Caroline Parmentier, l’ombre d’un passé sulfureux dans la dédiabolisation du RN

par Yves Guéchi
samedi 28 juin 2025

Figure emblématique du Rassemblement National, Caroline Parmentier incarne la stratégie de normalisation du parti. Pourtant, son passé journalistique au sein du journal d’extrême droite Présent révèle une longue histoire de propos racistes, antisémites, homophobes et ultraconservateurs. Entre nostalgie vichyste, intégrisme religieux et haine de l’autre, le parcours de cette députée interroge sur la réalité du virage prétendument républicain du RN.

Derrière l'image policée que tente d’afficher aujourd’hui le Rassemblement National, se cache un passé beaucoup plus sombre. Caroline Parmentier, aujourd’hui députée du Pas-de-Calais et figure stratégique du parti, incarne à elle seule les contradictions de cette entreprise de normalisation. Celle que Marine Le Pen qualifie de « femme de talent » et de « fidèle combattante » a passé plus de trente ans à la rédaction du journal Présent, un quotidien d’extrême droite ouvertement ancré dans l’idéologie maurrassienne, dont la devise — Dieu, famille, patrie — en dit long sur son orientation idéologique.

Une carrière journalistique entachée par des propos haineux

Durant trois décennies, Caroline Parmentier a signé des articles où se mêlent propos xénophobes, antisémites, homophobes et ultraconservateurs. Dans ses écrits, les supporters de football sont comparés à des « babouins », les jeunes issus de l’immigration sont qualifiés de « voyous ethniques », et les personnes issues de la communauté des gens du voyage sont déshumanisées à travers des stéréotypes abjects.

En 1995, la journaliste est condamnée pour diffamation raciste, un jugement confirmé jusqu’en Cour de cassation. Pourtant, elle considère cette décision judiciaire comme un honneur, allant jusqu’à s’en féliciter publiquement des années plus tard.

Antisémitisme et nostalgie vichyste

Au fil de ses chroniques, Parmentier s’est distinguée par des références explicites à des figures de la collaboration avec l’occupant nazi. Elle a ainsi encensé Robert Brasillach, auteur fasciste fusillé en 1945, et défendu Philippe Pétain, présenté comme une victime de la « diabolisation » de l’Histoire officielle. En 2012, elle s’en prend violemment à Simone Veil, la traitant de « grosse » et assimilant la loi sur l’avortement qu’elle porta à un « génocide ». Cette rhétorique nauséabonde se retrouve dans sa critique des figures publiques issues de la diversité ou encore dans ses interrogations sur l’existence d’un « lobby juif », un terme qu’elle défend bec et ongles.

Une homophobie virulente

L’homosexualité est l’un des autres chevaux de bataille de Caroline Parmentier. Elle dénonce les réalisateurs, les œuvres, les campagnes de prévention du sida, et s’élève violemment contre le préservatif, qu’elle qualifie de « tromperie criminelle ». Les termes qu’elle emploie pour évoquer les personnes LGBTQ+ ou les militants associatifs — comme « Gaystapo » — témoignent d’un rejet frontal des droits et des libertés de ces populations.

Une figure du conservatisme religieux

Fidèle aux thèses traditionalistes, elle a été formée dans le sillage de Jean Madiran, écrivain antisémite et mentor du journal Présent, où elle deviendra rédactrice en chef. Elle défend avec ardeur les valeurs les plus conservatrices de l’Église, condamne la laïcité républicaine qu’elle perçoit comme une menace, et prend la défense de l’Église catholique même face aux scandales de pédocriminalité.

Un double visage inquiétant

Aujourd’hui, Caroline Parmentier est l’une des élues les plus influentes du Rassemblement National. Elle siège comme vice-présidente du groupe parlementaire RN à l’Assemblée nationale, et occupe également une place symboliquement forte comme vice-présidente de la délégation aux droits des enfants. Un comble, pour celle qui a passé des années à propager la haine et à relativiser les violences sexuelles au sein de l’Église.

Sa trajectoire questionne profondément la sincérité du virage dit « républicain » que le RN veut afficher. Peut-on réellement croire à une dédiabolisation d’un parti quand l’une de ses figures stratégiques défend encore, sans détour, des écrits qui relèvent d’un autre siècle, empreints d’idéologies racialistes, sexistes et antirépublicaines ?

Derrière la vitrine du renouveau, le fond idéologique reste inchangé — et le cas Parmentier en est une démonstration éclatante. Il appartient aux citoyens, aux médias et aux institutions de ne pas se laisser abuser par les habits neufs d’une extrême droite qui a seulement changé de langage, mais pas de convictions.


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