Journal d’un BAC+5 SDF #17 (avec mon premier Haiku)

par Patchwork Mental
samedi 18 mai 2024

Mercredi15 mai 2024

7h Les portes et volets blindés de l’accueil se sont ouverts comme d’habitude, dans un mélange innommable de puissants bruits de métal, de grincements rouillés et de gémissements dignes d’un film d’horreur. De quoi chopper une crise cardiaque lorsqu’on ne s’y attend pas. Il faut aussi se méfier de ça tous les jours à 20h lorsqu’ils ferment dans la même cacophonie infernale.

Le moustique à qui j’ai laissé la vie sauve hier soir n’en a heureusement pas profité pour me piquer. Malgré tout je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.

Bon sang qu’il me tarde de m’engouffrer dans un petit lit douillet, vous n’imaginez pas !

Après la pluie, corbeaux et moineaux se partagent le terrain, en quête de nourriture.

 

Et merde… Après avoir payé le camping je suis allé à ma tente pour voir comment elle se portait (tout va bien mis à part les bestioles gluantes qui cherchent refuge) et éventuellement me changer (remettre un pantalon, etc.) avant de faire demi-tour (trop de pluie, c’est le bordel pour entrer/sortir de la tente sans mettre de l’eau partout, je remets ça à plus tard), et sur le chemin du retour « CRAC ! », l’éclatement caractéristique d’une coquille écrabouillée… Pauvre escargot. J’ai pourtant réussi à en éviter un sur le chemin des douches juste avant. Il y en a plein la semelle maintenant...

 

Oooooh j’ai peut-être enfin une opportunité de logement, en plus tout proche. Je croise les doigts.

Et deux autres mais plus loin, l’une dans l’espace, l’autre dans le temps.

 

Ca y est, je me suis changé. Et à mon retour m’attendait une nouvelle « (…) Cependant, après une étude approfondie de votre candidature (...) » blablabla… On notera le « approfondie », pour une candidature envoyée ce matin vers 11h30, réponse à 13h56. Mais bon, je préfère ça à une attente interminable.

 

C’est terrifiant le nombre de teubé(e)s qui ont un job… J’indique dès le début :

« Pour mettre les choses à plat tout de suite :

1) Je suis actuellement sans emploi (précédemment Auteur de Vulgarisation Scientifique pour les Editions Atlas) ;

2) J'ai un garant ;

3) Je peux mettre 1 an de loyer sur un compte bloqué. »

Mais après une journée d’échanges et d’envois de fichiers j’ai droit à la réponse :

« Nous demandons a nos locataires un CDI »

Mais allez juste bien vous faire f***** !

Heureusement des 3 logements qui étaient à l’étude c’est celui qui m’intéressait le moins. Je viens de faire la visite d’un autre qui me plaît plus et est dispo tout de suite, mais de toute façon je ne vais pas faire le difficile. Le dernier ne sera prêt qu’en juillet…

 

Sur le chemin du retour c’est à nouveau des filles sur le terrain de foot. Cette fois-ci ce sont des enfants. A mon époque à cet âge là on jouait garçons et filles ensemble.

 

J’ai aidé un grand-père étranger à remplir son jerrican d’eau en lui indiquant où se trouvait le robinet le plus proche et la carte du site avec les indications. Pour je ne sais quelle raison il était vraiment attiré par la borne de lavage de voiture. Aucune idée quand à la différence de pression de l’eau par rapport aux robinets classiques, donc si ça se trouve il aurait pu le remplir là également.

Avant ça une grand-mère m’a demandé de l’aide pour le Wifi mais elle y est arrivée toute seule, juste en suivant les indications. Elle voulait peut-être un témoin de son succès ?

C’est la soirée dites donc, encore un papy qui ne parle pas un mot de français me prend pour un gars du staff et demande de l’aide pour le Wifi. Je lui indique la pancarte où sont affichées les étapes à suivre mais il a du mal. Je lui montre qu’il doit cocher la case vide avant de valider. Il n’a que son nom et son adresse mail à écrire, mais au final je ne sais pas s’il a réussi. Après coup, si ça se trouve il lui fallait utiliser l’adresse mail de sa/son femme/fille/fils/... qui aurait fait la réservation du camping.

 

Eh beh, on se croirait sous la mousson. Eclairs, tonnerre, vent violent et pluie abondante. Au cas où, j’ai déconnecté ma multi-prise. Sans onduleur je n’ai pas envie de risquer de voir mon ordi cramer. Ca ne m’étonnerait pas non plus d’avoir une coupure de courant.

 

Il n’y a qu’un couple qui est entré pour manger. Un autre est resté dehors, faire leur popote sous le parasol géant, et tous les autres se sont enfuis. Un peu plus tard les deux jeunes de dehors sont finalement rentrés bien au chaud.

 

Lors du retour de mon brossage de dents, un vilain craquement témoigna de la mort d’un nouvel escargots sous mes godasses. Désolé. En hommage à tous les escargots écrasés, voici mon tout premier haiku (5/7/5) :

 

Hardi l’escargot,

paré de sa coquille,

craque sous nos pieds.

 

Alors ? Il est pas mal pour un premier, non ? Faites mieux alors… dans les commentaires !


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