PSG-OM : les minots grillent Lacombe

par LM
lundi 6 mars 2006

Remontés comme des sardines dans le Vieux Port, les jeunes Marseillais ont su tenir en échec un PSG à côté de son football. Epilogue sans relief d’une semaine très agitée autour d’un sommet qui ne culmine plus, depuis longtemps.

Comme d’habitude, ce prétendu match au sommet a commencé, bien avant dimanche, par une polémique. Cette fois-ci, c’est Pape Diouf, le président du Directoire de la mauvaise foi de l’OM, qui a mis le feu en accusant le PSG d’être incapable d’assurer la sécurité des supporters marseillais. Motif de ce mécontentement ? Sur les 2000 billets promis pour le club olympien, seuls 1000 avaient été mis à disposition du club phocéen. Une « erreur technique » reconnue par les Parisiens, de la bouche de Pierre Blayau, président du fan club de Guy Lacombe.

« On n’a pas les 2000, on boycotte le match ! », entonnent alors les responsables marseillais en milieu de semaine. Manœuvres en coulisses, tergiversations, petites phrases, au bout du compte l’OM décide quand même de venir...sans venir. En fait, de présenter une équipe bis, voire ter, au Parc des princes, une équipe composée de joueurs évoluant en CFA, et d’une poignée de titulaires « ayant besoin de temps de jeu », comme Delfim, André Luiz, ou le très improductif attaquant Gimenez, incapable d’envoyer un ballon dans un but. L’OM qui fausse le sommet des sommets de notre Ligue 1, vous n’y pensez pas ! A la Ligue, on s’étrangle, Thiriez, le président qui coûte 600 millions, tente de demander des comptes, menace à demi-mots, en appelle à la raison et au « sens des responsabilités » pour « respecter l’équité sportive ».


C’est le football qu’on assassine, entend-on ici ou là, lit-on aussi dans les journaux, qui n’en peuvent mais de ces sempiternelles gesticulations très absurdes autour de cette bombinette à scandale que représente chaque année l’affrontement entre les deux ennemis du foot français. Au match aller, perdu par les Parisiens, rappelez-vous, ceux-ci avaient accusé l’OM d’avoir ammoniaqué un tant soit trop les vestiaires ! Pas de preuve, de l’intox côté Cannebière, finalement une défaite des Parisiens ? et puis c’est tout. Le cirque, toujours le cirque pour un affrontement qui, depuis de longues années, n’est plus une confrontation entre prétendants au titre, mais constitue toujours, n’en déplaisent à certains, le choc frontal entre les deux clubs les plus médiatisés du pays. Un PSG-OM, ça ne se manque pas. Alors, donc, après que les uns et les autres eurent tenté de se justifier de tenir d’indéfendables positions, on finit par jouer, ce dimanche après-midi, dans un Parc 100% parisien, bien garni, sauf le virage promis au ciel et blanc, absolument vide, vide pour une fois de chants fervents et d’insultes basses. Très vite, on s’aperçut de deux choses qui devaient se vérifier par la suite : l’OM, et c’est bien normal, était venue pour tenir le plus longtemps possible, défendre à dix, et le PSG, lui, ne semblait pas très concentré, ni solidaire, ni volontaire.

Guy Lacombe, l’entraîneur déjà peu aimé des supporters, vu ses résultats pour le moins médiocres, avait pourtant prévenu ses joueurs de ce match « piège », qu’en face ils auraient « onze lions transcendés par le maillot marseillais ». Il avait raison, c’est exactement ce qui se passait, ce qu’on voyait : onze Marseillais concentrés, assidus et concernés, tournés vers un seul objectif (repousser l’échéance) et en face...en face onze Parisiens suffisants, lents, empêtrés et totalement dépassés par les évènements, sans jambes, sans inspiration, sans percussion, sans agressivité (le nombre ridicule de fautes montre bien le manque d’impact des joueurs de la capitale dans les duels.) Résultat ? En première mi-temps, peu ou pas d’occasion franche côté parisien, aucune côté marseillais, le public qui siffle, déjà, et Lacombe qui a déjà changé ses joueurs, en sortant un Mendy aussi fade qu’à l’accoutumée pour le remplacer par un Paulo César aussi inutile que quand il ne joue pas. En début de second mi-temps, Lacombe, toujours lui, qui sent bien que la sauce tourne à l’aigre, fait rentrer Rothen, dont c’est censé être le retour en grâce, comme on dit. Volontaire, Rothen sur son aile va bien tenter de distribuer un peu le jeu, mais ses centres, imprécis ou mous, ne trouveront jamais preneurs.

Le temps passe, le Parc se crispe, les supporters commencent à se désintéresser du terrain où il ne se passe de toute façon plus grand-chose, hormis une légère altercation venue là pour rappeler les confrontations d’antan, pleines de soufre et d’anti-jeu, de gestes méchants et gratuits et de coups bas, les supporters donc, zappent la pelouse, ne s’épuisent même plus à siffler leurs tristes joueurs, s’en prennent à Canal+, dont ils demandent la démission (ce qui de toute façon est d’ores et déjà acquis, la chaîne cryptée ayant averti qu’elle allait céder le club, dont la mauvaise image commence à fatiguer la télé pas comme les autres), s’en prennent ensuite du bout des lèvres c’est vrai à un Lacombe agacé, qui tente bien encore, du geste, de lancer la machine dans les ultimes minutes, mais rien ne vient, et même Pancrate, sauveur contre Troyes, n’y pourra rien, à la fin, ce sont bien onze Marseillais qui finissent les bras tendus vers le ciel, comme s’ils avaient gagné une coupe, un titre, un truc inespéré... Une partie du public les applaudira même, et c’était bien mérité, parce que eux ont fait leur match, avec leurs moyens, sans faillir, sans douter, sans trahir.

Du foot, dans cette mascarade boursouflée, on n’en a pas beaucoup vu, bien sûr, un niveau technique indigne de la Ligue 1, on a plutôt l’impression d’avoir assisté à un décrassage un peu poussé du PSG qui a oublié qu’il y avait trois points à la clé, trois points qui lui manqueront peut-être cruellement à la fin de la saison. Le président Blayau dira plus tard dans la soirée sa « honte » face au spectacle proposé par ses joueurs. Guy Lacombe, lui, ne dira rien. Dépité, sans doute, dépassé aussi, largué, et qui ne parvient décidément pas à se faire entendre de son groupe, de ses joueurs, pourtant pas mauvais comme Kalou, pourtant internationaux comme Rothen, comme Pauleta, mais qui ne peuvent s’empêcher, week-end après week-end, de faire preuve d’inconstance, d’inconsistance, d’un total manque de professionnalisme. Paris brûle-t-il ? Une nouvelle fois la question se pose, comme à chaque saison. En dépit de recrutements princiers, de moyens importants, d’un stade mythique, et de supporters, quoiqu’on en dise, fidèles, le club de la capitale court après un passé glorieux, une certaine régularité surtout qui le ferait sortir de la colonne faits divers pour le replacer parmi les favoris au titre.

Le PSG demeure une énigme, et Lacombe n’y a toujours rien compris. Il succédait à Laurent Fournier pour « améliorer le jeu », et pour l’instant il a fait bien pire que son prédécesseur. Ni le jeu, ni les résultats ne sont là, en plus de problèmes internes (le cas Dhorasso) qui ne peuvent en aucun cas améliorer la vie du groupe. Et les Marseillais ? Ils reviennent du Parc avec un point qui ne les arrange pas plus que ça, mais avec la satisfaction du devoir accompli, et plus encore. Anigo peut être « fier d’être Marseillais » Diouf peut applaudir, le Vieux Port faire un triomphe à ces minots stars d’un soir... Voilà, rideau sur les PSG/OM version 2005 /2006, rendez-vous la saison prochaine, avec encore quelques galéjades pagnolesques d’un côté, quelques vacheries revanchardes de l’autre, et tout le monde du foot qui s’y intéressera, malgré tout, parce que, décidément, ça ne ressemble à rien d’autre.

Lilian Massoulier


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