l'espace ; seule présence de vie, des alouettes égarées cherchent à rejoindre le ciel bleu extérieur en se heurtant aux vitraux multicolores.

 

Au fond de l'église, à droite en entrant, le Gaulois dont j'ai honoré la mémoire dans un ancien article est toujours là, Gaulois paillard, buveur de vin et coureur de jupons. Il s'est sculpté dans l'oeuf de la renaissance. Il est, certes, attaché à la terre par les chaînes de ses péchés. Mais admirez son astuce ! Il dresse en l'air deux foies d'animaux au-dessus des deux alouettes sur lesquelles il est assis, et celles-ci l'élèvent jusqu'aux félicités du ciel.

                                   

« Les Gaulois ne veulent aller ni dans les tristes royaumes du dieu des profondeurs, ni dans les silencieux séjours de l'Erèbe. Ils disent que le corps-âme vit dans l'autre monde (orbe alio). La mort est une phase intermédiaire avant une longue vie. » Et le poète ajoute : « Les Gaulois sont heureux quand la crainte de la mort, la plus terrible de toutes, les talonne. Ils se ruent au combat, l'esprit plein de courage. Leurs âmes sont prêtes à recevoir la mort. Ils savent que leur récompense sera la revie qui sera refusée au poltron (Lucain, Pharsale, Livre II).

Ci-dessus, à gauche, les sans-péché s'envolent dans des corps d'alouette tandis qu'à droite, les aigles du ciel emportent les pécheurs - lapin libidineux et blaireau - pour les dévorer dans leurs nids.

Gaulois ! Prenez-garde ! Le lion messager du ciel vous surveille !

 

                     

Rappelez-vous la faute de votre ancêtre Adam (barbu, à gauche) qui écouta le serpent maudit de la tentation ! Nouvel Adam (imberbe, à droite) prends garde !

 Dans le Saint des Saints de la cathédrale, en haut d'une colonne, à la droite du prêtre qui officie face au peuple, voici ci-dessous, le messie essénien annoncé dans les textes de Qumrân. Il est accompagné de deux témoins. Ces deux témoins sont à l'image d'Etienne qui fut lapidé par ses persécuteurs. Les deux martyrs éduens témoignent : « Et voici que nous contemplons les cieux ouverts et voici que nous voyons le Fils de l'homme assis à la droite de Dieu » (Actes des Apôtres,7, 56).

                   

C'est au point du jour que le messie d'Israël reçoit les rayons du soleil qui traversent les vitraux colorés du choeur. A ce moment précis, on le voit faire le signe essénien de reconnaissance, signe d'alliance entre Dieu et les hommes. Il étend sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénit toute la congrégation de la communauté qui, dans la nef, attend dans le recueillement le plus total (manuscrits de la mer Morte, Règle annexe, rouleau de la Règle, II, 18 à 22).

Derrière le Seigneur, le drapeau blanc essénien apporte à la scène ce qui, pour les Gaulois, constituait le reflet de la religion : le civisme.

 Je te rends grâces, ô Adonaï, car ton œil veille sur mon âme...
 Je te rends grâces, car tu as illuminé ma face par ton alliance,
 Et (...), je t'ai recherché,
 Et, tel une véritable aurore, au point du jour, tu m'es apparu. (D,II,31 et Hn IV, 5 et 6, traductions d'André Dupont-Sommer, les écrits esséniens).

Retour aux fondamentaux ! Eve est une population, Adam est un conseil de chefs qui la dirige. Caïn sont les paysans, Abel, les soldats. Caïn offre à Dieu une gerbe de blé, Abel, un agneau de son troupeau militaire. Sur le côté, un paroissien négocie avec un druide son entrée au paradis.

A la mort de l'empereur gaulois Postumus (260 -269), Victorinus régna seul. En compagnie de son fils, il fut victime d'un groupe de factieux à Cologne. Les soldats le massacrèrent et à la même heure, ils proclamèrent son fils, César, et le tuèrent aussitôt.. (Aurelius Victor : Histoire abrégée.)


Fondateur de la cathédrale, Victorinus (260-274) est représenté dans un chapiteau, la couronne impériale sur la tête, l'étole du grand prêtre juif autour du cou, à gauche. En pendant, son fils, bien qu'il n'ait pas régné, à droite.

Dans un médaillon sculpté polémique du IIIème siècle, il est représenté dans une travée latérale de la cathédrale, vérifiant la virginité d'une vierge suivant la coutume juive. Voyez, à gauche, la partie du médaillon ou il est représenté. Il s'agit bien de l'actuelle cathédrale (à droite).

            

 Les Gaulois, écrit César, croyaient en une divinité de la Terre, dont ils auraient été, eux-mêmes, issus, de même que la nature. Leur univers terrestre était peuplé de multiples divinités. Quant au ciel, univers des dieux et du Dieu suprême, il était soutenu par des colonnes dont les pieds se trouvaient dans des régions lointaines inexplorées.

Pays éduen dans la carte de Peutinger de l'empereur Julien (361-363). La vignette de la cathédrale est bien indiquée.... sur la rive gauche de l'Arar (la Thalie, affluent de la Saône)

 Notre riche patrimoine ne mérite-t-il pas un peu plus de sérieux et de rigueur dans la recherche de son histoire ?

La mère de nos églises romanes, c’est le temple de Mont-Saint-Vincent, un temple aux sculptures archaïques que les fondateurs de la cité ont construit à l’image du temple de Salomon. Tout est parti de Mont-Saint-Vincent plusieurs siècles avant J.C... Ensuite, le temple de Gourdon est apparu sur une hauteur voisine, à quelques kilomètres seulement.

Il faudra attendre le III ème siècle après J.C. pour voir s’élever à Chalon-sur-Saône, ville éduenne par excellence, le temple de Cabillo, le plus beau temple de l’univers dont parle le rhéteur Eumène ; jamais détruit, toujours debout. 

Les ducs, ou leurs successeurs, lui ont simplement rajouté deux grandes tours/clochers qui modifient quelque peu son allure massive d’origine. Nous sommes à l’époque de Postumus, premier empereur gaulois à avoir rompu avec Rome, ce qui signifie qu’il ne payait plus le tribu habituel et qu’il conservait pour sa cité les revenus de l’impôt. A cela se sont ajoutés les nombreux prisonniers qu’il avait ramenés de ses campagnes militaires et auxquels il fallait bien trouver une occupation. Toutes les conditions étaient réunies pour un grand chantier de construction

Chalon-sur-Saône, le 7 mai 2024, les photos peuvent être soumises à des droits d'auteur. Prochain article : Apocalypse sur la tour de Taisey !

 


Lire l'article complet, et les commentaires