Les Français et l’esprit d’entreprise

par Frédéric Casagrande
jeudi 9 juin 2005

Je suis souvent frappé par cette idée reçue qui dit que "Les Français n’ont pas l’esprit d’entreprise". Dans l’Expansion du mois de mai, un article de Franck Dedieu lève le doute sur une réalité qui met en avant un problème plus vaste que « l’esprit d’entreprise ». En effet, contrairement aux idées reçues, les petites entreprises sont de 30% plus nombreuses en France qu’aux Etats-Unis (230 TPE pour 10.000 habitants contre 176 outre-Atlantique). La crise de l’emploi est en partie en cause, puisque le nombre croissant d’entreprises qui fleurissent dans l’hexagone bénéficie grandement des porteurs de projets « en réorientation professionnelle », qui, plutôt que de subir un chômage de plus en plus difficile, préfèrent tenter la grande aventure de l’entrepreneuriat.

Bref, les Français créent des entreprises, beaucoup même, puisque 2004 a vu 320.000 nouvelles immatriculations, et c’est une bonne chose, quoi qu’on en dise. Mais ces entreprises ont du mal à se développer et à créer des emplois (dans les quatre ans qui suivent leur création, les PME américaines créent deux fois plus d’emplois que nos SARL), sans même parler du taux de mortalité important qui décime les rangs de nos entrepreneurs (50% ne survivent pas à leur cinquième exercice, 60% aux Etats-Unis). En effet, les politiques économiques de l’Etat sont très axées sur le lancement des entreprises. Aides, exonérations, enveloppes et autres procédures facilitent la création, mais la situation devient souvent préoccupante dès que le soutient de l’Etat cesse. De plus, dès qu’une société sort un tant soit peu du lot, il se trouve souvent un grand groupe qui la rachète, créant ainsi une véritable pénurie de structures intermédiaires, de celles qui créent de l’emploi.

Je parlais il y a peu du financement au démarrage et au développement des entreprises innovantes. Cet aspect n’est pas le seul sur lequel il faille aujourd’hui chercher d’autres pistes pour que les PME françaises perdurent et puissent créer de l’emploi. Trouver des synergies et se rapprocher les unes des autres en créant un tissus relationnel fort entre les entrepreneurs, par exemple  ? Le débat est ouvert, mais qu’on ne dise plus que les Français n’ont pas l’esprit d’entreprise !


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