6.500 euros : tarif de sortie de l’enfer de Gaza

par George L. ZETER
jeudi 16 mai 2024

Et 3000 pour un enfant. C’est le tarif des passeurs racketteurs pour extraire les malheureux de l’enfer de Gaza et les exfiltrer vers l’Égypte. Parmi les « passeurs », il y a l’agence nommée HALA consulting & tourism proche des services secrets égyptiens qui s’occupe des bombardés à des tarifs inenvisageables pour le gazaoui moyen. Sur son site, cette agence dit : « Nos valeurs : Hala propose à ses clients une gamme de solutions RH flexibles à un coût optimal, plaçant et relocalisant les personnes à la recherche d'un emploi grâce à un service personnalisé et de haute qualité. Hala permet de répondre plus rapidement et plus facilement à la demande et à l'offre de travail grâce à l'utilisation de plus en plus intense de la technologie, pour garantir à tous un accès libre et ouvert à l'information. »[i] En fouillant un peu, l’heureux propriétaire de ce business est un nommé Ibrahim Al Organi, qui l'a créé en 2016. Mais il est surtout propriétaire du groupe Al Organi qui selon son site : « Organi Group a été créé en 2010 pour diriger et servir l'économie égyptienne dans divers domaines, notamment le commerce extérieur et la coopération mondiale. » (Ils ont oublié le racket des réfugiés). Les sociétés du groupe Organi se concentrent sur la construction, l'immobilier, le béton prêt à l'emploi, l'exportation, le commerce, le transport, l'hôtellerie, le tourisme et la maintenance. Pour revenir au « tourisme » : « Hala est créé pour faciliter les voyages entre l'Égypte et la Palestine. Notre vaste expérience nous permet de faciliter les visas de voyage et les documents de résidence afin de garantir un processus sans tracas pour ceux qui souhaitent voyager.  »[ii] Si ce n’est pas à vomir ce que ce site promeut, et agit… C’est le genre de groupe qui se nourrit des dérives du monde et de la misère humaine tout en enrichissant un personnage… Tout autour de la planète, le cynisme, l’inhumanité font loi, il n’y a plus de barrière et ces chacals peuvent annoncer et proposer les pires ignominies sans qu’aucune autorité ne cligne des yeux, c’est business as usual and nothing personnal. Plus particulièrement, sur ce point de frontière entre le sud-sud de Gaza où les réfugiés du nord sont entassés et la frontière égyptienne qui, de fait, a le droit de vie et de mort sur tous ces malheureux.

De NPR : nom complet National Public Radio, est une organisation médiatique à but non lucratif, financée par des fonds privés et publics, qui sert de syndicataire national à 797 stations de radio publiques aux États-Unis. Ces gens-là sont sérieux et donc ce qui va suivre utilise leurs sources. Alors que le nombre de morts dans la bande de Gaza augmente chaque jour et qu’Israël menace de mener une opération terrestre dans la dernière partie de Gaza, où environ 1,5 million de Palestiniens se sont réfugiés pendant le massacre, la demande d’extradition monte en flèche. Mais la seule frontière ouverte aux voyageurs de Gaza est étroitement contrôlée. Seuls quelques chanceux possédants un passeport étranger ont réussi à obtenir un passage gratuit au poste frontière égyptien de Rafah. Pour les autres… « Après avoir tout perdu à Gaza, tous nos biens, nous devons collecter une somme d'argent, qui est une grosse somme, juste pour acheter nos vies  », explique Mazen, un ingénieur en mécanique.[iii] Il se trouvait récemment au terminal de Rafah avec sa famille de quatre personnes, attendant que son nom soit appelé par haut-parleur par un agent frontalier palestinien. Cela leur a coûté 20 000 $ pour passer. Comme l’avidité n’a pas de limite et l’empathie est défunte, pour les Palestiniens qui détiennent pourtant des papiers de citoyenneté égyptienne, eux, « bénéficient » d’un tarif réduit de 650 dollars par personne, enfant en sus. Faire une demande est compliqué, les frais fluctuent et les règles changent souvent. Les Palestiniens de Gaza ont besoin d'un parent en Égypte qui puisse s'adresser à la société Hala en leur nom. Des centaines de personnes attendent devant les locaux de l'entreprise au Caire pour payer les frais en dollars, en espèces. Certains disent avoir payé des milliers de dollars en plus des frais standards rien que pour franchir la porte. Un homme, Mohammed, a déclaré qu’un parent avait payé 17 000 dollars pour lui et ses quatre enfants afin de pouvoir quitter Gaza ces dernières semaines, dont 2 000 dollars supplémentaires pour pouvoir s’inscrire après que la société HALA a suspendu les nouvelles inscriptions en raison d’un retard. « En fait, c'est un pot-de-vin, mais ce que nous pouvons faire. Ce sont les seules options et solutions dont nous disposons  », dit-il. Selon Haisam Hassanein, chercheur égypto-américain, les responsables égyptiens, profitent des frais de guerre que les Gazaouis paient pour traverser la frontière. « Aujourd'hui, c'est considéré comme une opportunité d'injecter plus de dollars sur le marché égyptien », explique-t-il… Plus aucune limite, plus aucune barrière, de nos jours, on peut annoncer tranquillement le rançonnage de malheureux acculés à une frontière sous les bombardements, et trouver cela tout à fait « opportuniste », sachant que les pays puissants ne bougent pas du tout, malgré des « demandes » répétées de cessez-le-feu, qui pue l’hypocrisie. Nous pardonneront-ils un jour de les avoir si lâchement abandonnés ?

Bon, je vais en finir avec ce papier, car la nausée me monte à la gorge et la moutarde me monte au nez. Merci à Élisabeth Fleury du journal L’Humanité pour la petite vidéo postée sur X qui a inspiré cet article.

(vidéo jointe en lien) https://www.youtube.com/shorts/JhTyJxEoAPo

Georges ZETER/mai 2024


[i] https://www.hala-consulting.com/about-us

[ii] https://organi-group.com/about-us/

[iii] https://www.npr.org/2024/03/02/1234439113/palestinians-leave-gaza-egypt-hala


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