La débâcle en marchant

par olivier cabanel
lundi 12 février 2024

7 ans d’un pouvoir non partagé auront suffi à changer la donne, faisant perdre au gouvernement sa majorité, avant de lui faire perdre toute crédibilité…

Macron cramé, éparpillé par petits bouts, atomisé, dispersé façon puzzle, ç’est la triste réalité d’un petit homme qui se prenait pour Jupiter, à défaut de se prendre pour Napoléon.

Certains font une comparaison osée avec les fameux « trois singes » qui, comme on le sait, n’entendent rien, ne voient rien, la seule différence étant sur la propension du chef de l’état à user de la parole, sans pour autant passer à l’acte, car s'il ne voit rien, et n'entend rien, parler, il sait faire...

Il y a pourtant beaucoup à voir, et à entendre…

Depuis le début de son avènement au pouvoir, Macron n’a pas vu la révolte des gilets jaunes, pas plus que la colère du peuple lors de la loi prolongeant l’age de la retraite, ou celle sur l’immigration...pas mieux pour la colère du monde agricole…pour laquelle il a réagi tardivement à coup de promesses creuses, de pommade et de décisions à venir. lien

Tout au plus a-t-il répondu au G.J en lançant une grande consultation nationale afin de donner naissance à un « cahier de doléances citoyennes »…

Or celui-ci dort dans un tiroir de l’Élysée...il y a eu tout de même près de 10 000 contributions, lesquelles ont été numérisées à la BNF (Bibliothèque Nationale de France), puis remis aux archives nationales.

Pire, ces cahiers ne sont même pas disponibles en ligne...

on ne peut que s’étonner que l’appel d’offres promis par l’état pour financer la recherche des scientifiques n’est toujours pas publié...et quand bien même ça le serait un jour, les scientifiques butent sur l’exploitation des documents car ils ont été numérisés sous un format photo inexploitable par les logiciels utilisés par les chercheurs...lien

La France d’après Macron apparaît pour nombre de politologues comme un champ de ruine…au sein d'une majorité toute relative, puisqu’un élu macroniste avait déclaré avant le résultat du 2ème quinquennat : « en cas de victoire, on se dirige vers un bordel sans nom  ». lien

à peine deux ans s’étaient écoulés depuis le premier mandat que l’on constatait déjà une augmentation des frais bancaires de 13 %, de 12 % pour le carburant, de 130 % pour les PV de stationnement, de 4 % pour les assurances, de 5 % pour les mutuelles, de 10 % pour les timbres, de 15 % pour les cartes grises, de 10 % pour le tabac, de 3 % pour les bus, de 2 % pour les péages, de 7 % pour le gaz, de 17 % pour l’électricité, de 36 % pour le fioul domestique, de 15 % pour les frais hospitaliers, de 23 % pour les contrôles techniques, de 21 % pour la CSG...alors que dans le même temps, le SMIC n’avait progressé que de 1,2 %lien

depuis, ça s’est sérieusement aggravé.

Il suffit de consulter le graphique concernant l’électricité pour le réaliser...

Par contre, côté dépenses du gouvernement, s’il faut en croire René Dosière, président observatoire de l’éthique publique, le budget a dérapé en 2023, voté à hauteur de 114,4 millions d’€, il doit avoir dépassé les 125 millions d’€. lien

Un internaute taquin a parodié un retour vers le futur teinté d’humour noir...

Et pour l’année en cours, le dérapage continue d’autant que députés et sénateurs se sont gentiment augmentés. lien

Pour ne rien arranger, le dépôt de Lorient est bloqué par les artisans des travaux publics pour une durée indéterminée. lien

Depuis, il y a eu le remaniement dont le député LFI Manuel Bompard propose une analyse qui fait froid dans le dos. lien

En effet la débâcle s’est aussi invité dans le camp de ceux qui défendaient encore il y a peu la politique présidentielle... mais là aussi, la majorité s’éparpille...et bat sérieusement de l’aile.

La loi sur l’immigration suivie par un remaniement insipide n’ont rien arrangé : Les Républicains ont décidé de jouer la carte de la radicalisation, suite au débauchage de Rachida Dati, comme l’écrit Nathalie Schuck dans les colonnes du Point.

Ciotti ne décolère pas, « Macron est dans le même état d’esprit qu’il y a 7 ans : nous éliminer  », a-t-il déclaré, Coppé fulmine, Larcher menace : « on est une droite indépendante », et Marleix, patron des 62 députés LR a le doigt sur la gâchette, et se dit prêt à balancer une motion de censure. Lien

et ce n’est pas mieux avec Retailleau, Wauquiez, Bellamy, ou Pradié.

La situation risque de se dégrader un peu plus avec l’annonce faite par Darmanin qui évoque la fin du droit du sol pour le seul département de Mayotte.

Maline, l’extrême droite s’est engouffrée dans la brèche, en demandant que cette mesure s’applique à tous les départements français… : « ...supprimer le droit du sol , non seulement à Mayotte mais partout en France est non seulement nécessaire, mais possible » a déclaré Sébastien Chenu, porte parole du mouvement d’extrême droite.

Cette réaction est astucieuse, car Darmanin semble avoir oublié que pour appliquer une telle mesure, il faut l’assentiment de l’Assemblée Nationale, y compris une révision de la Constitution...et pour enfoncer le clou, Dupont-Aignant réclame « un référendum sur la fin du droit du sol pour toute la France ». lien

pire, Bayrou appuie là où ça fait mal, estimant que cette suppression du droit du sol est inéluctable.

Il s’appelle Alexis Poulin, il est journaliste et il brosse un portrait lucide et cruel de notre situation : «  agriculteurs, soignants, professeurs, pompiers, salariés étouffés, la broyeuse sociale, gilets jaunes, anonymes, étudiants, la rue, et puis ils sont repartis, certains savent déjà que c’est le baroud d’honneur... ». lien vidéo

On le voit, le bateau de la Macronie prend eau de toute part, au moment où l’on croyait la colère paysanne apaisée, alors que le feu couve sous la cendre, et pas seulement en France, à quelques jours du salon de l’agriculture. Lien

...d’autant que la confédération paysanne poursuit la mobilisation, réclamant « un revenu digne par l’interdiction d’acheter nos produits agricoles en dessous de notre prix de revient  ».

à dix jours du salon de l’agriculture, la confédération fait donc un pied de nez, en organisant des salons parallèles, intitulés « le salon à la ferme  », du 15 au 25 février avec comme thème principal « la souveraineté alimentaire  ».

Plus de 200 fermes vont ouvrir leurs portes dans plus de 80 départements, et 12 régions. lien

Une agricultrice de la confédération paysanne a bien résumé la situation : « la FNSEA, c’est comme si des menuisiers élisaient le patron d’IKEA pour les représenter » car comme dit mon vieil ami africain : « la politique, c’est doux comme le miel, mais attention aux piqûres d’abeilles  ».

le dessin illustrant l’article est de Zaïtchick

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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