Les guerres par procuration de l’Iran frôlent le désastre

par Dr. salem alketbi
samedi 2 décembre 2023

Le tumulte des guerres par procuration de l’Iran jette une ombre sur le Moyen-Orient depuis des années. La propagation de virus de milices, de factions terroristes et de mouvements idéologiques témoigne du soutien et de la confiance calculés du régime iranien. Leur objectif  ? Façonner les contours de la région en s’alignant sur les visions des chefs religieux et militaires. Le domaine politique n’est pas épargné, car le régime théocratique iranien s’appuie exclusivement sur l’autorité religieuse, sans tenir compte de la politique et de ses principes conventionnels.

Pendant des années, nous avons exprimé la crainte que le silence mondial entourant la prolifération des milices terroristes sectaires liées à l’Iran ne fasse payer un tribut considérable à la région et au monde. Hélas, la communauté internationale est restée inerte lorsque la milice Houthi, fidèle à l’Iran, a déclenché la conflagration qui a englouti l’État yéménite, semant le chaos et la division. Il n’y a pas eu de réponse concertée lorsque les milices iraniennes se sont développées en Irak, brandissant des arsenaux de missiles qui constituaient une menace directe pour les bastions de la plus grande force militaire du monde. Malheureusement, les grandes puissances ont choisi de rester passives lorsque des milices affiliées à l’Iran, armées de matériel iranien, ont pris pour cible les installations pétrolières essentielles de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, dont dépendent les économies de ces pays.

Les grandes puissances ont opté pour le silence, craignant que l’Iran ne se retire des négociations nucléaires, ce qui montre à quel point les grandes capitales ont accepté les manœuvres des négociateurs iraniens, ostensiblement déterminés à neutraliser la menace nucléaire iranienne. Toutefois, une analyse politique astucieuse révèle que ces efforts visaient simplement à différer les aspirations de l’Iran à traduire ses capacités de connaissances nucléaires en une ogive tangible. Malheureusement, les nations arabes de la région et Israël font les frais de la complaisance occidentale face à la menace iranienne. Cette dure réalité est désormais évidente alors que la région tout entière succombe à l’escalade des menaces posées par l’Iran et ses mandataires.

Leur objectif  ? Élargir le conflit à Gaza et ouvrir de nouveaux fronts contre Israël, précipitant le chaos et des perturbations de grande ampleur. Je ne comprends pas pourquoi Washington, Paris, Londres et Berlin s’attendaient à ce que la résurrection du plan d’action global conjoint entraîne un changement dans le comportement belliqueux de l’Iran au Moyen-Orient. Pourquoi ces pays, en particulier les États-Unis, ont-ils négligé leurs vastes intérêts stratégiques dans la région  ? Cette négligence, qui manque de perspicacité stratégique, reflète l’incapacité à tenir compte des alliés historiques. Au lieu de cela, ces nations ont été influencées par une voix mettant en garde contre le défi croissant de la Chine en Asie de l’Est.

Et ce, en dépit de la réalité historique selon laquelle la domination et l’influence du système mondial reposent souvent de manière décisive sur le Moyen-Orient, doté d’abondantes ressources et d’une position stratégique. La récente montée en puissance des milices soutenues par l’Iran, qui a entraîné la mobilisation de l’armée américaine, met en lumière les insuffisances de compréhension et la perspective myope qui ont imprégné les décideurs américains. L’Iran n’a pas caché ses mouvements et ses objectifs. Ironiquement, l’analyse nous conduit parfois aux services inestimables rendus par les Etats-Unis à la stratégie iranienne, que ce soit en Irak, en Afghanistan ou dans d’autres domaines.

Peu de gens ont prêté attention à la gravité d’une déclaration de l’ancien président iranien Hassan Rouhani en octobre 2017, lorsqu’il a dit dans un discours télévisé qu’il n’était pas possible en Irak, en Syrie, au Liban, en Afrique du Nord et dans le Golfe de faire un pas fatidique sans l’Iran, et à ce qu’Ali Younesi, conseiller de Rouhani, avait dit avant cela en mars. 2015, lorsqu’il a déclaré que l’Iran «  est devenu aujourd’hui un empire comme il l’a été tout au long de son histoire, et sa capitale est maintenant Bagdad. En ce moment, l’Irak est le bastion de notre civilisation. C’est aussi notre identité, notre culture et notre capitale, et c’est vrai aujourd’hui comme hier.  »

Ceux qui sont attentifs aux déclarations des dirigeants iraniens actuels et des chefs des Gardiens de la révolution iranienne décèlent une volonté manifeste d’exercer une influence sur les pays de la région. Ils menacent sans cesse d’embraser toute la région et de l’entraîner dans une guerre généralisée, sous-estimant le sort des peuples de la région et poussant à l’escalade des conflits qui s’étendent à d’autres pays et régions.

Si le projet régional de l’Iran n’est pas entouré de secret, le manque d’imagination politique et l’incapacité à évaluer avec précision les évolutions possibles dans la région placent la communauté internationale face aux événements qui se déroulent à Gaza. Ni Israël ni les Etats-Unis n’ont envisagé le scénario d’une attaque du Hamas ou la portée du défi iranien, ce qui les place dans une position précaire.

Alors que l’administration américaine est confrontée à d’importants défis stratégiques en Ukraine et à la montée de l’influence chinoise, il semble que la déclaration fondatrice du Hezbollah libanais, qui se lie explicitement à l’Iran, ait été commodément oubliée. Cette déclaration, publiée il y a des années, affirme  : «  Nous sommes les fils de la nation du Hezbollah, dont Dieu a fait triompher l’avant-garde en Iran », tandis que le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré sans équivoque en 2015 que son parti était directement lié à l’Iran en tant que parti de la tutelle du juriste.


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