Au doigt et à l’œil

par C’est Nabum
lundi 12 février 2024

 

Question de méthode.

 

Il semble qu'en bon chef, notre inénarrable Président entend ne voir qu'une seule tête pour que ses troupes marchent d'un même pas, dans la vague direction qu'il leur a fixé lors de son dernier revirement. Pour ne pas être pris au dépourvu, il choisit les siens sur des critères qui sont bien difficiles à cerner pour le commun des observateurs de la chose politique. La seule certitude cependant réside dans son désir d'avoir de nombreux mis en examen.

On peut s'interroger sur ce critère fort peu éthique, s'en étonner et même le déplorer si ce n'est qu'à se dire, qu'après tout, c'est là le moyen le plus sûr de les faire obéir au doigt et à l'œil. Si pour le second terme, l'équivoque n'est guère possible, le premier mérite un approfondissement poussé.

Cependant, il convient de ne pas aller trop vite en besogne. Un ministre mis en examen est susceptible un jour ou l'autre, s'il ne donne pas satisfaction ou s'il lui vient l'envie de trahir, de se retrouver en garde à vue. C'est ainsi que l'avoir à l'œil prend tout son sens. Quant aux loyaux valets, les fidèles, la justice jouera pleinement son rôle en les lavant de toute accusation soit au bénéfice du doute soit en proclamant fièrement un non-lieu, soit plus insidieusement en les déclarant responsables mais pas coupables.

Bon pied bon œil pour qui est en Marche vers une République exemplaire. On ne peut faire pire dans l'hypocrisie et le mensonge mais ceci est rentré dans les mœurs de cette démocratie sans morale. Par contre, le doigt pose un problème majeur et certes bien plus délicat. Que faire de lui et surtout où le mettre exactement.

Si les intéressés savent qu'ils doivent l'avoir sur la couture du pantalon ou bien du tailleur, nous pouvons légitimement nous poser la question pour le doigt de Dieu. Qu'entend-il en faire pour sonder les opinions de ses fidèles ? Où doit-il le mettre pour mesurer leur servitude et leur complaisance ?

Mettre le doigt là où ça fait mal suppose au préalable que la cible soit considérée comme désagréable par sa victime. On mesure qu'il y a là une question de fond qui ne peut s'appliquer pareillement aux uns et aux autres. C'est une question très personnelle dont les répercutions peuvent avoir mauvais genre.

Le Président en la matière, use de son droit régalien pour se prévaloir d'un doigt dont certains peuvent se régaler. Il a la capacité non seulement de pressentir d'où vient le vent mais plus encore qu'elles seront les prochaines tendances. Il n'est d'ailleurs aucunement question de mettre à l'index ce doigt souverain.

Bien sûr, les mauvaises langues ne manqueront pas de faire des gorges chaudes de ce doigt qu'ils auraient l'outrecuidance de placer en un endroit que je ne nommerais pas ici. Il en va de l'honorabilité de la fonction tout autant que celle de son dépositaire. Il s'agit de mettre les pouces pour que cessent de telles rumeurs.

Nous aurons donc ces gens à l'œil afin de ne pas mettre le doigt dans un engrenage détestable. Il faut garder bon pied, bon œil sur ces sujets scabreux et ne pas tomber les deux pieds dans ce piège au risque de se faire légitimement taper sur les doigts. Si l'œil de Moscou n'est pas de mise dans cette démocratie, il n'en demeure pas moins que d'autres instances entendent nous avoir à l'œil à tout instant. Elles sont les courroies de transmission du pouvoir, les phalanges d'une future gente martiale d'un monarque qui n'entend pas passer la main.

 

Illustrations

KAK & Chaunu

 


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