Les diamants ripoux du Zimbabwe

par William Kergroach
mercredi 24 mai 2023

L'exploitation des mines de diamants dans les Marange Diamond Fields du Zimbabwe continue d'exposer la corruption du gouvernement, malgré la participation du pays au processus de Kimberley, un système visant à réglementer le commerce des diamants bruts. Alors que le Zimbabwe accueille la réunion du processus de Kimberley, ce mois-ci, l'exploitation des mines de diamants dans les Marange Diamond Fields suscite de nombreuses questions. Seuls quelques-uns, dans la mafia du gouvernement, bénéficient de la richesse générée par le diamant, tandis que la répression et les violences persistent contre la population.

 

Le retour des investisseurs chinois

Après plusieurs années d'absence, les investisseurs étrangers commencent à revenir dans l'industrie minière du Zimbabwe. En avril 2019, la société chinoise Anjin a annoncé son retour dans les mines de diamants de Marange, suite à des négociations avec le président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa. Le gouvernement prévoit un boom de l'industrie minière, avec une projection de revenus passant de 2,7 milliards de dollars en 2017 à 12 milliards de dollars en 2023.

Cependant, l'impact réel de ces chiffres sur le bien-être de la population et la répartition des bénéfices demeure nul.

 

Des habitants livrés aux chiens

Les habitants des Marange Diamond Fields vivent dans la peur constante des gardes de sécurité employés par la Zimbabwe Consolidated Diamond Company (ZCDC), liée aux généraux du pays, qui a le monopole de l'exploitation minière dans la région. Les violences physiques et les attaques de chiens de garde contre les villageois qui osent s'aventurer près des sites d'extraction sont la norme.

 

Des habitants livrés à la misère

L'arrivée des grandes sociétés minières dans la région a exacerbé les problèmes déjà existants. Les paysans ont été chassés de leurs terres par des entreprises qui promettaient développement et prospérité. La réalité est bien différente : les communautés locales ont des conditions de vie déplorables, avec un accès limité à l'eau potable et à l'électricité.

 

Le processus de Kimberley : une réglementation illusoire

Le Zimbabwe participe pourtant au processus de Kimberley. Ce système international de certification prétend réglementer le commerce des diamants bruts. Ce processus est supposé prévenir l'infiltration de diamants issus de conflits ou de fraudes sur le marché.

Mais, les scandales passés, liés au détournement de fonds provenant de la vente de diamants, ont jeté une lumière crue sur les véritables bénéficiaires du diamant au Zimbabwe. Du temps de la présidence du président Mugabe, des milliards de dollars destinés à renflouer les caisses de l'État s'étaient volatilisés. La piste de ces milliards menait aux proches du président Mugabe. L'ancien ministre zimbabwéen des Mines, Obert Mpofu, par exemple, avait investi vingt millions de dollars en quelques années, alors que son salaire de ministre était de 800 dollars mensuels...

 

Ces mœurs persistent aujourd'hui. Les diamants de Marange, bien qu'ils soient autorisés à être commercialisés légalement, ont été dévalués en raison de la mauvaise réputation des conditions d'exploitation et de la suspicion de corruption qui les entoure.

Les récentes accusations de fraude et de corruption à grande échelle, révélées dans le documentaire "La mafia de l'or" diffusé par la chaîne Al-Jazeera, ont mis en lumière un vaste système de blanchiment d'argent lié aux exportations d'or. Plusieurs membres du gouvernement du président Emmerson Mnangagwa sont impliqués. Le Zimbabwe mérite plus que jamais son surnom de "laverie automatique de l'Afrique australe"

 


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