Expulsion d’un immeuble place Jacques Bonsergent à Paris

par izido
mercredi 7 décembre 2011

Le 6 décembre, il est environ 19h30 lorsque plus de sept cars de CRS arrivent place Jacques Bonsergent à Paris, dans le 10ème arrondissement. On leur demande pourquoi ils sont là. "On ne sait pas, on nous a dit de venir ici, alors on vient." Ils ne savent pas, nous non plus. Ils sont plus de 50, on se dit qu'ils ont débusqué un gang de stupéfiant ou les correspondants de Ben Laden. On compte plus de CRS que de passant sur la place... c'est assez effrayant..

On commence à comprendre, grâce aux badauds qui commencent à s’agglutiner, pour regarder "le spectacle". Un immeuble de la place est squatté, les CRS sont venus en force pour les expulser. Trafic de drogues ? Non. Juste une expulsion. Certains disent que l'immeuble a été vendu, qu'il va devenir une "farfouille" ou autre magasin de bibelots. C'est vrai que les besoins d'appartements à Paris sont limités...

Les squatteurs hurlent à la fenêtre leur droit à un logement, dénoncent le marché de l'immobilier parisien. La foule amassée sur la place, encadrée par les CRS, scandent son soutien.

Les forces de l'ordre agitent ce quartier d'ordinaire plutôt calme. Ils commencent à enfoncer le rideau de fer qui bloque l'accès à l'immeuble. Les habitants des alentours se mettent sur le balcon, certains diffusent l'international depuis leur appartement, d'autres ferment les volets. 

Il y a une femme et son enfant dans l'immeuble, au deuxième étage. Elle est révoltée, nous dit ne plus avoir de notion du temps lorsqu'on tente de savoir depuis combien de temps elle occupe l'appartement. Ils ne sont pas plus de 10. Ils ne font aucune menace, ne sont pas violents, ils regardent les policiers et la resistance du rideau de fer. Ils ne peuvent rien faire, invite les passants à filmer, à être solidaires. En bas, il y a de plus en plus de CRS, autant de forces qui ne sont pas dans les quartiers difficiles. En désespoire de cause, constatant l'entrée des CRS, trois adultes et un enfant se réfugient sur les petits balcons qui entourent les fenêtres, l'un d'entre eux choisit de se coller au mur, face au vide. La scène est poignante.

Témoins impuissants, nous prenons des photos, certains occupants sont evacués dans un bus, les balcons sont toujours occupés par une femme et son enfant et un homme. Le vide tent toujours les bras à l'un d'eux. Les pompiers arrivent.

Il est minuit, il n'en reste plus qu'un, sur le rebord d'un balcon.

Les forces de l'ordre font leur travail, mais surtout dans les quartiers riches et favorisés, montrent leurs muscles là ou il n'y que peu de délinquance. Fort à parier que cet immeuble dans le fin fond de la cité de la courneuve, même vendu, n'aurait pas déplacé autant de CRS.

Une fois de plus, ils soignent les effets sans s'attacher à la cause. "Nous avons tous droit à un toit, et leur déplaise : à Paris aussi".


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