Rediffusion sur ARTE d’une « histoire de l’antisémitisme » qui ne dit pas tout..

par L’apostilleur
jeudi 18 avril 2024

Arte vient de répéter la diffusion de son « histoire de l'antisémitisme  » dans le sillage du livre de BHL «  Solitude d'Israël » sur fond d'abandon de la cause israélienne en cours de généralisation y compris de ses pays amis. L'utilité de relancer une lutte usée contre l'antisémitisme avec cette production documentaire tendancieuse n'était pas souhaitable. Si BHL le président du Conseil de surveillance d'ARTE a pensé attirer un soutien à Israël par ce moyen, on peut craindre qu'il ait plutôt relancé le sujet de l'antisémitisme qu'il devrait apprendre à combattre plutôt avec le silence et l'oubli.

On reprendra donc pour ceux qui n'avaient pas vu la première diffusion ces quelques lignes déjà parues. Une réponse à l'insistance de la chaîne. 

Un ragot millénaire qui serait né en Egypte avec « l’égorgement d’enfants pour des rituels juifs (9)  » colporté plus de mille ans après en Angleterre, et « … un antijudaïsme chrétien racine la plus profonde de l’antisémitisme » identifié par Jules Isaac  « au terme d’une enquête historique » (4/4).

Voilà résumées pour l’essentiel les causes de l’antisémitisme avancées par cette tétralogie de Jonathan Yahoun et Judith Cohen-Solal diffusée par ARTE, avec des intervenants historiens qui ne disent pas tout.

Les conséquences si disproportionnées au fil des siècles pour ces motifs, conduisaient déjà Salomon Ibn Varga (XVe s.) à chercher pourquoi ces persécutions ont pu s’étendre partout et durer toujours. Plus tard, Luther effaré par l’antijudaïsme de son temps se demandera « Quel Juif pourrait consentir d'entrer dans nos rangs quand il voit la cruauté et l'hostilité que nous manifestons à leur égard ? »  (1)

Le documentaire raconte un antisémitisme millénaire avec des intervenants qui parleront au gré des sujets, d’antisémitisme ou d’antijudaïsme sans distinction. Il aurait été préférable de l’intituler « histoire de l’antijudaïsme  », quand l’antisémitisme n’existait pas encore. (2) 

Aucun n’évoquera les pêchers d’un judaïsme tout autant critiquable que l’islam ou le christianisme.

Si elle rappelle les tristes épisodes incontestables de la vie d’un peuple resté à part, ceux qui chercheront à comprendre pourquoi n’en seront pas instruits. On reprochera donc à cette série de ne pas aborder les causes qui, sans être des excuses, ont provoqué et entretenu les douves communautaires du judaïsme. Parfois des historiens engagés deviennent les serviteurs d'une cause en négligeant des pans de son histoire.

Sans l’histoire des causes, celle des effets seuls lèse l’enseignement. 

Cette « histoire de l’antisémitisme » ne dit rien de l’anti-nonsémitisme judaïque, c’est-à-dire le refus des juifs à se rapprocher de tous les non-juifs avec des rabbins gardiens intransigeants de leurs communautés enracinées dans les Talmud (3). Au fil des siècles ils entretiendront cette distanciation, comme Maïmonide le plus célèbre d’entre – eux qui édictait que « … pour entrer en contact avec les idolâtres (non-juifs) il n’y a que deux moyens, la guerre ou l’admonestation et l’éducation ». Il perpétrait l’anti-nonsémitisme ancien de cette menace gravée en hébreux, grec et latin à Jérusalem sur la façade du temple d'Hérode aux portes d'or de Nikanor ; " tout non-juif qui franchirait ces portes serait tué sans jugement ".

Les exécutions étaient variées « …lapidation, bûcher, épée et strangulation »

 Lapidation de Saint-Etienne par les juifs à Jérusalem

Les rabbins d’alors menaçaient déjà les premiers juifs convertis au christianisme ; « …qu’ils périssent s’ils ne reviennent pas à Ta Torah  ». Des accents exprimés encore au XXe s. par Elie Wiesel avec son aversion pour ceux de ses coreligionnaires renégats (*) " ... des juifs honteux qui existent en grand nombre, qui changent de religion de nom (comme plus tôt les séfarades migrants portugais en Hollande à la fin du XVIe s. qui changeaient de nom pour faciliter leur intégration), qui se cachent ou qui renient leur religion me font pitié, même pas honte pitié. " Avait-il le même sentiment envers Isaac Jacob (devenu Adolphe Crémieux) quand il promulga son décret ségrégationniste au profit des juifs d'Algérie ?

Aujourd'hui, de nombreux juifs contredisent E. Wiesel en voulant absolument que Cervantès ait été un conversos (juif converti), il aurait voulu cacher son ancienne judaïté supposée, Cervantès ne leur ferait pas pitié. 

 

Ignorant les origines du schisme, le documentaire évoquera un Concile de Latran et la responsabilité du Pape "... d'une séparation nette entre chrétiens et juifs dans l'espace publique". Une allusion à ce qui conduira au premier ghetto en Europe à Venise. Les intervenants ont oublié que les Ptolémées avaient déjà assigné un quartier aux juifs d’Alexandrie au Ve s. av JC. Ils ont oublié aussi que pendant la peste noire dont les juifs étaient accusés d'en être responsables, les Papes d'Avignon les protégèrent plus qu'ailleurs. Leurs descendants juifs de Carpentras et alentours en témoignent aujourd'hui encore. 

L’historienne Kattell Berthelot (4) a trouvé une antériorité à cet isolement de la communauté juive ; « … dès le IIe s. av JC les juifs sont le seul groupe humain dans tous le bassin méditerranéen désigné comme misanthrope... hostile aux non-juifs, qui se replie sur lui-même… en opposition avec l'universalisme de la philosophie stoïcienne qui se développe alors. » 

A ce sujet, les historiens dont l’israélienne Sylvie Honigman ont apporté de nouvelles explications à la révolte des Macchabées (IIe s. av JC) avec une origine fiscale et des juifs refoulés parce que tentés par l’hellénisation ; les activités sportives, une ouverture vers les autres peuples et leurs connaissances… Des judéens constitueront un groupe de juifs hellénistes dissidents de langue grecque. 

Ces quelques traits propres au judaïsme ancien qui en a conservé des traces aujourd’hui encore, auraient ajouté à la compréhension de cette histoire.

 

Pendant près de quatre heures de documentaires, Arte n’a pas apporté de réponse à Salomon Ibn Varga. Luther découvrira à la fin de sa vie les nombreux motifs qui révèlent la contribution juive à l’impossible judéo-christianisme, pourtant indissociables de cette « histoire de l’antisémitisme ». Les intervenants souvent de la même obédience que ses promoteurs, ont égrainé les indiscutables persécutions des juifs, avec une orientation que l’on complétera ci-après de quelques commentaires à l’appui de ce reproche.

 

 Concernant la « Limpieza de sangre » ou « pureté du sang » en Espagne.

 

Vélasquez est représenté sur son célèbre tableau « Les Ménines » avec la Limpieza de Sangre (5).

 

Avec un sujet cher au judaïsme, le documentaire audacieux présente les juifs d’Espagne du XVIe s. victimes paradoxalement, d’un précepte qu’ils revendiquent toujours pour eux-mêmes ; le droit du sang.

La « Limpieza de sangre » conséquence de la Reconquista, consistait à prouver une généalogie exempte d'ancêtres juifs, maures ou commerçants pour accéder à certaines responsabilités. Elle est présentée sous l'aspect d'une ségrégation « antisémite .. avec des juifs au sang impur… discriminatoire pour les marranes (juifs faussement convertis) ». Un discours plutôt coutumier de rabbins à l'endroit des non-juifs. 

Cependant, doit-on parler d'antisémitisme envers ces "juifs honteux" qu'Elie Wiesel n'aurait pas défendus, ou d'un argument fallacieux pour alimenter le documentaire ? Il n'évoquera pas non plus les musulmans concernés bien plus nombreux. (6) Une mesure appliquée indifféremment aux juifs et aux non-juifs perd de son antisémitisme.

On se rappellera que les juifs pratiquaient la même exclusion pour le même motif avec un accès au judaïsme conditionné par le sang de la mère juive, les présenter victimes d’une mesure de la même veine était mal choisi. Un aphorisme de la condition par héritage familial, qui servira aux esclavagistes arabes et africains jusqu'à aujourd'hui pour inculquer à certaines communautés qu'elles sont esclaves par leur sang. 

 

Le documentaire qualifie l’Inquisition espagnole d’antisémite.

Cette institution née en France pour lutter contre les hérésies cathares, traquait sans distinction les hérétiques chrétiens cathares puis musulmans et juifs. Il est rapporté que l’Inquisition « … a condamné au bûcher des milliers d’hérétiques » (7).

En Espagne elle s’attachait à démasquer tous les faux convertis marranes (les conversos étaient eux sincères) et morisques. Pendant que les maures bien plus nombreux, choisissaient l’exil au renoncement de leur foi, les juifs suivront les conseils de leur plus célèbre rabbin Maïmonide lui-même converti, de conserver leurs biens et une conversion « de bouche mais pas de cœur », ils seront appelés marranes (porc en espagnol portugais). Ces fausses conversions justifiaient pour l’Inquisition une suspicion particulière envers les juifs qui avaient choisi majoritairement de rester en Espagne.

En écho à cette accusation, le documentaire aurait pu rappeler la même institution chez les juifs des premiers siècles avec les procès de leur Sanhédrin semblables à ceux de l’Inquisition qui condamnaient à la lapidation les premiers martyrs chrétiens ; Saint-Etienne, Jacques… et Jésus à la crucifixion. En 523 le roi juif Yūsuf As̓ar Yath̓ar à Najrân (Yemen) martyrisait « Saint Aréthas et ses compagnons  »

Les siècles suivants montreront avec les conversions massives et l’assimilation réussie des conversos et des morisques, que l’Inquisition anti-judaïque n’était pas antisémite. D'autres y verront la naissance d'un racisme anti-juif contre ces intégrés qui se seraient élevés dans la société chrétienne et contre lesquels, l'historienne Claire Soussen voit un racisme pour justifier une ségrégation "contre ce qu'on ne voit pas". Des juifs convertis dont on devrait mettre en cause la sincérité de leur conversion, ne se distinguant plus des chrétiens, il fallait trouver pour elle, un motif de rejet.

Ailleurs, Dov Stuchinsky professeur à l'Université Bar-Ilan, expliquait lui une origine raciale à la « Limpieza de sangre ». (8) 

 

La Révolution française et les juifs (2/4). 

Cet épisode incomplet hypothèque un antisémitisme avancé dans cette histoire présentée ici différemment. 

Ce passage intéressant raconte l’histoire d’Isaac Berr venu de Nancy demander à l’Assemblée constituante de nouveaux droits pour les juifs. Le documentaire raconte un incident « antisémite » provoqué par son intervention à l’Assemblé « Alors qu’il se présente à la tribune des dizaines de députés désertent les rangs… ». L’historien intervenant Pierre Birnbaum commente ; « … les juifs sont choqués qu’on ne veuille pas d’eux »

L’affaire mérite qu’on s’y arrête.

Pour apprécier le contexte de l’époque on saura qu’Isaac Berr appartenait au « groupe des juifs allemands de Lorraine » dont l'intervenant Pierre Birnbaum ne parlera pas, ni des plaintes reçues à leur propos par Napoléon à Strasbourg. Elles auront pour conséquence le décret de 1808 qui imposera les règles de la République aux juifs pourtant déjà devenus citoyens. Il est aujourd’hui encore appelé par des juifs dans les médias ou dans certains livres « décret infâme ».

La lettre d’Isaac Berr « à ses frères en 1791 à l’occasion du droit de Citoyen accordé aux juifs », nous renseigne mieux que le documentaire sur les mauvais penchants de ses frères, leurs efforts à consentir pour s'assimiler, leurs souffrances aussi et l’exploitation peu scrupuleuse de leur condition par des français improbes.

Le même Pierre Birnbaum écrivait dans son livre « L'Aigle et la Synagogue. Napoléon, les Juifs et l'État » à propos de ces obligations aux juifs d’Alsace (ashkénazes), qu’elles sont « …discriminantes… soumettant les Juifs à une autorisation préfectorale spéciale pour pouvoir exercer le commerce et leur enlevant le droit de se faire remplacer en cas d’appel sous les drapeaux. »

Il ne parlera pas non plus des nouvelles réglementations qui seront alors imposées aux juifs d’Alsace comme l’interdiction des «  prêts aux mineurs sans l’autorisation de leur tuteur… ».

En contradiction avec cette « histoire de l’antisémitisme » qui présente des juifs ostracisés, mais finalement heureux de devenir citoyens français, il prétendait dans son livre que l’assimilation voulue par Napoléon a conduit à « l’abdication de la nationalité juive (et) constitue une sorte de suicide, un suicide à l’échelle nationale ». Pierre Birnbaum confirmait ainsi que les juifs entendaient suivre un judaïsme communautaire à l’écart des nations d’accueil.

 

Moïse recevant les tables de la Loi de Napoléon Ier

 

A la lumière de ces éclairages, on peut regretter de ne pas apprendre du documentaire les autres motivations des députés, ni celles de Napoléon qui ont conduit les juifs à l’assimilation.  

A noter qu'avec son §19 le décret, « infâme » pour les juifs ashkénazes, s'exonère de l'accusation d'antisémitisme avec cette précision ; « Les juifs établis à Bordeaux , et dans les départements de la Gironde et des Landes ("portugais" séfarades), n’ayant donné lieu à aucune plainte, et ne se livrant pas à un trafic illicite, ne sont pas compris dans les dispositions du présent décret ».

 

A propos du «  Pape Innocent III qui s'inquiète de la trop grande proximité entre juifs et chrétiens et craint pour le christianisme… »

Sylvie-Anne Goldberg raconte qu'au Xe/XIe s. " …les gens ont du mal à faire la différence entre juifs et chrétiens qui pouvaient être enterrés dans des cimetières juifs, qu'il y a des mariages mixtes, ce qui était un grand danger pour les chrétiens….. " sans nous dire si les mariages étaient conditionnés par la conversion au judaïsme ou si les juifs acceptaient alors les non-juifs dans leur communauté "sans l'obligation de la circoncision". Elle modifiera plus loin sa description du climat idyllique entre juifs et chrétiens. Sous Saint-Louis (XIIIe s.) de « trop grande proximité » il devient « …la possibilité peut-être pas de convivialité entre juifs et chrétiens, mais de voisinage et de cohabitation entre chrétiens et juifs va devenir impossible ».

On regrettera qu’elle n’est pas évoqué ici comme cause probable de l’évolution des relations, l’autodafé des Talmud qui suivit la dispute de Paris … sous Louis IX ‘’dit’’ Saint-Louis » (2/4). Attendu dans cette histoire de l’antisémitisme, il ne sera abordé que « …d’après le compte-rendu du rabbin participant à la dispute de Paris. » Quand le documentaire ne voit dans le Talmud qu’un « … livre qui présente des débats entre rabbins », d’autres y ont trouvé comme Luther notamment, des opprobres anti-chrétiens nombreux. Rachi, un grand rabbin du XIe s. parlait lui des inepties du Talmud. Les auteurs auraient pu citer un autre rabbin (extrémiste), Aviner à Jérusalem qui trouva en 2019 dans « …le feu à Notre-Dame de Paris un châtiment de l’autodafé du XIIIe s. »

"The Times of Israël" 18/04/2019

 

Sous la domination musulmane…

Le statut de dhimmi et donc d'infériorité était imposé en Al Andalus comme ailleurs à tous les non-musulmans. Tous se pliaient à ses contraintes et bénéficiaient de la protection des musulmans. Le documentaire interprète cette condition comme antisémite.

Le roi Théodoric (chrétiens ariens) interdisait les mariages avec les autres chrétiens et les juifs au début du VIe s. à Ravenne. Le documentaire ne dit pas si cette mesure, habituelle chez les juifs, était antisémite ? 

 

Concernant Spinoza...

Maurice Kriegel cite Spinoza « c’est la haine dont sont victimes les juifs qui entretient leur existence ». Il aurait pu parler de celles aux racines anciennes, des juifs envers les chrétiens, entretenues par les Talmud et le Toledot Yeshou répandu chez les juifs, un pamphlet qui humilie Jésus et Marie…

Si la célébrité de Spinoza n'a pas été oubliée, ce sera sans évoquer l’intransigeance des juifs du XVIIe s. qui le banniront pour ses écarts dogmatiques. En 1948 Ben Gourion tentera de lever son herem. Malgré les initiatives qui suivront en Israël, Spinoza reste toujours « exclu de la nation d’Israël » par les gardiens du temple.

 

Arte mentionne une "augmentation de 45% des actes antisémites en un an".

Cette présentation qui alimente une victimisation en progression des juifs en France est régulièrement mise en avant dans la presse. On fera une observation différente du phénomène. Les actes antisémites en France ; 74% de hausse ou 33% de baisse ? Des chiffres qui sont des calculs. - L'apostilleur (over-blog.com)

La victimisation des chrétiens par des juifs radicaux au XXIe s. à Jérusalem ne sera pas évoquée.

La place manque ici pour développer d'autres remarques inspirées par cette série documentaire qui mérite d’être regardée par ceux qui ignoreraient encore les malheurs des juifs à travers les siècles et partout.

Le député Chambrun membre d'honneur du MRAP n'aurait pas donné ce conseil. Alors qu’il déposait une loi contre le racisme et l’antisémitisme en 1969, il regrettait déjà « … une trop grande exposition inutile de la victimisation des juifs. » Connaissait-il cet enseignement du Talmud « …Il faut pardonner, sous peine d’humilier ou de décourager l’autre. » ?

Pour Einstein « ... le peuple juif n'a pas une forme de dignité différente des autres peuples. Au vu de mon expérience, ils ne sont pas meilleurs que les autres groupes humains, même s'ils sont protégés des pires excès par leur manque de pouvoir ».

Aucun n'abordera la destinée tragique du peuple juif comme Marek Halter. Alors qu’il présentait son livre sur une communauté juive qui avait fui les nazis et avait pu s'installer à Shangaï (alors sous domination japonaise) grâce à un japonais, il raconte qu'elle sera bombardée plus tard, accidentellement... par les japonais.

Juste avant il avait cité le Talmud « Les hommes font des projets, Dieu rigole »

 

 

(1) Quelques temps plus tard Luther trouvera sa réponse.

(2) Le documentaire présentera le texte le plus ancien mentionnant «  antisémitismus », postérieur à la Révolution française. 

(3) Anne Saint-Clair qui se revendiquait anti-raciste, écrivait « …qu'elle n'aurait pas pu aimer un non-juif… »  

(4) Katell Berthelot est historienne, spécialisée dans l’étude du judaïsme à l’époque hellénistique et romaine. Chercheuse au CNRS et elle a passé quatre ans au Centre de recherche français à Jérusalem (CNRS | MAE)

(5) Vélasquez arbore la Limpieza de Sangre symbolisée par une croix rouge, qu’aurait rajoutée Philippe IV sur son habit après l’enquête. Même le roi ne pouvait s’affranchir de l’enquête qui validait la « Limpieza de Sangre ».

(6) Cinq siècle plus tard, l’Espagne proposera une réparation aux juifs en ignorant les musulmans.

 (7) Le médiéviste Laurent Albaret a étudié le célèbre Grand inquisiteur Bernard Gui qui officiera pendant une vingtaine d'années et dont il nous a rendu compte de l’activité. « …Sur les dizaines de milliers de déposants, six cent trente-six seront condamnés à diverses peines dont quarante-deux au bûcher… L'inquisition n'a pas le droit de procéder à la mise à mort, c'est le pouvoir civil qui en a la charge…. Un registre stipule que vingt-cinq dépositions sur trente mille en deux ans conduiront à deux condamnations au bûcher… » Michel Onfray expliquera la filiation entre les tribunaux de l'Inquisition avec ses docteurs en théologie et en droit, avec nos tribunaux modernes qui se sont inspirés de leurs procédures rigoureuses.

(8) Il expliquait que la notion de race serait née de la noblesse italienne qui aurait conduit à l'idée de sang bleu et d'une supériorité attenante avec des qualités innées. Partant de là, ignorant l’idéologie qui prévalait dans un contexte de reconquête d’une Espagne qui se revoulait exclusivement chrétienne, il interprète la Limpiéeza de Sangre comme une « …discrimination raciale ». Au passage on soulignera que Dov Stuchinsky oublie de faire le parallèle avec la "race divine" de la Torah, ou la nécessaire descendance par le sang de la mer pour un juif, avec la Michna (Kidouchin et Yevamot) qui exprime précisément un racisme qu’il condamne.

Avec le mariage mixte, l’homme juif qui s’unit à une non-juive engendrera des enfants non-juifs. La femme juive qui s’unit à un non-juif mettra au monde des mamzérim. Shaye J. D. Cohen rappelle que ces dispositions sont « … conformes à la loi rabbinique, depuis le deuxième siècle de notre ère… »

Détournant l’esprit de la « Limpieza de sangre », Dov Stuchinsky défend l’idée que cette mesure n’était pas justifiée pour les marranes ou conversos, oublieux des morisques ces musulmans contraints aussi à la conversion.

Reliquaire du XIIe s. montrant des juifs pendant la crucifixion de Jésus. Musée du Louvre. Département des Objets d'art du Moyen Age, de la Renaissance et des temps modernes

(9) Le sacrifice d'enfants par les israélites est un reproche que leur adresse Dieu lors de la prise de Jérusalem par Nabucodonosor. Une pratique que le grand rabbin Joseph Hertz dit courante chez les peuples sémitiques.

- Jéremie 35. "Ils ont édifié, au Val-de-la-Géhenne, les lieux sacrés de Baal pour y faire passer par le feu leurs fils et leurs filles en l’honneur de Moloch. Cela, je ne l’ai pas ordonné, ce n’est pas venu à mon esprit. Commettre une telle abomination, c’est faire pécher Juda ! "

- Genèse 22. Le sacrifice d'Isaac dévoile un Abraham capable de tuer son fils pour son dieu.

Thomas Römer a présenté au Collège de France une étude des textes de la bible hébraïque qui démontre que les sacrifices d'enfants offerts en holocauste à YHWH étaient répandus jusqu'au VIe Ve s. av JC.

 

La Torah évoque une pratique juive ancienne dans la parasha A’haré Mot (Sacrifier un enfant pour le bien des autres) pour une divinité appelée Molekh. Elle interdit de faire « passer son enfant au Molekh ». Le Séfer Ha’hinoukh décrit le rituel prohibé : les parents de l’enfant l’amenaient au prêtre du Molekh et montraient l’enfant à l’idole, puis ils allumaient un grand feu devant elle. Le prêtre ramenait ensuite l’enfant à son père qui le faisait passer à travers le feu, devant le Molekh... Cette pratique sera confirmée par les célèbres rabbins Rachi et le Rambam qui ont estimé que "..l’enfant passait rapidement dans le feu et n’était pas tué. Cependant, le Ramban pense que l’enfant mourrait brûlé..."

On a déjà vu aussi Des israélites polythéistes à Eléphantine imprégnés de la culture égyptienne. - L'apostilleur (over-blog.com) 

 

Cet article peut être complété par une approche jamais abordée, celle de la responsabilité juive à l'antisémitisme.

 

(1/4) Aux sources juives de l’antisémitisme ( cause et effets - Luther – un poncif ) - L'apostilleur (over-blog.com) "L’antijudaïsme motivé de Luther- L’exception judéo-chrétienne des Eglises paléochrétiennes et celles messianiques d'aujourd'hui - Les juifs Massorti, l’antichristianisme des rabbins - Les effets du Talmud - L’usure …"

 Aux sources juives de l’antisémitisme - Episode 2/4 (textes juifs, usure, lois, ethnocentrisme) (over-blog.com)/ « Les singularités judéo-chrétiennes – Les interdictions juives à un rapprochement avec les autres peuples - L’usure - S’agissant des lois - De la prééminence du peuple juif ...

(3/4) Aux sources juives de l’antisémitisme (le Talmud introverti, l’austérité judaïque, les philosophes, disputations…) - L'apostilleur (over-blog.com) "L’interprétation judaïque de la loi dans les nations d’accueil - La perception des juifs par des esprits éclairés - Les disputations des conflits pas toujours théologiques - Les communautés claustrées - L’âge d’or sans fruits d’Al-Andalus - L’antichristianisme des ultras à Jérusalem et ailleurs"

(4/4) Aux sources juives de l’antisémitisme (Napoléon et les juifs) - L'apostilleur (over-blog.com) L'assimilation des juifs voulue par Napoléon 1er avec son "décret infâme"


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