« Un carnage » : à Gaza, Israël massacre chaque jour des civils affamés
par Alain Marshal
samedi 28 juin 2025
Cet article de Haaretz dévoile une horreur d’un cynisme glaçant, digne des pires dystopies : Israël organise des distributions d’aide non pour soulager la faim, mais en guise d'alibi pour couvrir l’extermination. Chaque attroupement devient prétexte à une tuerie gratuite. Le tout rendu possible par la complicité des médias qui déshumanisent les Palestiniens, et l’hypocrisie de Haaretz lui-même.
Haaretz, 27 juin 2025
Traduction et notes entre crochets Alain Marshal
Des officiers et soldats de l’armée israélienne ont déclaré à Haaretz avoir reçu pour consigne d’ouvrir le feu sur des foules non armées près des points de distribution alimentaire à Gaza, même en l’absence de toute menace. Des centaines de Palestiniens ont été tués, poussant le parquet militaire à réclamer [hypocritement] l’ouverture d’une enquête sur de possibles crimes de guerre
Des soldats israéliens déployés à Gaza ont confié à Haaretz que l’armée avait délibérément tiré sur des Palestiniens rassemblés aux abords des centres de distribution d’aide au cours du mois dernier.
Les échanges avec des officiers et soldats révèlent que les commandants ont ordonné aux troupes de tirer sur les foules pour les repousser ou les disperser, alors qu’il était évident qu’elles ne représentaient aucun danger.
Un soldat a décrit la situation comme un effondrement total des principes éthiques de l'armée israélienne à Gaza [il ne s'agit de rien moins que des « principes éthiques » de l'armée nazie : tant Hitler que Netanyahou considéraient qu'ils combattaient des sous-hommes nuisibles voués à l'extermination].
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas [l'hypocrisie de Haaretz dans toute sa splendeur : jeter un doute sur des données incontestables en leur donnant un caractère militant, et même « terroriste »], 549 personnes ont été tuées à proximité des centres d’aide ou dans les zones où les habitants attendaient les camions alimentaires de l’ONU depuis le 27 mai. Plus de 4 000 personnes ont été blessées, mais le nombre exact de victimes imputables aux tirs de l’armée israélienne reste incertain.
Haaretz a appris que le procureur général militaire a ordonné au Mécanisme d’évaluation et d’enquête de l’état-major – une instance chargée d’examiner les incidents susceptibles de constituer des violations du droit de la guerre – d’enquêter sur les crimes de guerre présumés commis dans ces zones [comparée à cette instance, l'IGPN est un modèle de transparence et d'impartialité].
Les centres d’aide de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF) ont commencé à opérer dans la bande de Gaza à la fin mai. Les circonstances de la création de cette fondation et ses sources de financement demeurent opaques : on sait seulement qu’elle a été établie par Israël en coordination avec des évangéliques américains et des sociétés privées de sécurité. Son directeur actuel est un leader évangélique proche du président américain Donald Trump et du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
La GHF gère quatre points de distribution alimentaire – trois dans le sud de Gaza, un au centre – appelés dans l’armée israélienne « centres de distribution rapide » (Mahpazim). Ils sont tenus par des travailleurs américains et palestiniens, et sécurisés par l’armée israélienne, stationnée à plusieurs centaines de mètres.
Chaque jour, des milliers, voire des dizaines de milliers de Gazaouis se rendent à ces centres pour y récupérer de la nourriture.
Contrairement aux promesses initiales de la fondation, la distribution s’y déroule dans le chaos, la foule se précipitant sur les piles de cartons. Depuis leur ouverture, Haaretz a recensé 19 incidents impliquant des tirs à proximité de ces centres. Bien que l’identité des tireurs ne soit pas toujours claire, l’armée israélienne n’autorise pas la présence d’individus armés dans ces zones humanitaires sans en être informée.
Voir Hunger Games : Israël force les Gazaouis à mourir de faim ou à risquer leur vie (Haaretz)
Ces centres n’ouvrent généralement qu’une heure chaque matin. D’après les soldats et officiers ayant servi dans ces secteurs, l’armée tire sur les personnes qui arrivent avant l’ouverture afin de les dissuader de s’approcher, ou à nouveau après la fermeture pour les disperser. Certains tirs ayant eu lieu de nuit, avant l’ouverture, il est possible que certains civils n’aient pas perçu les limites de la zone désignée.
« C’est une zone de carnage », a déclaré un soldat. « Là où j’étais posté, entre une et cinq personnes étaient tuées chaque jour. Elles sont traitées comme une force hostile – aucune méthode de dispersion, pas de gaz lacrymogène – uniquement des tirs à balles réelles, avec tout ce qu’on peut imaginer : mitrailleuses lourdes, lance-grenades, mortiers. Puis, une fois le centre ouvert, les tirs cessent et elles savent qu’elles peuvent s’approcher. Notre seule forme de communication, ce sont les tirs. »
Le soldat a ajouté : « Nous ouvrons le feu tôt le matin si quelqu’un tente de faire la queue à quelques centaines de mètres, et parfois, nous fonçons simplement sur eux à courte distance Mais il n’y a aucun danger pour les troupes. » Selon lui : « Je ne connais aucun cas de riposte. Il n’y a ni ennemi, ni armes. » Il a également indiqué que l’activité dans sa zone est appelée « Opération Poisson salé », d’après la version israélienne du jeu pour enfants 1, 2, 3 Soleil.
Des officiers israéliens ont déclaré à Haaretz que l’armée empêche que des images de ce qui se passe autour des centres d’aide soient rendues publiques, en Israël comme à l’étranger. D’après eux, l’armée estime que les opérations de la GHF ont permis d’éviter un effondrement total de la légitimité internationale de la guerre. Ils considèrent que l’armée israélienne est parvenue à transformer Gaza en « arrière-cour », en particulier depuis le début du conflit avec l’Iran.
« Gaza ne suscite plus aucun intérêt pour personne », a affirmé un réserviste qui vient d’achever une nouvelle période de service dans le nord de la bande. « C’est devenu un endroit régi par ses propres règles. La perte de vies humaines n’a plus aucune importance. Ce n’est même plus un "incident malheureux", comme on disait autrefois. »
Un officier affecté à la sécurité d’un centre de distribution a qualifié l’approche de l’armée israélienne de profondément défaillante : « Travailler avec une population civile alors que votre seul moyen d’interaction est d’ouvrir le feu est, pour le dire avec retenue, hautement problématique », a-t-il déclaré à Haaretz. « Il n’est ni éthique ni moralement acceptable que des personnes doivent atteindre – ou échouent à atteindre – une [zone humanitaire] sous les tirs de chars, de snipers et d’obus de mortier. »
L’officier a précisé que la sécurité des sites est organisée en plusieurs cercles. À l’intérieur des centres et du « couloir » d’accès se trouvent des travailleurs américains ; l’armée israélienne n’est pas autorisée à y pénétrer. Un cercle extérieur est constitué de superviseurs palestiniens, dont certains sont armés et affiliés à la milice Abu Shabab [affiliée à Daech et ouvertement soutenue par Israël].
Le périmètre de sécurité mis en place par l’armée israélienne comprend des chars, des tireurs embusqués et des mortiers, dont le rôle, selon cet officier, est de protéger les personnes présentes et de garantir que la distribution d’aide puisse avoir lieu.
« La nuit, nous ouvrons le feu pour signaler à la population qu’il s’agit d’une zone de combat et qu’elle ne doit pas s’en approcher », a déclaré l’officier. « Une fois, a-t-il raconté, les tirs de mortier ont cessé, et nous avons vu des gens commencer à s’approcher. Nous avons donc repris les tirs pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient pas le droit d’approcher. Finalement, un des obus est tombé sur un groupe de personnes. »
Dans d’autres cas, a-t-il poursuivi, « nous avons tiré à la mitrailleuse depuis des chars et lancé des grenades. Il y a eu un incident où un groupe de civils a été touché alors qu’il avançait à couvert dans le brouillard. Ce n’était pas intentionnel [quelle hypocrisie], mais ce genre de chose arrive. »
Il a précisé qu’il y avait également eu des morts et des blessés parmi les soldats de l’armée israélienne lors de ces incidents. « Une brigade de combat n’est pas équipée pour gérer une population civile dans une zone de guerre. Tirer des mortiers pour tenir à distance des gens affamés n’est ni professionnel ni humain. Je sais qu’il y a des membres du Hamas parmi eux [propagande ignoble : Israël considère tout homme palestinien de plus de 16 ans comme un membre du Hamas], mais il y a aussi des personnes qui veulent simplement recevoir de l’aide. En tant que pays, nous avons la responsabilité de faire en sorte que cela se fasse en toute sécurité », a déclaré l’officier.
Il a également souligné un autre problème lié aux centres de distribution : leur manque de régularité. Les habitants ne savent pas quand chaque centre va ouvrir, ce qui accentue la pression sur les lieux et contribue à mettre en danger les civils.
« Je ne sais pas qui prend les décisions, mais nous donnons des instructions à la population, et ensuite, soit nous ne les appliquons pas, soit nous les changeons », a-t-il déclaré.
« Au début du mois, on nous a signalé qu’un message avait été diffusé annonçant que le centre ouvrirait dans l’après-midi, et les gens sont venus tôt le matin pour être les premiers à recevoir de la nourriture. Comme ils étaient arrivés trop tôt, la distribution a été annulée ce jour-là. »
Des opérateurs privés en guise de shérifs
Selon les témoignages de commandants et de combattants, l’armée israélienne était censée maintenir une distance de sécurité par rapport aux zones habitées par les Palestiniens et aux points de distribution alimentaire. Toutefois, les actions des troupes sur le terrain ne correspondent pas aux plans opérationnels.
« Aujourd’hui, tout opérateur privé travaillant à Gaza avec du matériel d’ingénierie reçoit 5 000 shekels [environ 1 500 dollars] pour chaque maison qu’il démolit », a déclaré un combattant vétéran. « Ils font fortune. À leurs yeux, chaque moment où ils ne démolissent pas de maisons est une perte d’argent, et les forces doivent sécuriser leur travail. Les opérateurs, qui agissent comme une sorte de shérifs, démolissent où ils veulent sur toute la ligne de front. »
En conséquence, a-t-il ajouté, la campagne de démolition menée par les opérateurs privés les amène, avec leurs équipes de sécurité relativement réduites, à opérer à proximité des centres de distribution ou le long des itinéraires empruntés par les camions d’aide humanitaire.
« Pour se protéger, [les opérateurs] déclenchent des tirs, et des personnes sont tuées », a-t-il déclaré. « Ce sont des zones où les Palestiniens ont le droit de se trouver – c’est nous qui nous sommes rapprochés et avons décidé qu’ils représentaient une menace. Ainsi, pour qu’un entrepreneur gagne 5 000 shekels de plus en démolissant une maison, on estime acceptable de tuer des gens qui cherchent simplement à se nourrir. »
Un officier supérieur dont le nom revient fréquemment dans les témoignages relatifs aux fusillades près des points d’aide humanitaire est le général de brigade Yehuda Vach, commandant de la division 252 de l’armée israélienne. Haaretz a déjà rapporté comment Vach a transformé le corridor de Netzarim en une voie mortelle, mis en danger les soldats sur le terrain et été soupçonné d’avoir ordonné la destruction d’un hôpital à Gaza sans autorisation [Haaretz laisse entendre que les destructions d'hôpitaux seraient des actes individuels non cautionnés par la hiérarchie militaire, alors qu'il s'agit d'une politique systématique et assumée visant à rendre Gaza invivable et à parachever le génocide].
Désormais, un officier de cette division affirme que Vach a décidé de disperser les rassemblements de Palestiniens attendant les camions d’aide de l’ONU en ouvrant le feu. « C’est la politique de Vach », a déclaré l’officier, « mais de nombreux commandants et soldats l’ont acceptée sans poser de questions. [Les Palestiniens] ne sont pas censés être là, donc l’idée est de s’assurer qu’ils s’en aillent, même s’ils sont là uniquement pour obtenir de la nourriture. »
La division de Vach n’est pas la seule à opérer dans la région, et il est possible que d’autres officiers aient également donné l’ordre de tirer sur des personnes venues chercher de l’aide.
Un soldat de réserve de la division blindée ayant récemment servi au sein de la division 252 dans le nord de Gaza a confirmé ces faits et expliqué la « procédure de dissuasion » de l’armée israélienne pour disperser les civils qui se rassemblent en violation des ordres militaires.
« Les adolescents qui attendent les camions se cachent derrière des monticules de terre, puis se précipitent vers eux lorsqu’ils passent ou s’arrêtent aux points de distribution », a-t-il raconté. « On les aperçoit généralement à des centaines de mètres ; ce n’est pas une situation où ils représentent une menace pour nous. »
Lors d’un incident, un soldat a reçu l’ordre de tirer un obus en direction d’une foule rassemblée près du littoral. « Techniquement, c’est censé être un tir d’avertissement – pour faire reculer les gens ou les empêcher d’avancer », a-t-il expliqué. « Mais ces derniers temps, tirer des obus est devenu une routine. À chaque tir, il y a des blessés et des morts, et lorsqu’on demande pourquoi un obus est nécessaire, il n’y a jamais de réponse satisfaisante. Parfois, le simple fait de poser la question irrite les commandants. »
Dans ce cas précis, certaines personnes ont commencé à fuir après le tir, et selon le soldat, d’autres unités ont alors ouvert le feu sur elles. « Si c’est un tir d’avertissement, et qu’on les voit courir vers Gaza, pourquoi tirer sur eux ? » a-t-il demandé. « Parfois, on nous dit qu’ils se cachent encore et qu’il faut tirer dans leur direction parce qu’ils ne sont pas partis. Mais c’est évident qu’ils ne peuvent pas partir si, dès qu’ils se lèvent et courent, on ouvre le feu. »
Le soldat a déclaré que ce genre de situation était désormais devenu la norme. « On sait que ce n’est pas juste. On sent que ce n’est pas juste – que les commandants, ici, s’arrogent le droit de faire la loi. Mais Gaza est un univers parallèle. On passe vite à autre chose. La vérité, c’est que la plupart des gens ne prennent même pas le temps d’y réfléchir. » [Haaretz fait toutes les contorsions pour nous noyer dans les détails de chaque cas individuel, afin d'éviter de reconnaitre l'évidence de l'image d'ensemble, à savoir qu'il s'agit d'un processus méthodique délibéré : dans son projet de nettoyage ethnique, Israël veut terroriser la population palestinienne, la désespérer, afin que le plus grand nombre décide de partir]
Au début de la semaine, des soldats de la division 252 ont ouvert le feu à un carrefour où des civils attendaient l’arrivée de camions d’aide humanitaire. Un commandant présent sur le terrain a donné l’ordre de tirer directement au centre du carrefour, tuant huit civils, dont des adolescents. L’incident a été signalé à l’ancien chef du commandement sud, le général de division Yaron Finkelman, mais jusqu’à présent, en dehors d’un examen préliminaire, il n’a pris aucune mesure et n’a pas demandé d’explications au général Vach concernant le nombre élevé de victimes dans son secteur.
« J’étais présent lors d’un événement similaire. D’après ce qu’on a entendu, plus de dix personnes y ont été tuées », a déclaré un autre officier supérieur de réserve commandant les forces dans la région. « Quand on a demandé pourquoi ils avaient ouvert le feu, on nous a répondu que c’était un ordre venu d’en haut et que les civils représentaient une menace pour les troupes. Je peux affirmer avec certitude que les gens n’étaient pas proches des forces et ne les mettaient pas en danger. C’était inutile – ils ont été tués pour rien. Ce phénomène, tuer des innocents, est devenu normalisé. On nous a répété en permanence qu’il n’y avait pas de non-combattants à Gaza, et visiblement, ce message a été bien assimilé par les troupes. »
Un officier supérieur connaissant bien les combats à Gaza estime que cela représente une nouvelle détérioration des normes morales de l’armée israélienne [le fait même de parler de morale pour une armée terroriste et génocidaire depuis 1948 et même avant est indécent]. « Le pouvoir que détiennent les commandants de terrain par rapport à l’état-major général menace la chaîne de commandement », a-t-il déclaré.
Selon lui, « ma plus grande crainte, c’est que les tirs et les dommages infligés aux civils à Gaza ne résultent pas d’une nécessité opérationnelle ou d’une erreur de jugement, mais soient le produit d’une idéologie défendue par les commandants sur le terrain, qu’ils transmettent ensuite aux troupes sous la forme d’un plan opérationnel [tous les plus hauts responsables politiques et militaires israéliens ont proclamé ces politiques ouvertement depuis le 7 octobre, il ne s'agit nullement de décisions sur le terrain]. »
Bombardements contre des civils
Ces dernières semaines, le nombre de victimes près des zones de distribution alimentaire a fortement augmenté : 57 le 11 juin, 59 le 17 juin et environ 50 le 24 juin, selon le ministère de la Santé de Gaza. En réponse, une réunion s’est tenue au sein du Commandement sud, où il est apparu que les troupes avaient commencé à disperser les foules à l’aide de tirs d’artillerie.
« Ils parlent de l’utilisation de l’artillerie sur un carrefour bondé de civils comme si c’était quelque chose de normal », a déclaré une source militaire présente à la réunion. « Toute la discussion porte sur le bien-fondé ou non de l’utilisation de l’artillerie, sans même se demander pourquoi cette arme est utilisée en premier lieu. Ce qui préoccupe tout le monde, c’est de savoir si cela nuira à notre légitimité à continuer d’opérer à Gaza. L’aspect moral est pratiquement inexistant. Personne ne prend le temps de se demander pourquoi des dizaines de civils à la recherche de nourriture sont tués chaque jour. »
Un autre officier supérieur, connaissant bien les combats à Gaza, a déclaré que la banalisation des meurtres de civils avait souvent encouragé les tirs à leur encontre aux abords des centres de distribution d’aide.
« Le fait que des tirs à balles réelles soient dirigés contre une population civile – qu’ils proviennent de l’artillerie, de chars, de tireurs d’élite ou de drones – va à l’encontre de tout ce que l’armée est censée représenter », a-t-il déclaré, critiquant les décisions prises sur le terrain. « Pourquoi des gens venus chercher de la nourriture sont-ils tués simplement parce qu’ils ont franchi une ligne, ou parce qu’un commandant n’apprécie pas qu’ils aient doublé la file ? Comment en est-on arrivé à un point où un adolescent est prêt à risquer sa vie juste pour attraper un sac de riz sur un camion ? Et c’est contre lui que nous tirons à l’artillerie ? »
Outre les tirs de l’armée israélienne, des sources militaires affirment que certaines des victimes près des centres de distribution d’aide ont été tuées par des tirs provenant de milices que l’armée israélienne soutient et arme. Selon un officier, l’armée continue d’apporter son appui au groupe Abu Shabab et à d’autres factions.
« Il existe de nombreux groupes opposés au Hamas – mais Abu Shabab est allé encore plus loin », a-t-il expliqué. « Ils contrôlent des territoires où le Hamas ne met pas les pieds, et l’armée israélienne les encourage dans cette voie. »
Un autre officier a fait remarquer : « Je suis stationné là-bas, et même moi, je ne sais plus qui tire sur qui. »
Lors d’une réunion à huis clos cette semaine avec des hauts responsables du bureau du procureur général militaire, convoquée à la lumière des dizaines de morts civiles recensées quotidiennement à proximité des zones d’aide, les juristes ont demandé que ces incidents soient examinés par le Mécanisme d’évaluation des faits de l’état-major général de l’armée israélienne. Cet organe, créé à la suite de l’affaire de la flottille du Mavi Marmara, est chargé d’enquêter sur les cas de suspicion de violations du droit de la guerre, afin de [laver plus blanc que blanc les coupables et] désamorcer les appels à des enquêtes internationales visant les soldats de Tsahal pour crimes de guerre présumés.
Au cours de la réunion, les hauts responsables juridiques ont indiqué que les critiques internationales liées aux morts de civils s’intensifiaient. Mais les officiers supérieurs de Tsahal et du commandement sud ont maintenu que ces cas étaient isolés, et que les tirs visaient des individus suspects représentant une menace pour les troupes [comment oser imprimer de telles inepties après près de deux ans de génocide assumé ?].
Une source présente à la réunion a confié à Haaretz que les représentants du bureau du procureur militaire avaient rejeté les affirmations de l’armée israélienne. Selon eux, ces arguments ne résistent pas aux faits sur le terrain. « Dire qu’il s’agit de cas isolés ne correspond pas aux incidents où des grenades ont été larguées depuis les airs, ni à ceux où des tirs de mortiers et d’artillerie ont visé des civils », a déclaré un responsable juridique. « Il ne s’agit pas de quelques morts, mais de dizaines de victimes chaque jour. »
Bien que le procureur militaire ait chargé le mécanisme d’évaluation d’examiner certains récents incidents de tirs, ceux-ci ne représentent qu’une faible part des cas dans lesquels des centaines de civils non impliqués ont été tués.
Des officiers supérieurs de l’armée ont exprimé leur frustration face à l’absence d’enquêtes sérieuses menées par le commandement sud, qu’ils accusent de fermer les yeux sur les morts civiles à Gaza. Selon des sources militaires, le chef du commandement sud, le général de division Yaron Finkelman, se limite généralement à des enquêtes préliminaires fondées principalement sur les témoignages des commandants sur le terrain. Il n’a pris aucune mesure disciplinaire à l’encontre des officiers dont les soldats ont causé des pertes civiles, malgré des violations manifestes des ordres de Tsahal et des lois de la guerre [Haaretz réalise l'exploit de dénoncer des crimes tout en dédouanant l'armée israélienne].
Un porte-parole de l’armée israélienne a répondu : « Le Hamas est une organisation terroriste brutale qui affame la population de Gaza et la met en danger pour préserver son pouvoir dans la bande de Gaza. Il fait tout pour empêcher la bonne distribution de nourriture et perturber l’aide humanitaire. L’armée israélienne autorise l’organisation civile américaine (GHF) à opérer de manière indépendante et à distribuer de l’aide aux habitants de Gaza. Elle agit à proximité des nouvelles zones de distribution pour permettre cette aide tout en poursuivant ses opérations dans la bande. » [la vérité, rapportée même par les médias occidentaux, est que le groupe terroriste Abu Shabab, soutenu par Israël, pille l'aide humanitaire, et que c'est le Hamas qui rétablit l'ordre, quand ses membres ne sont pas assassinés par Israël].
« Dans le cadre de leur conduite opérationnelle à proximité des principaux axes menant aux centres de distribution, les forces de Tsahal mènent un processus d’apprentissage systématique afin d’améliorer leur réponse sur le terrain et de réduire autant que possible les frictions avec la population. Récemment, les forces ont réorganisé la zone en installant de nouvelles clôtures, une signalisation, en ouvrant des voies d’accès supplémentaires, etc. À la suite d’incidents au cours desquels des civils se rendant aux centres de distribution auraient été blessés, des enquêtes approfondies ont été menées, et des consignes ont été données aux forces sur le terrain sur la base des enseignements tirés. Ces incidents ont été transmis au mécanisme de débriefing de l’état-major général. » [ignoble hasbara, qui montre bien les limites du sionisme de gauche de Haaretz et consorts]
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