Colonialisme : suprémacisme ?

par Paul Jael
jeudi 7 décembre 2023

 

Dans mon dernier article sur Agora vox (23/11), consacré à l’extrême droite, je considérais trois catégories de mouvements et de partis assimilables à l’extrême droite. L’un d’eux était le suprémacisme. Je donnais le Ku Klux Klan comme exemple principal mais j’évoquais la possibilité d’y intégrer l’OAS . Ce qui me valut un commentaire que je retranscris ici :

Aucun rapport entre le KKK et l’OAS qui défendait l’idée que l’Algérie devait rester française et s’opposait au changement radical de politique de de Gaulle passant de la France « de Dunkerque à Tamanrasset » à l’indépendance. 

Il me semble intéressant de revenir sur cette question, car elle met en jeu un élément fondamental.

L’OAS défendait-elle seulement l’idée que l’Algérie devait rester française ? Non. Elle défendait également un autre principe, non explicité parce conçu comme allant de soi : que les Algériens autochtones devaient être (donc rester) privés de droit politiques (notamment du droit à l’autodétermination) et que le partage inégal du pouvoir et de la richesse était tout à fait normal. Une telle discrimination ne peut être admise que par un suprémaciste. Le KKK et l’OAS ont donc ici un caractère commun. De façon générale, il n’y a pas de colonialisme sans suprémacisme. La grande majorité des Européens du XIXe siècle et du début du XXe ne doutaient pas de ce qu’ils appartenaient à une race supérieure, sans quoi l’entreprise coloniale eût été impossible.

La discrimination est le facteur essentiel et cela vaut également pour l’apartheid, par exemple. Celui-ci n’instaurait pas seulement un développement séparé mais surtout un développement inégal, notamment dans le partage des terres. Il est peu probable que les Afrikaners se seraient échinés à construire un système alambiqué de séparation si ce n’était pas pour protéger des privilèges.

Un des aspects le plus douloureux de ces systèmes de discrimination est l’humiliation qu’il provoque chez les populations dominées. L’être humain est capable d’endurer beaucoup. Je ne sais d’ailleurs pas s’il faut s’en réjouir ou le regretter. Mais la chose qu’il supporte le moins, c’est l’humiliation. Et souvent c’est ce sentiment qui deviendra en premier l’aiguillon de la révolte.


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