Ma vampire

par Jules Seyes
mardi 26 mars 2024

Un concours de nouvelle avait posé la consigne suivante :
Dans un monde où règne l'apocalypse, votre personnage trouve l'amour insoupçonné.
Comment se finira cette histoire ? L'amour brûlera-t-il leur cœur ? ou leurs ailes ?

L'occasion de revennir par la fiction sur les risques pris durant la soi-disant "politique sanitaire"

D’un geste maniaque, je vérifie le bon alignement des couverts et des assiettes, je m’efforce de dresser la table à la perfection. Eléa, ma fille, avec cette merveilleuse insolence des adolescentes m’interroge avec une grimace de mépris :

— As-tu invité ta vampire ? Et me tourne le dos sans attendre la réponse.

— Ça te gêne ? Je réponds à la merveilleuse chevelure brune de mon enfant.

J’essaie de la convaincre, d’obtenir d’elle une sorte de bénédiction. Elle virevolte, après plusieurs pas pour s’éloigner de moi, elle se retourne pour m’enfoncer comme un poignard.

— Elle a mérité son sort, pourquoi l’inviter ?

— Elle ignorait tout du produit, elle a cru, tu pourrais avoir un peu de clémence.

— Bien voyons, toi, tu as su, tu me disais non, de ne pas y aller. Elle aurait aussi pu savoir, mais elle a préféré la facilité. On la voit assez à l’hôpital ! Proteste-t-elle avec sa hargne habituelle.

Maintenir la vampire en vie exige chaque semaine plusieurs transfusions de sang et de plasma. Au moment où ils ont demandé des volontaires, ma fille et moi avons accepté. Nous nous rendons là-bas une fois tous les six jours, mais sur la durée la ponction sur son temps libre déplaît à Eléa. Surtout, elle a une autre raison.

— Si elle était moins jolie, tu ne l’inviterais pas. Me décroche-t-elle comme un couteau lancé à travers le salon.

Elle semble me condamner pour la mort de sa maman. Au moment de la crise, ma relation avec mon ex-femme était déjà mauvaise et j’ai échoué à la convaincre. Elle a pris le produit et compté parmi les premiers à subir le contre-choc. Les vampires sont les rares survivants, assez solides pour résister aux effets secondaires venus un an et demi plus tard après avoir accepté le soi-disant remède.

La plupart n’ont pas survécu, certains ont tenus assez longtemps, mais leur survie exige une transfusion sanguine à intervalle régulier pour renouveler leur plasma et certains globules rouges. Leur existence toujours à la limite dépend de ce don régulier.

Tout le système hospitalier survivant fonctionne à flux tendu, donner implique un effort d’emploi du temps.

— Nous parlons parfois ensemble à l’hôpital, tu pourrais le faire aussi.

— Mais je n’en ai pas envie, mon plasma la soutient, c’est déjà beaucoup. Sans leur naïveté, je pourrais faire les études de mon choix, pas ce fatras de technique pour remplacer les techniciens manquants.

Je m’approche pour enlacer ma fille, mais elle se refuse à ma tendresse. Au-delà de l’invitation, elle me reproche cette vie de sacrifices nécessaires pour tenter de sauver la civilisation. Trop de spécialistes et techniciens sont morts, alors il a fallu improviser pour maintenir l’existant. Ma chère Eléa avec ses compétences innées en maths a été désignée pour suivre une formation d’ingénierie. En général, elle aime ce cursus avec lequel elle a des affinités, mais elle proteste contre ce choix de vie imposé.

— Elle a été naïve, mais elle aussi l’a payé, tu pourrais être gentille non ?

— Pourquoi, me renvoie-t-elle comme une balle de tennis relancée au filet, ils trouvaient que nous devions faire des sacrifices pour la société. Ils ont tous fait pour nous contraindre. Rappelle-toi ton moral à l’époque dans les moments où tu me gardais à la maison et où maman t’insultait au téléphone.

Je baisse le regard, face à cette pression sociale difficile Eléa m’a soutenue. Elle a en a conservé une rage contre les preneurs. Aujourd’hui, celle-ci ressort et pose problème.

— Maintenant, ils viennent pleurer pour avoir notre aide, pourtant, ils l’ont eu leur société de la contrainte ! Nous vivons tous pour les soutenir avec les dons de sang. Nous devons étudier selon les besoins pour maintenir l’infrastructure. Toi, tu dois maintenir les maisons à côté de ton travail. Tu n’as plus le temps pour moi, mais tu en as pour elle !

Sur cet éclat de voix, elle sort de la pièce et laisse claquer la porte.


 

***


 

Avant l’arrivée de ma vampire, j’ai juste le temps d’inspecter les maisons. Celle des preneurs, ceux auxquels la chance a manqué. Nous les avons retrouvés morts dans leurs domiciles. Il a fallu les enterrer à toute allure, transfuser en urgence les rares à avoir survécus.

Depuis, ces maisons, sont un actif précieux, nous les maintenons en état pour la prochaine génération. Il importe de les chauffer, d’assurer un minimum de réparation. Dans certaines, nous récupérons les matériaux pour préserver le reste. Nos descendants auront des enfants et seront, espérons-le, de nouveau suffisamment nombreux pour relancer la société.

Tous les soirs, je parcours les différents logements, pour vérifier le chauffage, couper les plantes et évaluer les réparations à organiser. Avec Eléa nous viendrons en fin de semaine pour tout remettre en état. Si nous nous débrouillons bien, nous limiterons l’effort à une demi-journée et une fois ses devoirs finit, elle aura un peu de temps avec ses amies.

À son âge, les garçons ne l’intéressent pas encore. Officiellement ! Parfois, je devine des complicités, des regards moins hostiles que son discours public. Peut-être, une fois en couple voudra-t-elle reprendre l’une des maisons. J’ai déjà en tête un lot de deux adresses. Si nous ouvrons des brèches dans le mur mitoyen, il sera possible de fusionner les logements.

Plus grands, Eléa et son compagnon pourront avoir de nombreux enfants et ceux-ci disposeront chacun d’une chambre et de salle de jeu. Pour un siècle, la mort des preneurs a résolu le problème du prix de l’immobilier de la façon la plus radicale possible.

Si, nous savons maintenir les infrastructures : Routes, logements, trains… tout demande des efforts démesurés simplement juste pour préserver l’existant.


 

***

 

Mon inspection a pris un peu trop longtemps et je découvre ma vampire sur le trottoir devant la maison. Arrivée un peu en avance, elle a sonné et trouvé porte close. Eléa, mécontente a négligé d’ouvrir. Je tente une mauvaise excuse.

— Ma fille termine ses devoirs, elle écoutait sûrement de la musique et n’a pas entendue la sonnette.

— Sûrement, répond Christiane, bien décidée à ignorer l’impolitesse.

Elle connaît l’attitude d’Eléa pour l’avoir souvent croisée à l’hôpital et a décidée de l’ignorer. J’ouvre la porte et dans un froissement de sa robe en coton imprimée, la svelte silhouette blonde de mon invitée pénètre dans la maison.

D’un geste je lui indique le meuble à chaussure, des chaussons récupérés chez une preneuse qui désormais s’en passe très bien. Je les ai dépoussiérés la veille. Nous gagnons le salon où nous attend l’apéritif. D’un regard je note l’absence du troisième couvert rangé avec soin. Je crie dans la direction de la chambre de ma fille.

— Eléa ?

— Je me suis préparée des sandwichs papa. J’ai du retard dans mes devoirs, profite bien de ta soirée !

Je prends le temps de composer mon visage avant de me retourner avec cette quasi-bénédiction de ma fille pour la présence de l’intruse. Elle comprend et s’installe sur le canapé en ma compagnie.


 

***

 

— Dépêche-toi, nous allons être en retard, me houspille Éléa, prête depuis plusieurs minutes.

D’habitude, je l’attends, mais aujourd’hui elle a rendez-vous et tiens à revenir au plus vite. Je termine d’activer le robot aspirateur. Je le fais tourner entre les maisons pour nettoyer un minimum et éviter de laisser la poussière s’accumuler dans ces grands logements vides.

— J’arrive dans une minute, je crie !

Je déboule de l’escalier dans le jardin où malgré mes efforts de tonte, la nature reprend ses droits. Ma fille, déjà au volant, klaxonne pour m’encourager.

— La vampire attend son sang papa !

Ma fille toujours aussi peu aimable, enrage de ce rendez-vous. Elle en comprend la nécessité, mais cela consomme son peu de temps libre où être avec son copain.

Je monte dans la voiture, ferme la ceinture et Éléa démarre sur les chapeaux de roue.

— Ralentis, tu peux heurter une voiture, j’essaie de la modérer.

— Plus personne n’utilise les routes papa, il y a eu trop de morts.

— Le danger naît de la différence de vitesse, plus tu roules vite, plus tu risques de heurter violemment une personne en face. Il y a peu de voitures, mais justement, le risque a augmenté.

La voiture ralentie, un peu. L’ancienne signalétique a perdu toute importance, les limitations de vitesse, les stops, les feux, sont inutiles. Plus de radars, de police de la route, désormais on conduit à l’instinct dans l’immensité d’un réseau routier construit pour une population bien plus vaste. Avec un carnet je note les nids de poules, les trous à réparer pour les signaler aux équipes d’entretien. Nous manquons d’inspecteurs, donc les survivants doivent assurer eux-mêmes ce travail.

À l’hôpital, l’infirmière nous indique la salle de prélèvement, je la sens un peu gênée, puis elle ose m’aborder.

— Si vous aviez un peu de temps pour lui parler. Elle va mal !

— Qui ça ? Je demande interloqué, avant de réaliser, elle ne peut mentionner qu’une seule personne et je m’efforce de confirmer : Madame Christine ?

— Oui, elle est au second étage depuis deux semaines.

Soit depuis peu après l’invitation chez nous. La nuit s’est assez mal passée, je l’ai laissée partir le matin sans oser dire un mot.

— Elle n’a plus le moral, elle est en train de glisser, nous souffle la soignante dans le couloir avant de nous laisser entrer.

La pauvre Christine gît dans le lit, la peau blême comme les draps, l’océan de ses cheveux blonds pales répandu sur l’oreiller forme l’une des seules taches de couleurs entre la couverture grise et les murs de ce blanc crème des hôpitaux.

Elle attend la délivrance de la mort, j’hésite devant cette misère, les conséquences du moindre pas en avant. Une main sur mon épaule, ma fille me pousse un peu avec un murmure.

— Elle a besoin de toi et tu ne te pardonneras jamais de l’avoir laissée ici.

Je me retourne à peine, pose juste une main sur celle de ma fille, puis mon pas lourd ébranle le sol. Un pas, un autre, je tire une chaise, m’assoit à côté de son lit, saisit ses doigts dans les miens et attends son réveil.


 

***

 

Durand des heures, je reste là, en compagnie de cette morte encore un peu vivante. L’infirmière a suspendu la poche de sang donnée plus tôt à un cathéter. Le fluide vital coule dans ses veines sans le moindre effet. Son besoin n’est ni les produits sanguins, ni les médicaments et la magie des médecins cesse d’agir sur elle.

Elle a besoin d’espoir, de sécurité, de se lever le matin à côté d’un corps chaud pour oublier ce mari trouvé mort un matin, raide contre elle, son immeuble vide. Elle a besoin de sourires, de babillages, de compagnie. Je repense une fois de plus à notre discussion ce matin ou pas fier de moi, je l’ai laissée repartir sans un mot.

— Je l’ai trouvé mort et depuis je suis seule. Prête à tout, elle m’avait supplié. Je ne veux plus me réveiller isolée le matin dans ce grand lit froid. Je refuse de penser aux absents et de vivre cette vie sans amour, sans confiance.

Mal à l’aise, j’étais resté silencieux sans oser ajouter le moindre mot, incapable de l’aider à affronter ce dilemme moral. Pour finir, elle m’avait agressé.

— Bien sûr, pour toi c’est sans importance. Pour vous, l’important est la vérité, avoir raison, dénicher le bon élément, les fait justes. Peu vous importe les autres finalement, vous êtes des égoïstes !

À ce moment, focalisé sur cette différence entre nos univers mentaux, j’avais été incapable de me lever et de lui offrir le geste de consolation, de solidarité dont elle avait besoin. Je l’avais laissé se rhabiller, claquer la porte de la maison, celle de la voiture et repartir dans ce vaste monde dépeuplé retrouver sa solitude.


 

***

 

Je reste là tout l’après-midi, mille choses m’attendent à la maison et avec Éléa nous échangeons des textos.

"Elle ne s’est pas réveillée, je vais rentrer."

"Reste ou tu es, me réponds ma fille toujours aussi impérative, si elle se réveille en ton absence tu ne te pardonneras pas de l’avoir laissé glisser."

"Il y a mille choses à faire, j’ai une liste de réparations longue comme le bras."

"J’ai ta liste, avec Yoann, nous effectuons le tour du quartier pour nous en charger. Elle a besoin de toi !"

J’abandonne, Eléa, s’installera bientôt et à sa manière elle me fait ses adieux.

Désœuvré, la main froide de la vampire au creux de ma paume, je reste là. L’infirmière m’allume la télévision. Il y a peu de nouvelles émissions, les films coûtent cher et consomment des ressources dont nous ne disposons plus. Nous possédons tout l’héritage de l’ancienne civilisation et il nous suffira pour les années à venir.

Pourtant, sur l’écran un programme nouveau s’affiche, un documentaire sur l’avancement des programmes robotiques. Je découvre ces machines construites à minima et une longue liste de défis à relever pour les rendre viables et enfin assumer les multiples tâches qui dévorent notre temps.

Bref, rien ne marche, mais nous avons besoin de machines pour suppléer au manque d’humain, alors, notre peu de ressources disponibles sert à multiplier les tentatives. Les informations annoncent les procès contre les individus dont les décisions nous ont menés là. Une longue litanie, de : "Je ne savais pas, je ne pensais pas, j’ai suivi les instructions."

Leur culpabilité est acquise, le procureur le leur rappelle sans pitié :

— Peu importe les mécanismes de déresponsabilisation, vous avez choisi de suivre la meute et renoncé à exercer votre esprit critique. Par vos manquements, votre lâcheté morale vous avez infligés des dommages considérables. La société devra assumer collectivement les conséquences de vos fautes, mais si c’est malheureusement la nature des erreurs collectives il revient à ceux qui y ont le plus contribué de payer aussi une plus grande part de la facture.

« Rien ne saurait vous exonérer de votre responsabilité. Personne ne vous a demandé de vous porter volontaire pour cette tâche. Ministres, directeurs d’administrations, journalistes, commentateurs, vous avez tous accepté de violer l’éthique pour imposer des décisions dont vous auriez connu le caractère intrinsèquement nuisible si vous aviez seulement voulu écouter un instant.

« Vous avez préféré l’ignorer et entretenir l’hystérie. Certains d’entre vous, sont des preneurs et la mort les empêche de répondre de leurs actes. Ils ont au moins pour eux, la preuve de leur naivetée. Mais vous, vous avez refusé de prendre et vous vous êtes mis à l’abri.

La covid, l’environnement, la guerre en Ukraine, la pandémie X, l’Y, les avertissements étaient là et la confiance rompue. Le procureur à beau jeu d’agonir les coupables de reproches, mais leur culpabilité est acquise et l’enjeu des procès est différent. Comment devons-nous traiter ces criminels ?

Beaucoup, arguent du manque d’hommes, de la nécessité de les préserver pour reconstruire et plaident pour des travaux forcés. D’autres, comme Élèa appuient une peine exemplaire, une agonie longue et douloureuse afin de laisser une démonstration pédagogique aux générations futures.

Moi aussi je soutenais cette option, nous sommes désormais tous condamnés aux travaux forcés et la peine revient à leur faire partager le sort commun. Seulement, maintenant, il y a Christine. Elle n’a jamais rien dit, elle s’est contentée de suivre les instructions, de croire et d’accorder à chaque fois sa confiance. Ce merveilleux abandon où elle excelle, pour laisser plus sage, plus malin, plus convaincu décider de son existence et finalement ne jamais assumer sa responsabilité morale.


 

***

 

Je reste toute l’après-midi, à m’abrutir de cette télévision toujours aussi idiote. Le refuge idéal si l’on a rien à accomplir de précis et d’utile. Finalement, assommé par ce jacassement, je m’endors l’épaule collée contre le mur.

— Bonjour dormeur, me salue Christine.

— Jour’, je réponds au moment où perdu dans les vapeurs du sommeil je m’efforce de reprendre conscience de ma situation.

Je retrouve l’hôpital, cette chambre sans couleur et Christine assise dans son lit me tiens la main. Cornichon, j’avais prévu de l’accueillir au réveil, de m’excuser de mon comportement indigne et de l’aider à reprendre goût à la vie. Mon assoupissement a gâché mon effet et elle est sortie seule du sommeil.

— Désolé, je m’excuse maladroitement, je me suis endormi.

— Tu as fait une belle sieste, confirme-t-elle.

Seulement, j’étais là, près d’elle et pour elle rien n’est plus important. L’infirmiére entre et d’autorité installe un vaste plateau avec deux assiettes.

— Il est trop tard pour rentrer, je vais pousser un lit dans la chambre, m’annonce-t-elle.

Je me précipite pour l’aider, elle libère les freins. Puis j’oriente le chariot vers la porte.

— Soyez gentil avec elle, moralement elle reste fragile, recommande la soignante pleine de compassion.

J’incline la tête, bien conscient de la situation, malgré le regard brillant de ma vampire au moment de mon réveil, elle continue de nourrir des craintes. Je suis venu, mais comment vais-je réagir, puis-je accorder ma confiance à une preneuse ?

Je pousse le lit dans la chambre et mon empressement constitue une fuite pour éviter de m’engager.

Nous mangeons, sans trop parler, le babillage de la télévision nous permet d’éviter la difficile conversation. Je suis venu, mais Christine sait combien la vie et nos caractères nous séparent.

— Vas-tu repartir ? Demande-t-elle.

— Je rentrerais chez-moi demain bien sûr. Je dois parler avec ma fille.

J’hésite à m’engager, Élèa a changé de pied, mais je dois parler avec elle avant de m’engager. Je nuance mon propos avec une promesse sans consistance.

— Je viendrais te rendre visite, si tu es d’accord bien sûr. Maintenant, je sais où se trouve ta chambre !

***

 

— Nous voudrions un enfant, explique Christine toute guillerette au docteur, elle baisse la voix, seulement je suis une preneuse.

— Soyez rassurée, nous avons fait de gros progrès, lance l’homme d’Esculape fier de son savoir. Il jette un regard torve vers moi et à sa peau blanche, je devine un vampire. Nous devrions y parvenir.

— Je vous remercie, je lui lance pour plaire à Christine rayonnante.

Elle a failli mourir dans cet hôpital, elle y souffrira beaucoup pour avoir cet enfant, mais elle y tient comme à une promesse de retour à la normale. À sa sortie, je l’ai installé dans une des maisons voisines de la mienne. Nous venions de travailler comme des fous pour installer Élèa et Yoann. Ils terminent leurs études, mais ma fille est déjà enceinte. Nous avons réuni les jardins et le petit pourra courir à travers le gazon pour me rendre visite chez moi.

Christine installée en voisine nous avons commencé à nous rendre visite, puis à rester chez l’autre pour finir la soirée. Maintenant, nous avons renoncé à ces simagrées et nous vivons ensemble. Seulement depuis la grossesse d’Élèa, ma compagne se rêve maman à son tour.

J’ai eu la faiblesse de céder et le médecin est désormais chargé de concrétiser le réve. Comme si elle n’avait pas besoin de sang le docteur explique :

— Vous aurez un traitement hormonal, puis une stimulation, ensuite, tout devrait aller.

Il évite mon regard, bien conscient de ma méfiance envers ses bonniments. Tout devrait aller, mais je continue à accumuler les conserves… au cas où !

 


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