Le bout du rouleau

par C’est Nabum
mercredi 20 mars 2024

 

Certes, mais lequel ?

 

Il apparaît assez fréquemment que nombre de nos semblables se plaignent amèrement d'être au bout du rouleau. Il convient d'en accepter l'augure en poussant l'investigation pour savoir de quoi il retourne en la matière. Car il y a tant de rouleaux qui parsèment nos existences qu'il serait imprudent de tirer trop vite des conclusions forcément hâtives sur la situation de notre interlocuteur.

Je devine aisément que le premier rouleau qui vous passe par la tête se trouve dans un lieu d'aisance. Il est vrai que pour qui a connu la panne en cet édicule, sait à quel point la situation fort ridicule il est vrai, vous place dans une situation scabreuse si nulle solution de secours ne se présente à vous. C'est alors le moment de regretter de n'avoir pas fait de stocks durant la crise du Covid mais un peu tard hélas !

Oublions cette hypothèse pour nous pencher sur un autre rouleau qui fait bon ménage avec la pâtisserie mais mauvais ménage avec les querelles familiales. Dans pareil cas, celui ou celle qui n'entend pas s'écraser en cas d'un usage contondant de la chose, ira se plaindre au chef de police de violence conjugale. Car dans pareil cas, il y a forcément un bout de ce rouleau qui indique la victime quand l'autre est tenu par l'agresseur.

Recherchons un peu le calme. Le rouleau peut annoncer le printemps et des jours meilleurs. Une petite gâterie que l'on se met en bouche pour les amateurs d'un exotisme qui ne se mène pas à la baguette. Quelques feuilles de menthe viendront donner un caractère champêtre à ce délicieux moment qui s'achève dans la joie et la bonne humeur.

D'autres rouleaux viennent alors réclamer leur part de soleil. Le bigoudi me vient naturellement en tête quoique je ne me suis jamais aventuré à la pratique. J'imagine aisément qu'il y a tout lieu d'être défrisé par l'insuffisance de la chose en cas de mise en pli mais de là à s'arracher les cheveux pour répondre à cette carence, ce serait les couper en quatre.

Passer le rouleau sur un gazon, pourvu qu'il ne fût pas maudit ouvre d'autres perspectives même si on le fait sans but. Dans pareil cas, personne n'est battu comme plâtre tandis que se trouver au bout de l'action, permet de pouvoir entamer la partie. Le rouleau qui écrase l'asphalte est d'une toute autre nature. Celui qui se jette dessous n'en sortira pas gonflé à bloc, c'est le moins que l'on puisse dire.

Ne pensez pas que je profite de l'expression pour étaler ma science ni même des mots sur une feuille blanche. Le rouleau de peinture n'a rien à voir avec le rouleau encreur des imprimeries traditionnelles. Dans le second cas, une seule couche suffit pour imprimer un document qui jadis se lisait sur un rouleau de papyrus.

Il convient alors de revenir à l'origine de l'expression puisque ce fameux rouleau dont on voyait hélas la fin était constitué de pièces de monnaies. En un autre temps qui n'était pas à la carte, dans les banques les commerçants allaient chercher des rouleaux de pièces pour rendre la monnaie. En prenant l'expression pour argent comptant, vous imaginez aisément qu'être au bout du rouleau c'est se trouver dans la dèche, sur la paille ou en défaut de paiement.

D'autres rouleaux vous viendront à l'esprit. Je vous en confie l'exploitation car je devine aisément que je ne viendrai jamais à bout de ce fastidieux billet. Il est vrai que la situation critique que j'ai décrite dans le deuxième paragraphe, m'a contraint à tuer le temps en attendant qu'une âme secourable vienne à mon aide. Ne pas être dans ses petits papiers pour qui fait œuvre d'écriveur a de quoi vous mettre dans l'embarras. Maintenant que je suis sauvé, je peux mettre les bouts et vous souhaiter de vous porter le mieux du monde.

Illustrations : Wassily_Kandinsky


Lire l'article complet, et les commentaires