Cherche plage publique désespérément

par Salem Sahli
lundi 19 octobre 2009

La Tunisie dispose d’un joyau naturel irremplaçable, un capital précieux, un patrimoine que beaucoup d’autres pays nous envient. Je veux parler de notre littoral. Et parce qu’il est précieux, fragile et irremplaçable, sa gestion ne doit souffrir aucun amateurisme ni complaisance.

 S’étendant sur 1200 km, il est l’un des mieux préservés en méditerranée, et ce, malgré l’absence pendant de nombreuses années de politique claire en matière d’aménagement, de mise en valeur et de protection du littoral. La dernière décennie a vu le menu législatif relatif à la protection du littoral se mettre en place et s’enrichir année après année. Parallèlement, l’état a mis fin à la multiplicité et à la dispersion des structures ayant en charge le littoral en créant en 1995 l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral (APAL).
 
Malheureusement, malgré l’existence de ce cadre institutionnel et juridique, malgré l’élargissement des prérogatives de l’APAL et malgré les moyens financiers et humains dont elle dispose, nous sommes forcés de constater, qu’au moins sur un point, les actions de l’APAL sont restées bien timides et en deçà des attentes du public. Il s’agit de la préservation de la vocation publique du littoral national.
En effet, sur ce registre, la liste des infractions que nous avons constatées à Hammamet est bien longue. Certaines sont antérieures à la création de l’APAL , mais d’autres sont plus récentes. Le propos ici n’est pas de les énumérer mais de dire notre étonnement devant l’indifférence des services administratifs concernés et le peu de cas fait des doléances des usagers.
 
Aujourd’hui, pour accéder à ce qu’il reste de langue de sable côtier à Hammamet, il vous faut contourner les luxueux hôtels construits les pieds dans l’eau. Sur les 17 km de côtes, le public ne dispose que de huit accès à la mer aménagés. De nombreux habitants empruntent les oueds pour rejoindre le rivage. Il arrive fréquemment que des citoyens aient maille à partir avec des propriétaires qui se sont autorisés à "privatiser" une plage. D’autres se sont purement et simplement appropriés des accès publics à la mer. Cela fait plusieurs années que d’énormes blocs de pierre ont été entreposés sur le domaine public maritime (DPM) à hauteur de l’Hôtel Phénicia, entre celui-ci et l’oued Baten. L’ouvrage constitue un obstacle artificiel étendu sur toute la largeur de la plage, entravant la libre circulation le long du littoral et de surcroît dangereux pour les promeneurs. Mais là encore personne ne bouge.
 
Au total, à Hammamet, il ne faut pas être grand clerc pour se rendre compte, qu’années après années, les plages publiques rétrécissent comme une peau de chagrin. Et nous sommes en droit de nous poser la question suivante : Que restera-t-il de nos plages publiques si les autorisations d’occupation du DPM continuent à être généreusement délivrées aux promoteurs touristiques ?
 
Les pressions sur le littoral hammamétois sont tellement intenses que, si nous n’y prenons garde, il ne restera pratiquement plus un pouce de rivage qui ne soit loti, bétonné ou doté d’équipements divers.
 
Nous sommes bien sûr convaincus de l’importance du secteur touristique dans l’économie du pays. Nous sommes conscients qu’il constitue un acquis national qu’il faut sauvegarder, promouvoir et auquel il faut garantir toutes les conditions d’un développement durable. Toutefois, nous refusons que ce secteur accapare les dernières plages publiques qui restent à Hammamet, et sollicitons l’intervention de l’APAL afin de veiller au respect des principes du libre accès au rivage et de la libre circulation le long du littoral. Ce faisant, ce ne sera que justice rendue à des citoyens qui ne sont pas tous nés les pieds dans l’eau.
 

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