Le sexe des anges : Comment parler de sexualité à nos enfants

par Christophe Claudel
samedi 18 mars 2023

Autrefois les enfants n’avaient pas de sexe. Ils étaient comme des anges. Comme sur ces tableaux de la Renaissance, où les petits angelots ont bien un petit kiki, mais ne s’en servent jamais puisque comme chacun sait « les anges n’ont pas de sexe ».

La réalité était tout autre. Dans les campagnes les marmots étaient vite informés des choses de l’amour. On vivait à dix dans la même chambre, cette promiscuité ne ménageait pas longtemps les mystères de la vie intime. Et puis il suffisait de regarder les animaux de ferme besogner pour comprendre que les filles ne naissent pas dans les roses ni les garçons dans les choux…

L’homme urbain et moderne a depuis été dénaturé par la morale bourgeoise et les ravages des maladies vénériennes, la séparation des individus et des familles en pièces et appartements dans les grandes villes, l’invention de l’hygiène par les médecins et urbanistes au 18e siècle, et celle de la sexualité par les psychiatres au 19e siècle, la fermeture des bordels au début du 20e siècle, les rigueurs de la Grande guerre puis celles de l’Occupation. Il a acquis plus de distance avec la zizilogie.

Jusqu’au milieu des années 1960, pudeur et réserve étaient de mise. On ne parlait pas de sexe, surtout en présence des enfants. Et quand on le faisait, on ne s’en vantait pas publiquement, sinon dans les corps de gardes, les estaminets où les ouvriers allaient pisser leur bière, parfois entre sportifs après le match. Et encore, toujours en respectant quelques règles élémentaires de bienséance. Ou alors dans les cabarets, la nuit, pour en rire. Ou dans ces refrains interlopes de chansonniers bien grivois.

Alors parler de sexe à l’école, voilà une idée bien inconvenante qui rendrait ivres de rage nos aînés.

La question de l’éducation sexuelle dans les écoles de la République semblait depuis 50 ans un fait acquis dont on ne souciait plus. Qui allait avec le progrès des mœurs et des idées.

Depuis quelques années, elle suscite à nouveau des débats passionnés. Notamment depuis cette rumeur selon laquelle, sous l’impulsion de Najat Vallaud-Belkacem alors ministre de l’Education nationale de François Hollande, l’Etat se serait mis en tête depuis 2015 d’enseigner cette fameuse théorie du genre aux jeunes enfants du primaire.

Théorie qui serait évoquée par des intervenants issus du milieu LGBT. Et même parfois illustrée sous la forme de jeux de rôles ou de sketches humoristiques réalisés par des drag queens dans les maternelles.

Le débat a pris ces dernières années une tournure plus dramatique, et les avis se sont durcis avec la diffusion de l’idéologie woke venue des Etats-Unis, dont le ministre actuel de l’Education Pap Ndiaye est un fervent défenseur.

Au cours des décennies 1980 à 2010, la France a connu comme la plupart des pays occidentaux de grandes avancées concernant les droits des minorités sexuelles : dépénalisation de l’homosexualité par François Mitterrand en 1982, retrait de l’homosexualité de la liste des maladies mentales par l’OMS en 1993, vote du Pacs en 1999, puis du mariage pour tous en 2013, pénalisation de l’homophobie, reconnaissance de l’homoparentalité avec un statut juridique et des droits pour le second père ou la seconde mère au sein d’une famille homoparentale, droit à l’adoption pour les femmes et les hommes célibataires (homosexuels notamment), ainsi que pour les couples de même sexe…

Les progrès de la science ont permis l’ouverture des techniques de PMA aux femmes lesbiennes qui souhaitent avoir un enfant en recourant à l’insémination artificielle, dans le cadre d’une famille monoparentale ou homoparentale.

Ces avancées posent cependant des problèmes juridiques et éthiques.

Ainsi la question épineuse de la GPA s’enlise entre des préjugés et des revendications qui empêchent à un débat éthique, sociétal et juridique d’être sereinement posé, tout en privilégiant l’intérêt et les droits de l’enfant sur ceux de l’adulte.

Depuis 10 ans, il existe en France de plus en plus d’enfants qui sont nés d’une GPA réalisée dans un pays où cette technique est légale, qui sont élevés et scolarisés comme n’importe quel autre enfant. Sauf qu’ils n’ont aucun statut. Pas plus que leur père biologique ou la mère porteuse. Ce qui soulève d’immenses problèmes juridiques, et constitue une grave injustice.

D’un autre côté, une frange ultra marginale de militants LGBT s’engagent dans une surenchère pour réclamer toujours plus de droits et de reconnaissance, avec des méthodes toujours plus agressives et des objectifs de plus en plus absurdes.

Avec la diffusion très rapide de cette idéologie woke venue des universités d’Amérique du Nord dans les milieux universitaires et politiques d’extrême gauche (comme EELV ou LFI), de nouveaux activistes ont aujourd’hui remplacé ceux issus du mouvement gay et lesbien qui avaient porté des projets de réforme dans les années 1990-2010. Avec une offensive militante redoublée pour forcer la société à reconnaître de prétendues nouvelles minorités.

Ces minorités supposées qui réclament à leur tour une visibilité, une reconnaissance de l’ensemble de la société, et des droits spécifiques, se fondent sur de nouvelles identités sexuelles, souvent définies à partir de la notion de genre, sa négation, des orientations ou pratiques sexuelles marginales : queers, transgenres, non-binaires, androgynes, intersexes, asexuels, plurisexuels, autosexuels…

La violence qui caractérise ces militants s’accompagne, selon les canons de l’idéologie woke, d’une remise en cause radicale de la majorité hétérosexuelle, qualifiée par essence de dominante, répressive, persécutrice.

Selon cette religion woke et son credo proprement terroriste, le groupe majoritaire symbolisé par l’homme blanc hétérosexuel cisgenre (dont le genre masculin coïncide avec son sexe mâle) constitue par sa simple existence un scandale inadmissible, et doit être éliminé pour laisser les minorités opprimées exister. Ceux qui ont le tort d’appartenir à cette catégorie honteuse sont systématiquement accusés de discrimination envers les autres minorités. De ce fait, ils sont sommés d’expier leur faute en cédant leur place, et en s’inclinant devant toutes les revendications de ces minorités.

Selon cette théorie du genre souvent invoquée pour justifier des identités et les revendications qui leur sont liées, le genre n’aurait aucun lien avec le sexe biologique – mâle, femme ou hermaphrodite – d’un enfant à sa naissance. Le genre – masculin, féminin ou autre – est une construction sociale, qui renvoie à des stéréotypes culturels propres à un groupe ou une société.

Par exemple le fait que les petits garçons soient habillés en bleu et les petites filles en rose relève d’une construction et des stéréotypes sociaux. Ce qui est vrai. Idem pour les femmes qui s’habillent en jupe et chemisier, et les messieurs en costume cravate. Ou pour certains métiers injustement « genrés », comme pilote de ligne, maçon ou pompier réservés aux hommes, et infirmière, femme de ménage ou nourrice réservés aux femmes.

Selon les partisans de cette théorie, le genre est donc la résultante de déterminismes sociaux, qui doivent être contestés et modifiés au nom d’une approche libertaire et égalitariste : chacun doit pouvoir choisir s’il souhaite s’identifier comme un homme, une femme, ou aucun des deux. Et ce dès le plus jeune âge. On peut donc très bien être de sexe mâle, avoir un pénis entre les jambes, mais s’habiller, se maquiller et se comporter de façon à être identifié socialement comme une femme. Et même comme la « mère » de ses enfants.

Selon cette théorie, choisir son genre est un droit inaliénable pour tous. Puisque le genre procède d’une construction, il peut donc relever d’un choix personnel, lequel peut varier au fil de la vie. On peut donc tout à fait légitimement changer de genre, sans pour autant avoir besoin de changer de sexe (par une opération en plusieurs étapes, longues, risquées, douloureuses et coûteuses). Ou changer partiellement de sexe en s’injectant des hormones pour se faire pousser des seins, en faisant peu à peu disparaître tous les traits apparents d’un homme, en féminisant son allure, mais tout en conservant un pénis pleinement fonctionnel.

Ce qui conduit à des situations particulièrement abracadabrantesques lorsqu’un individu né de sexe masculin, qui a entamé une transition pour devenir en partie une femme, décide d’avoir un enfant avec une « vraie femme ». Enfant dont il sera à la fois le père biologique, et la 2e mère en tant que parent dans un couple lesbien composé d’un homme et d’une femme.

Casse-tête juridique accru s’il revendique le droit d’être reconnu juridiquement comme la mère de cet enfant, bien qu’il soit toujours un homme déclaré comme tel à l’état civil, et le géniteur de cet enfant…

Une précision importante concernant cette théorie du genre qui donne des maux de tête aux juristes et fonctionnaires d’état civil : bien qu’elle soit souvent invoquée par ses partisans comme par ses détracteurs, cette théorie n’a tout simplement jamais existé !

En effet, il existe depuis les années 1950, aux Etats-Unis d’abord puis dans bon nombre d’universités européennes qui possèdent des départements de sciences sociales spécialisés en gays & lesbian studies, des études de genre, souvent intégrées dans les cursus de sociologie ou de psychologie.

Il existe également beaucoup de théories, et non une seule, souvent concurrentes, élaborées à partir des années 1970, qui tentent de comprendre et de rationaliser l’appartenance à un genre ou à une orientation sexuelle, déterminée selon différentes visions : essentialiste – on « naît » homme ou femme, comme on « naît » hétéro ou homosexuel, en référence à une essence. Et d’autres qui s’appuient sur une approche existentialiste ou constructiviste : on « devient » homme ou femme, comme on « devient » hétéro ou homosexuel.

Cette seconde approche tend à remettre en cause les stéréotypes de genres, à savoir les modèles acquis liés à un genre ou un autre dans une société.

Inspirées des travaux du philosophe Michel Foucault, très enseigné aux Etats-Unis et qui a inspiré de nombreux théoriciens LGBT, mais aussi de Gilles Deleuze, ces théories encouragent une relecture critique, une déconstruction des modèles sociaux liés au genre. Avec une ambition de libérer les personnes concernées de l’assignation à un genre défini de l’extérieur par les discours, ou à des stéréotypes que la société leur impose. Par exemple le fait qu’un homme ne doive pas pleurer, ou qu’une femme ayant une allure masculine serait nécessairement une lesbienne.

C’est sur ce principe que se fondent les militants actuels du wokisme, comme les trans ou les non-binaires, pour promouvoir cette vertu émancipatrice que constituerait la possibilité selon eux de reconstruire son identité individuelle pour la faire correspondre à ses propres désirs ou à sa véritable identité.

Changer de sexe, totalement, en partie ou juste en apparence, n’est donc pas une névrose, un artifice, un scandale, ni même un choix justifié pour faire coïncider le sexe biologique avec le sexe psychique d’un individu en souffrance (selon une théorie ancienne du transsexualisme). C’est juste un libre choix personnel, tout à fait respectable, et évolutif selon la perception fluctuante que l’on a de sa propre identité.

Le problème devient plus épineux quand la science s’avère capable de répondre aux moindres caprices d’une personne qui entend changer de sexe comme de chemise.

Il devient encore plus problématique quand ce choix est reconnu également chez un enfant en maternelle ou à l’école. Notamment ces nombreux petits garçons qui jouent à la poupée, mettent les jupes de leur maman, et assurent à leurs parents déconcertés qu’ils sont des filles.

Quelle doit être l’attitude juste des parents ? Les dissuader au risque de les traumatiser ? Les encourager à se prendre pour des filles, voir leur parler de transition, au risque de les enfermer dans des croyances dictées par leur imaginaire, et non par leur nature profonde ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en cette matière, l’Etat a totalement démissionné de son rôle éducatif et normatif. Lequel ne consiste pas seulement à enseigner des connaissances, des savoirs et des savoir-faire (pour devenir rapidement un employé bien adapté au monde du travail), mais à transmettre des repères communs à toute une génération, des modèles, des valeurs qui façonnent la vie en société, à développer dans l’esprit des futurs citoyens la raison et l’esprit critique, et permettre aux individus de s’identifier comme membres à part entière d’un même corps, d’une même Histoire, d’un même destin communs : le pays, la nation, la République… Sans parler de Fraternité.

Il est donc urgent de clarifier ce que nous entendons enseigner à nos enfants. Sans céder aux effets de mode ni aux chantages de tel ou tel lobby ou minorité.

On doit sur ce sujet comme sur d’autres veiller à conserver un jugement éclairé et nuancé. Ne pas se contenter d’a priori, de formules plaquées ou de jugements de valeurs. Ne pas se cabrer non plus à l’idée qu’on doive aborder dès l’école le sujet de la sexualité.

La question est comment on le fait, qui en est chargé, avec quels outilsquels discoursquel agenda. Et surtout pour quoi et au nom de quoi.

Il faut rappeler que l’éducation sexuelle a été introduite dans les lycées français dès le milieu des années 1970.

Malgré l’émoi et la polémique relative que cette innovation suscita à l’époque, elle fut rapidement considérée comme un progrès. Et même un soulagement pour beaucoup de parents inquiets des évolutions rapides de la société, de la libération des mœurs et des discours, en particulier à la télévision qui s’introduisait dans tous les foyers. Des parents souvent gênés d’aborder à la maison le sujet de la sexualité avec leurs enfants. Que ce soient les petits qui demandent « comment on fait bébés ? », ou les plus grands à l’approche de la puberté.

Il faut rappeler que dès 1947, l’inspecteur général François présidait un comité d’études sur l’éducation sexuelle en milieu scolaire.

Il faut rappeler aussi ce contexte particulièrement éruptif de la libération sexuelle au cours des années 1960-1970, après deux décennies bien sages marquées par la morale « bourgeoise » des années gaullistes, et le poids toujours très grand de l’église catholique sur la société, notamment en milieu rural. Tout cela a subitement volé en éclats sous les pavés de Mai 1968. Toute une génération de jeunes adultes épris de liberté et de révolution sexuelle, mais aussi beaucoup d’adolescents qui faisaient leurs premières expériences sexuelles plus tôt que leurs aînés, furent profondément marqués par ce bouleversement.

L’apparition de la pilule contraceptive en 1968, le vote de la loi Veil sur l’IVG en 1974, ont bouleversé le rapport des hommes et des femmes à leur corps, à l’autre, à la sexualité, à la procréation, à la filiation. Ils ont changé durablement les liens entre les ados et leurs parents, la vision de la famille, des rôles respectifs entre hommes et femmes, de la société et de l’avenir en général.

On est aujourd’hui revenu des excès de cette époque, où toutes les expériences étaient indifféremment encouragées par l’idéologie freudo-marxiste et libertaire dominante, où l’individu et ses aspirations les plus excentriques sont soudainement devenus le cœur des préoccupations existentielles et sociétales, rapidement récupérées par le marketing, son mirage consumériste et hédoniste.

Dans ce contexte, il paraissait essentiel que l’école de la République jouât son rôle, pour préparer les jeunes à la découverte de la sexualité et à leur vie d’adultes. Mais aussi pour confirmer ce mouvement vers le Progrès, libérant la parole sur le sexe, y compris chez les jeunes générations.

La célèbre émission Lovin’ Fun avec ses animateurs vedettes Doc et Difool, conçue pour un jeune public et diffusée sur Fun Radio à partir de 1992, son style décalé, sa grande liberté de parole, son ton provocateur, était l’héritière directe de ce mouvement de libération des mœurs et de la parole sur le sexe, initié dans le sillage de Mai 1968.

A l’époque où fut introduite l’éducation sexuelle dans les lycées, une grande disparité régnait entre des familles très traditionnelles, où la sexualité demeurait un sujet tabou, où les mères n’osaient pas parler des règles à leurs filles, ni des choses de l’amour ou des garçons, et des familles beaucoup plus libérales, où le sujet était abordé de façon libre entre la poire et le fromage.

En classe de 6e, lors de deux heures consacrées à l’éducation sexuelle, le prof de sciences naturelles était chargé d’enseigner la reproduction aux jeunes lycéens, sous un angle strictement anatomique et scientifique. Y compris celle des mammifères bipèdes. Avec des croquis détaillés au tableau des appareils reproducteurs masculin et féminin. Ce qui plongeait les profs dans un grand embarras, et faisait hurler de rire les ados.

En 5e, deux parents d’élèves volontaires étaient chargés d’intervenir en classe pour animer une heure de présentation et d’échanges consacrés à la sexualité. Avec des sujets comme la puberté, la sexualité des adolescents et des adultes, les premières expériences sexuelles, la contraception, les maladies sexuellement transmissibles, le couple, les enfants… Quelques questions-réponses gênées sur la masturbation, les préliminaires, le coït, la grossesse, les préservatifs…

Bien entendu à cette époque, et jusqu’à l’apparition du sida qui a chamboulé de façon dramatique le paysage sexuel français en forçant sous la pression d’associations d’aides aux malades comme Aides ou Act Up la parole à se libérer au nom d’un impératif de santé publique, pas question d’aborder les « déviances sexuelles » : homosexualité, lesbianisme, bisexualité… : silence radio !

Idem pour la pédophilie. Bien que punie par la loi, elle était encore dans les années 1970-1980 plus ou moins tolérée, et même revendiquée par certains (Daniel Cohn-Bendit par exemple) comme une pratique sexuelle alternative. Les théories audacieuses du psychanalyste Wilhelm Reich sur la sexualité infantile, très en vogue parmi les hippies et intellectuels de Mai 1968, étaient passées par là. La sexualité avec des enfants était même assez bien vue dans certains milieux littéraires ou « branchés ». Invité d’Apostrophes à une heure grande écoute, le romancier Gabriel Matzneff l’avait souvent évoquée dans ses livres. Comme autrefois André Gide, ou plus tard le futur Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.

L’âge de la majorité sexuelle était encore fixé à 18 ans. Quant à l’homosexualité, « ce douloureux problème », elle était encore largement taboue, officiellement passible d’arrestation et d’emprisonnement, même entre adultes consentants.

A l’époque d’internet, les enfants sont désormais exposés dès le plus jeune âge à la sexualité des adultes, par le biais de la pornographie. A 6 ans, la plupart des enfants savent déjà tout de la sexualité. Alors qu’après la guerre, beaucoup d’adolescents de 15 ou 18 ans en ignoraient encore presque tout.

L’Education nationale doit donc continuer à honorer son rôle, et s’appliquer à parler de sexualité aux enfants pour répondre à leurs inquiétudes dès l’école.

Parce que les enfants de 8 ou 10 ans en savent aujourd’hui plus qu’il y a 50 ans. Qu’ils sont exposés à une avalanche d’images, de discours et de situations qui exercent sur eux une pression psychologique considérable. Sans parler des risques auxquels ils sont exposés, ou des discours omniprésents sur les pédophiles, qui appellent des explications, des recadrages, une parole qui les prévienne des dangers objectifs qui les menacent face à des adultes ne maîtrisant pas toujours leurs pulsions. Mais aussi qui les rassurent sur le monde dans lequel ils vont rentrer sans nourrir d’inutiles angoisses.

En revanche, il n’est ni justifié ni souhaitable d’encourager de quelque manière que ce soit les enfants à jouer avec leur image ou leur identité sexuelle, autrement que lors de déguisements ou de jeux anodins auxquels tous les enfants aiment se livrer. Comme il n’est pas nécessairement utile de leur inculquer dès 6 ans l’idée fort discutable qu’on peut être qui l’on veut – garçon, fille ou autre chose – au gré de ses fantaisies ou de ses caprices.

Les jeunes enfants sont à un âge où ils acquièrent des repères nécessaires à la construction de leur psyché et de leur identité. Ils doivent pouvoir les identifier, les nommer, être capables de s’identifier, de se situer vis-à-vis d’eux. Leur psychisme a besoin de tels repères, véhiculés par les parents, le groupe, l’école, les médias, le cinéma, pour se développer harmonieusement. Sans pour autant qu’on exige d’eux qu’ils se conforment à des modèles hermétiques, rigides ou dépassés. Le psychisme des enfants est fragile, incomplet, influençable. Ils ont donc besoin de repères solides. D’autant que beaucoup d’entre eux n’en trouvent pas suffisamment dans leur famille, souvent brisée, dysfonctionnelle, avec des parents eux-mêmes trop immatures pour jouer leur rôle de parents, ou trop absents.

C’est donc souvent aux enseignants de suppléer à cette défaillance parentale. Si en plus l’école encourage le flou et le n’importe quoi, cela revient à livrer les enfants à eux-mêmes, à altérer leurs chances de se développer harmonieusement, de comprendre et de s’adapter au monde où ils évoluent, et d’être heureux et épanouis.

Enseigner la théorie du genre ou ce qui y ressemble dès la maternelle n’est donc pas une solution pour répondre à ces besoins. Convoquer des drag queens dans la cour de récré peut être sans doute très amusant pour jouer ou pour un spectacle comique, pas pour apprendre les rôles respectifs, souples et modulables, d’un papa et d’une maman, ou la fonction du zizi et de la zézette.

Autant confier ce rôle à des médecins, des sexologues, des enseignants ou des parents formés pour cela.

En résumé, il faut garder du bon sens, ne pas jeter tout l’apport des décennies passées par fétichisme du nouveau, refuser que l’école devienne le sanctuaire d’une idéologie qui fait de la destruction systématique des repères et de la société, de la compétition identitaire et de la confrontation violente des revendications, un acte de foi et une déclaration de guerre qui doit s’imposer à tous.

Ne pas céder non plus à la tentation inverse du repli frileux, de la morale, de la condamnation ad hoc, du rejet ou de la haine envers les personnes, en raison de leur identité, de leur appartenance réelle ou supposé à une communauté. Toujours privilégier, l’écoute, le dialogue et par-dessus tout l’intérêt de l’enfant.


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