Présomption de sénescence

par C’est Nabum
mercredi 14 février 2024

 

L'honneur bafoué d'un sénateur.

 

Le département du Loiret est ébranlé par une étrange rumeur qui nous vient du Palais du Luxembourg. La haute chambre - le Sénat si vous préférez voir vibrer l'individu sous sa toge - n'entend pas de se retrouver en reste dans l'effroyable chasse aux baguettes magiques des sorciers, se trouve elle aussi plonger dans une affaire que l'on qualifie en bas berrichon de « Sexe Tape ». Mais cette fois, au-delà des accusations qui en la matière sont toujours sujettes à caution, se met en branle un phénomène moins glorieux encore, qui consiste à repousser d'un revers de manche le dossier au nom de la présomption de sénescence.

Je reste dubitatif sur ce phénomène qui dénie aux éventuels suspects, la possibilité d'un dérapage, d'une perversion condamnable du simple fait de leur grand âge. Il y a de quoi avoir des sueurs froides en se disant que l'on se refuse à donner crédit à l'accusation, non pas au nom de la morale ou de l'honneur mais simplement en déniant toute virilité aux mis en cause. L'archet du Luxembourg faisant flèche de tout bois pour dédouaner le dard d'un guêpin, montré du doigt.

La présomption de sénescence qui a joué ici impose de prendre la défense à contre-pied des habituels mis en cause. Ils ne sont pas innocents par principe, du fait de leur respectabilité et de leurs fonctions, ils le sont au nom de la vacuité mécanique de l'accusation. C'est une forme d'enterrement en grande pompe de celui qui fut secrétaire d'état tout particulièrement attaché aux collectivités locales en ouvrant le marché funéraire à la concurrence.

Voilà bien un domaine où le bouche à oreille n'a guère fonctionné pour lui accorder une notoriété qui défraierait la chronique. Il fut aussi co-rapporteur de la commission d'enquête Benalla qui semble l'exonérer d'une commission Ben en bas. Le fond du problème se trouve ainsi dans ce refus de considérer les propos de l'accusatrice sous le prétexte fallacieux de son âge.

Que l'accusation soit fondement c'est à l'enquête de l'établir et je ne doute pas un seul instant qu'il en serait ainsi si le vieux sénateur qui a rendu son tablier au terme de 27 belles années de mandat avait la possibilité de faire valoir sa bonne foi avant que de casser sa pipe. Cette fois, l'opinion publique ne joue pas son affreux rôle de procureur parce que les médias salissent l'honneur d'un honorable élu en lui niant la possibilité de quelques frasques sexuelles.

C'est donc de manière véhémente que je réclame la fin de cette insupportable présomption de sénescence en considérant en toute objectivité qu'il est encore en mesure de fauter, de tomber dans les travers qui n'épargnent aucun mâle. Ce serait là une forme de réhabilitation d'un honneur bafoué par un silence qui pèse bien plus que le fracas de la rumeur détestable. C'est encore lui redonner force, opiniâtreté et ténacité pour lui permettre éventuellement de briguer un nouveau mandat local.

L'affaire cessant d'être étouffée, il aurait alors la possibilité de défendre sa virilité en mettant en avant son honneur, sa carrière exemplaire, sa probité légendaire. Il démontrerait alors, comme tout mis en accusation dans pareille situation, les turpitudes de la calomnieuse accusatrice, la laideur insondable de son propos, la bassesse de ses propos.

Au lieu de quoi le silence qui pèse sur le dossier jette une ombre détestable sur l'homme, sur son âge, sur une sénilité sexuelle dont font gorges chaudes les adversaires de plus en plus nombreux du Sénat. Repousser cette surprenante et méprisante présomption de sénescence pour ne faire jouer que la présomption d’innocence est un devoir moral pour chacun d'entre-nous.

Rétablir l'homme dans sa dignité et son honneur c'est tenir comme possible les doutes qui pèsent sur sa personne, lui accordant alors le bénéfice du doute en lui faisant crédit d'une conviction sans borne en faveur de son innocence. De grâce, ne le privez pas d'une sortie honorable en le plaçant sous les feux de la rampe au lieu de le rejeter ainsi dans un oubli dévastateur.

Voilà une affaire qui m'a turlupiné. Pour que ce haut dignitaire de la chose publique sorte grandi à l'instar d'une vérité qui sort toute nue du puits sans jamais rien cacher de ses atours.


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