La Pierre, une valeur refuge

par C’est Nabum
jeudi 8 juin 2023

 

Les celtes étaient précurseurs.

 

Il est des mystères qui demeurent insondables en dépit du temps qui passe et des progrès de la technologie. Celui des dolmens ou plus précisément des mégalithes qu'ils soient tournants, sauteurs ou bien qu'ils lévitent, reste encore une énigme pour nos contemporains, plus de deux millénaires après leur dépôt à vue. Seul un bonimenteur peut à défaut de soulever le lièvre ou le crapaud, dévoiler un pan de la vérité.

Les celtes, las d'accumuler des richesses qu'ils ne parvenaient pas à dépenser, cherchèrent le meilleur placement qu'il soit pour leur liquidité. L'époque n'était pas sûre, les gredins et les bandits de grand chemin étaient alors plus nombreux que les contrôleurs fiscaux. Il était bon de ne pas garder de par devers soi une bourse qui pouvait vous coûter la vie. La Suisse alors, était une destination qui exigeait un long et périlleux voyage, il fallut donc trouver solution locale pour ménager son bilan carbone.

Des esprits avisés prétendirent alors que la pierre était une valeur refuge. L'idée fit son chemin sans pourtant qu'on puisse alors lui donner un sens. Qu'entendaient ces illuminés par une telle formule qui ne cessa par la suite de troubler bien des esprits ? Chacun cependant y alla de son interprétation.

Le premier à saisir à bras le corps ce conseil fut un certain Obélix en terre Armoricaine. Entreprenant, le garçon se mit en tête de se lancer dans l'industrie du dolmen. Il espérait ainsi profiter de ses compétences particulières pour développer un réseau de distribution du caillou dressé. Il est vrai que pour lui dresser un menhir était plus simple que faire entendre raison à son petit chien.

Le succès fut immédiat. Partout dans le pays poussèrent des pierres pointues qui regardaient le ciel. Pour beaucoup, elles étaient devenues un talisman pour éviter que le ciel ne leur tombe sur la terre. Sa forme pointue devant dissuader celui-ci de venir s'y frotter. Au-delà de la réussite d'estime, Obélix cependant ne fit pas fortune et n'accumula pas les sesterces dans un quelconque chaudron magique.

C'est d'autres qui tirèrent profit de son succès. Il avait couvert toute la Gaulle de pierres plus ou moins volumineuses, certaines dressées, d'autres couchées et de plus rares, en forme d'animaux. Il y avait là un potentiel qu'il convenait d'exploiter tout en inventant une faribole pour leurrer les petits épargnants, cible préférée de tous les aigrefins quelle que soit l’époque.

Ce fut un concept brillant qui fit le bonheur de ces malandrins. L'un d'eux un jour émit l'idée du « Compte à vue », une curieuse manière de garantir ses économies, non en les cachant mais en leur donnant une visibilité qui les garantirait de toute convoitise. L'exposition de la richesse étant manière plus subtile de la protéger tandis que les cachettes habituelles, excitaient les imaginations.

Ses associés le félicitèrent de cette grande avancée économique. Il leur fallait pousser le concept plus loin pour obtenir l'adhésion de tous et réaliser ainsi une escroquerie d'envergure. C'est ainsi qu'un certain Rothschildix évoqua alors « le compte dormant ». Au pays des fées et des korrigans, une fable à dormir debout ferait parfaitement l'affaire.

Il suffisait de prétendre déposer sous les mégalithes les fortunes accumulées pour prévenir les clients de tout risque de vol. Seulement, si le dépôt exigeait la plus grande discrétion de la part des promoteurs qui ne voulaient pas agir au grand jour, le retrait était assorti de conditions rigoureuses.

Ainsi, l'épargnant crédule ne pouvait récupérer son bien que de nuit, à minuit plus précisément, l'heure où même les écureuils sont gris. Pour corser l'affaire, ce ne pouvait être au mieux qu'une fois l'année, le jour du solstice d'hiver. Les premiers chrétiens qui croyaient encore au petit Jésus par la suite déplacèrent la date à la Noël. Pour d'autres, sportifs dans l'âme, ceci ne pouvait avoir lieu que tous les quatre ans.

Autre astérisque mis au bas du contrat et en si petite taille, l'épargnant ne disposait que des douze coups de la minuit pour récupérer son bien. Notons au passage que les clochers n'existaient pas encore pas plus que l'horloge. L'arnaque était parfaite. Pour corser le tout, des conditions techniques complétaient le tableau. Ainsi, il fallait être seul, ne prévenir personne dans votre entourage et comme par exemple à Tavers avec son dolmen banque de Pierre, se munir d'une poêle à très long manche pour récupérer son bien pendant que le mégalithe se dégourdissait les jambes.

Vous devinerez aisément que les escrocs étaient partis depuis longtemps. Rassurez-vous, si les dolmens, menhirs et autres pierres sauteuses ne font plus l'objet de telles sornettes, d'autres continuent de tromper les gogos, les naïfs, et les innocents en leur répétant sans cesse : « La pierre est une valeur refuge ! ».

C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes de cailloux.

À contre-valeur.


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