L’espérance de vie en bonne santé augmente

par Fergus
mardi 28 février 2023

En 2022, l’espérance de vie des Français était, nous dit l’INSEE, de 85,2 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes. Et contrairement à une représentation assez répandue dans l’opinion, « l’espérance de vie en bonne santé » continue de progresser dans notre pays, que ce soit à la naissance ou à 65 ans. C’est évidemment une excellente nouvelle pour toutes celles et tous ceux qui avancent en âge ainsi que pour leurs proches...

Photo FFRP du Puy-de-Dôme

Tout d’abord, il convient de s’entendre sur le concept. Pour la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques), vivre en bonne santé, c’est vivre sans incapacité, autrement dit « sans être limité dans les activités du quotidien ». Sont reconnues comme telles les personnes qui ne souffrent d’aucun handicap reconnu et, plus explicitement, qui ne sont affectées, de manière pérenne, ni par des problèmes de mobilité, ni par des insuffisances ou des dégénérescences cognitives, ni par des difficultés à respirer, à s’alimenter, à procéder à sa toilette ou à s’habiller.

Depuis des années, la DREES publie régulièrement des études sur l’espérance de vie sans incapacité. Celle-ci est mesurée : d’une part, à la naissance ; d’autre part, à 65 ans, âge considéré par convention sociale comme l’entrée dans la vieillesse. Le dernier rapport de la DREES porte sur l’année 2021. Ce document, riche d’enseignements sur l’état de notre société, a été mis en ligne le 23 février. Il dresse un tableau de nature à rassurer les nouveaux « séniors » sur leur avenir. Ce tableau contredit en effet les rumeurs qui courent dans la société sur un prétendu « recul de l’espérance de vie en bonne santé ».

« En 2021, les hommes âgés de 65 ans peuvent espérer vivre 11,3 ans sans incapacité, et les femmes 12,6 ans », nous apprend la DREES. Soit, nous dit le rapport, un progrès depuis 2008* de 2 ans et 8 mois pour les hommes, très proche de celui des femmes : 2 ans et 7 mois. Ces constats n’ont rien de surprenant : jamais les personnes âgées n’ont été aussi actives, passé leur anniversaire des 65 ans. Il suffit à cet égard de voir leur implication dans la vie associative** ainsi que leur goût pour les activités sportives comme la gymnastique, la marche nordique, la randonnée ou, dans les régions maritimes, le « longe-côte ».

Dès lors, d’où vient la perception erronée qu’a une partie de nos concitoyens sur l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans ? Probablement du fait qu’à la naissance, les données sont très différentes : en 2021, cette espérance de vie en bonne santé s’établissait en effet à 65,6 ans pour les hommes et 67 ans pour les femmes. Des données qui tiennent évidemment compte des accidents de toutes natures et des diverses pathologies qui affectent l’existence d’une partie de la population. D’où ce constat contre-intuitif : plus on avance en âge, plus l’espérance de vie augmente !

Y compris en bonne santé, comme le montre le rapport de la DREES. À cet égard, le taux des années qui seront vécues sans incapacité rapporté à celles qui restent à vivre à l’âge de 65 ans a augmenté de manière très significative. Entre 2008 et 2021, il est en effet passé de 47,7 % à 59,3 % pour les hommes, et de 44,7 % à 54,4 % pour les femmes. Une excellente nouvelle, tant pour nos concitoyens séniors que pour la collectivité nationale, dans un pays qui comptait, au 1er janvier 2023 (source recensement), 21,3 % de personnes âgées de plus de 65 ans.

Le dernier enseignement digne d’intérêt mentionné dans le document de la DREES se rapporte à des données de 2020, dernière année de collecte dans l’ensemble des 27 pays de l’Union Européenne. Il nous informe qu’en matière d’espérance de vie sans incapacité à 65 ans, la France se classait au 10e rang européen pour les hommes (+ 8 mois relativement à la moyenne de l'UE) et au 4e rang pour les femmes (+ 1 an et 8 mois). Confrontés à la perspective de leur fin de vie, les Français font donc preuve d'une belle résistance. Et qui sait ? peut-être se disent-ils en souriant comme Jules Renard : « Je n’ai plus l’âge de mourir jeune ».

Depuis cette date, les questionnements réalisés auprès d’environ 15 000 personnes dans le cadre des enquêtes SRCV (Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie) sont inchangés. Ces enquêtes sont diligentées en application du dispositif européen EU-SILC (European Union Statistics on Income an Living Conditions).

** Une étude de l’INJEP, réalisée en 2021, montre que 44 % des plus de 65 ans sont peu ou prou impliqués dans la vie associative : 21 % de manière régulière (au moins une fois par semaine), 12 % de manière plus occasionnelle, et 11 % sous la forme d’un engagement rémunéré ou dédommagé.

 

Infographie DREES (données 2020)

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