Adieu Chirac !

par Peachy Carnehan
mercredi 16 mai 2007

Au revoir, au revoir, Président !

Jacques Chirac, dans une ultime allocution télévisée même pas abracadabrantesque, nous a fait part de ses voeux de réussite. Au revoir, au revoir, président...

Terminé Chirac.

Finie la pomme, terminé le bluff de la fracture sociale et de l’insécurité, l’appel de Cochin, le bruit et les odeurs, les canons de pinard au Salon de l’agriculture. Adieu la droite républicaine franchouillarde post-gaulienne à la Léon Zitrone, car les années 70 se sont vraiment terminées ce soir pour laisser le champ libre à la droite décomplexée d’un Nicolas Sarkozy et d’un Steevy Boulet. Bienvenu dans l’idéologie du libéralisme cinglé du XXIe siècle. Une page se tourne.


Jacques Chirac, dans une ultime allocution télévisée même pas abracadabrantesque, nous a fait part de ses voeux de réussite ce soir à 20h. "Au revoir, au revoir, président..." comme le scande le slogan publicitaire de la Française des Jeux. C’est, tristement et amèrement, la seule référence pertinente qui nous vient à l’esprit pour saluer le départ de celui que les Guignols de l’Info ont caricaturé en "Super-menteur" en 2002.


Laminés par douze longues années d’échecs intérieurs Jacques et Bernadette "Ceaucescu" n’ont donc pas pu briguer un troisième mandat pour assurer leurs frais de bouches. La faute à l’agité de Neuilly, ce traitre... Pour être franc personne ne s’en est plaint, même à droite à la lecture du Figaro qui n’aura cessé dans ses éditoriaux de faire le jeu de Sarko depuis 2004 et la prise de l’UMP. Avec son départ nous savons ce que nous perdons, une certaine idée du "pchitt" en France, sans ignorer qu’en échange nous héritons du dauphin de Neuilly et de ses intentions encore moins inavouables.


De la "Force tranquille" aux "racailles", que de marches dévalées depuis la passation de pouvoir en 1995. Ce qui avait fait la force de François Mitterrand aura été autant de faillites chez Chirac : absence de vision européenne, manque de flair politique, décalage avec les réalités sociales, indigence de la politique culturelle se limitant à la répression des intermittents du spectacle et des internautes. Bref, abscence d’une certaine idée de la France.

Jamais Chirac n’aura pas les honneurs des romanciers et des cinéastes, jamais il n’aura son "Promeneur du Champ de Mars" ou son "Da Vinci Code". Il ne leur inspire pas le respect, il les a trop maltraités à travers Donnedieu de Vabres, il n’aimait pas non plus les pyramides et les travaux pharaoniques. Il préférait la tête de veau, la bière et Jean-Louis Debré. Sympathique mais pas très tonton-mania.

A l’exception notable de la politique étrangère où il remporta ses seuls succès (Irak, environnement, Coupe du monde 98, Euro 2000) l’action de Jacques Chirac présente pour l’intérieur un bilan pitoyable (Juppé, dissolution, chômage, paupérisation, Raffarin, canicule, émeutes, CPE, Villepin, Coupes du monde 2002 et 2006). Sur la forme, parole à notre confrère Mathieu Van Berchem de la tribune de Genève qui résume à merveille, selon nous, l’esprit du personnage :


"Le président aurait pu, à l’exemple de François Mitterrand, donner un peu de romanesque à ses dernières années à l’Élysée. Inviter des journalistes à des parties de campagne autour de son château de Bity, en Corrèze, le temps de leur livrer quelques confidences. Gloser des heures à la télévision sur son amour du Japon et des arts de l’Extrême-Orient. Bref, tisser sa « légende ». Il n’a pas eu ces coquetteries. Il pourrait, au terme de son discours, quitter sa chaise en lâchant un royal « au revoir ». Chirac s’en est tenu à ses mornes interventions télévisées, à ses entretiens du 14 juillet : toujours d’un ennui mortel, mais se fichant assez de la trace qu’il laisserait dans l’Histoire".



L’Histoire, c’est pourtant bien ce qui reste quand on s’en va. Une page presque blanche se tourne.

Hubdesup
NordenStar.com, 16 mai 2007


Lire l'article complet, et les commentaires