La poésie du slam : Mes petits...

par rosemar
vendredi 5 avril 2024

Le slam : un retour aux origines de la poésie, une poésie rythmée, chantée, avec accompagnement d'instruments de musique...

 

Une belle découverte avec un texte à la fois mélancolique et joyeux, un texte empli de poésie dans les thèmes évoqués : la nature, des oiseaux, une dame qui les aime et les nourrit... Mais quelle est son histoire ?

 

Bienvenue au pays du verbe rythmé et des mots qui claquent. Et bienvenue chez Dizzylez, l’homme aux multiples casquettes : rappeur fluide et décalé, slameur, marathonien des ateliers, initiateur poétique de soirées musicales.

 

"On imagine que cela commence il y a longtemps... une décennie, peut-être deux... tant ses gestes sont devenus souples, simples et précis.

C'est peut-être cela la grâce, l'élégance, tout simplement le fruit du temps...

Deux fois par jour, été comme hiver, elle arrive vêtue d'une parka rouge, se poste au bord de l'eau, derrière ce même buisson, et puise d'un sac sans âge des bouts de pain qu'elle lance en l'air... pour les nuages...

On imagine qu'elle habite seule, qu'elle parle peu, qu'elle parle aux oiseaux comme d'autres parlent aux chats...

Elle a bien un fils et trois petits enfants, mais on s'imagine que quelque chose s'est cassé, et on se doute qu'ils ont fui Paris, ses flux tendus, sa grisaille récurrente et ses bouchons périphériques...

Juste avant qu'elle ne commence à s'occuper de ceux qu'elle appelle maintenant "mes petits"...

Ses petits, donc, sont toujours à l'heure au rendez-vous, toujours aux aguets quand le soleil caresse doucement la cime des arbres, encore et toujours prêts quand il rayonne très haut dans le ciel...

 

Là, on n'imagine plus, on voit :

On voit trente volatiles et, dans un ballet blanc aérien, jouer leur courage et leur vie dans un numéro de cirque bien répété, un numéro en forme de grand huit mélangé...

On voit une mouette qui saisit un bout de pain en plein élan, vire soudain, sème six poursuivants et s'évade de la bande pour savourer sa... deux autres qui attrapent le même bon pain et achèvent leur duel au ras de de de... on voit des battements d'ailes, des plumes voler. On entend des noms d'oiseaux, des prénoms de grand-mères, des jurons fuser avant qu'un autre ne rate sa chance, ne penche la tête et ne s'étrangle, qu'un colvert ait raflé son trésor, en bas, sans trop bouger...

 

On imagine que c'est son petit plaisir, son petit plaisir de mère nourricière, son lien à la terre et aux autres, on l'imagine dompteuse de faune, semeuse de rêves pour volatiles du monde entier ou réveilleuse d'espoirs, on l'imagine à la tête d'une grande révolution ailée.

On se demande qui la remarque, comment se mesure la grandeur d'âme, le geste ample d'une petite dame...

Et, là, tout de suite, on aimerait voir son geste peint.

Puis on saisit d'un bruit quand le sac est vide, qu'elle redevient comme un clown triste.

On imagine ce qu'elle regarde dans le lointain, quand les oiseaux s'en vont, des lignes de fuite, les miettes d'un passé qui lui échappe, des bouts de tranches de vie, les êtres qu'elle a chéris, qu'elle a nourris et qui s'envolent vers d'autres horizons...

On clignera des cils, on la regardera une dernière fois, et on vous avouera à la fin : Les petits sont ingrats et ne vous aiment jamais autant qu'un vieux bout de pain."

Musique et cris d'oiseaux...

 

On aime l'évocation des oiseaux pleine de vivacité au centre de la poésie, on est ému par ce personnage anonyme, solitaire, qui se dévoue aux oiseaux, comme elle s'est dévouée à sa famille...

On perçoit une dénonciation de la vie urbaine : "Paris, ses flux tendus, sa grisaille récurrente, ses bouchons périphériques..."

Une dénonciation aussi de l'abandon dont sont parfois victimes les personnes âgées dans notre monde moderne...

 

 

https://music.youtube.com/watch?v=sZGJG4zSVdU

 

https://www.francebleu.fr/emissions/les-talents-fb-vaucluse/vaucluse/dizzylez

 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2024/03/la-poesie-du-slam-mes-petits.html

 

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