En selle pour le mythique « Paris-Brest-Paris » randonneur

par Fergus
mercredi 14 août 2019

Organisé tous les quatre ans, le légendaire Paris-Brest-Paris (PBP) s’élancera de la capitale le dimanche 18 août. Si l’on en croit le quotidien Le télégramme du 27 juillet, ils seront 6668 randonneurs, venant de 66 pays, au départ cette année – un record – pour tenter de parcourir dans les délais impartis les 1219 kilomètres de cette épreuve d’endurance. Un sacré défi pour les participants !

Photo FF Vélo

C’est à Rambouillet, dans le superbe cadre de la Bergerie nationale – célèbre notamment pour ses majestueux mérinos –, que le coup d’envoi de ce long périple aller et retour entre l’Île-de-France et la rade de Brest sera donné aux cyclotouristes. Les départs pour les différentes catégories de participants, qu’ils s’élancent en vélo solo, en tandem, en tricycle, s’étaleront en plusieurs vagues du dimanche 16 heures jusque dans l’après-midi du lundi. Âgés « de 18 à 82 ans » selon Le Télégramme, les engagés devront, pour que leur performance soit validée par les organisateurs, parcourir la distance dans un délai de 80, 84 ou 90 heures selon la nature du défi. À noter que tous les participants, jeunes ou moins jeunes, hommes ou femmes, doivent être titulaires de brevets de randonnée de 400 ou 600 km établis dans les mois précédant l’épreuve pour pouvoir s’aligner sur le PBP. 

C’est en 1891 qu’est créé, sous la forme d’une épreuve décennale, le Paris-Brest-Paris à l’initiative de Pierre Giffard, journaliste au quotidien Le Petit Journal. Une première qui voit la victoire de Charles Terront tandis que le seul grand-bi de l’épreuve est rapidement contraint à l’abandon sur les routes de l’époque, non asphaltées ! Le PBP, devenu international dès l’édition suivante en 1901*, voit augmenter en 1911 et en 1921 le nombre de ces randonneurs qu’on appelle alors des « touristes-routiers ». Le temps passant, les courses de vélo sont entretemps devenues de plus en plus courtes pour alléger les charges d’organisation et encourager les initiatives des attaquants. Dès lors, le PBP est progressivement délaissé par les pros, qui ne peuvent plus concilier l’entraînement spécifique qu’exige une épreuve d’endurance de ce type avec le calendrier des courses. C’est ainsi qu’en 1931, les professionnels deviennent très minoritaires dans le nombre des inscrits.

Non organisée en 1941 pour cause de conflit, l’épreuve, qui n’intéresse plus que de rares coureurs professionnels, voit en 1948 la mise en place de deux catégories distinctes chez les amateurs, répartis entre les randonneurs « allure libre », d’une part, et les randonneurs « audax  », d’autre part, ces derniers étant engagés dans un challenge chronométrique régulé, exempt de tout esprit de compétition ; objectif pour les audax : « partir ensemble, arriver ensemble ». L’année 1951 marque la fin de l’aventure professionnelle après la victoire du modeste Maurice Diot, alias « Le teigneux » : Henri Desgrange, directeur du journal sportif L’Équipe, jette l’éponge. Cette année-là, 351 participants ont bouclé le parcours dont 6 femmes en vélo solo.

Près de 12 000 m de dénivelée !

Devenu purement amateur à partir de 1956, le Paris-Brest-Paris adopte un rythme quinquennal en maintenant la cohabitation entre les randonneurs libres et les randonneurs audax. C’est à cette époque que le nombre des participants atteint son plus bas niveau de l’ère post-professionnelle. Cette désaffection dure jusqu’en 1966. En 1971, l’on enregistre enfin un net regain d’intérêt avec la participation de 325 randonneurs libres et 328 randonneurs audax, partis quatre jours auparavant. Huit de ceux-ci, à peine revenus à Paris, s’alignent sur l’épreuve libre et parviennent à boucler la distance dans les délais, malgré plus de 2400 km dans les jambes en une semaine (du jeudi au jeudi) : un exploit stupéfiant ! En 1975, c’est la scission : les audax sont absents ; ils continueront d’organiser leur propre épreuve à partir de l’année suivante en gardant une périodicité quinquennale tandis que les randonneurs libres adoptent le rythme quadriennal – toujours en vigueur – pour ce qui devient officiellement le Paris-Brest-Paris randonneur.

Le nombre des inscrits dépasse les 2000 participants en 1983, puis celui des 3000 en 1991. Le seuil des 5000 est dépassé en 2007, et celui des 6000 en 2015. Lors de cette 18e édition de l’épreuve, l’on a compté 5870 partants sur 6094 inscrits ; parmi eux, 4610 ont vu leur performance homologuée au terme du périple. Combien, parmi les inscrits de 2019, s’élanceront de Rambouillet et boucleront les 1219 km de la 19e édition dans les temps impartis ? Réponse dans les prochains jours. Pour l’anecdote, c’est un Allemand de Dresde, Björn Lenhard, qui détient le record de l’épreuve en 42 heures et 26 minutes pauses incluses ! Le record féminin est détenu depuis 1995 par la Française Brigitte Kerlouet en 44 heures et 14 minutes : la Bretonne est arrivée seulement 54 minutes après les premiers hommes !

Les personnes désireuses d’encourager les participants sur le parcours sont naturellement les bienvenues, notamment dans les sections accidentées où les engagés devront affronter une partie des 11 835 m de dénivelée positive de l’épreuve. Cela vaut tout autant pour les habitants permanents des départements traversés que pour les vacanciers qui y séjournent. Les uns comme les autres pourront, entre autres lieux, voir passer les randonneurs aux points de contrôle de Mortagne-au-Perche, Villaines-la-Juhel, Fougères, Tinténiac, Loudéac, Carhaix et Brest (lien). Tous les participants ne seront pas équipés de la même manière : des dizaines de vélos spéciaux sont engagés. On pourra notamment voir des vélos et tandems couchés, des vélos carénés, ou bien encore des vélos et tandems rameurs. Et peut-être d’autres surprenants prototypes. Bon courage à tous les participants ! Et sincères félicitations à tous ceux qui iront au bout de l’effort, non pour se confronter aux autres engagés, mais pour se mesurer au défi qu’ils se seront lancé à eux-mêmes ! 

Cette année-là, c’est d’ailleurs un Italien du Val d’Aoste qui gagne la course : le légendaire Maurice Garin. Le coureur est naturalisé français peu après. Le Valdotain entrera ensuite dans l’histoire comme vainqueur du 1er Tour de France en 1903.

 

Photo Actu.fr

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